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Al-Qaïda contre les Houthistes: le risque d'une guerre civile au Yémen

Si tous les regards sont actuellement braqués sur l’Irak et la Syrie, où le groupe Etat islamique sévit, un autre pays situé au sud de la péninsule arabique vit une situation de chaos presque similaire. Ce pays, l’un des plus pauvres de la planète, c’est le Yémen. Profitant d'un Etat failli, de violents combats opposent les rebelles houthistes aux jihadistes d’al-Qaïda.



C'est une véritable flambée de violences : affrontements directs, attentats à la bombe... chaque jour, des dizaines de personnes sont tuées au Yémen. Ce lundi 20 octobre encore, au moins 15 personnes, dont des enfants, ont péri dans l'attaque suicide d'une voiture piégée visant un barrage tenu par des rebelles chiites à Radha, dans la province de Baïda. Ces rebelles chiites, ce sont les Houthistes. Ils sont aux prises avec des jihadistes d’al-Qaïda. Les deux groupes luttent pour le contrôle de territoires. Chacun veut étendre son hégémonie.

Cette guerre a cours dans un pays où l’autorité centrale n’existe plus. Le Yémen est comme un avion sans pilote. Depuis plusieurs années déjà, le pays était très instable. Le « printemps arabe » n’a pas facilité les choses. Et durant les derniers mois, finalement, les institutions de l’Etat se sont effondrées. Profitant de cette situation, les rebelles houthistes, qui vivent au nord du Yémen et représentent un tiers de la population, ont commencé à marcher vers la capitale, Sanaa, il y a quelques semaines. Et le 21 septembre dernier, à la surprise générale, ils s'en sont emparés.

Le risque d'un embrasement confessionnel

C'est pour mettre un terme à la corruption des autorités yéménites, disent-ils, que les Houthistes ont décidé d’agir, c'est-à-dire prendre le pouvoir. Mais compte tenu de la facilité avec laquelle ils ont pu s’emparer de Sanaa, les Houthistes ont fini par se lancer à la conquête du reste du pays. A l’ouest, ils ont pris le port stratégique de Hodeida, situé sur la mer Rouge. Ils ont également avancé en direction du sud, vers Aden et les régions pétrolières. Leurs milices se sont aussi déployées dans le centre du pays. Et pas une seule fois, les combattants houthistes se sont heurtés à la moindre résistance de la part des forces gouvernementales.

Le pouvoir central yéménite est faible et plusieurs territoires au Yémen échappent totalement au contrôle des autorités. En revanche, certaines régions du pays sont le domaine d’Aqpa, al-Qaïda dans la péninsule arabique. Durant plusieurs années, ce groupe a consolidé ses bases arrière dans les régions du sud et du sud-est, notamment grâce à un recrutement qui se fait au sein de la population sunnite, majoritaire. Al-Qaïda jure désormais de livrer une guerre sans merci aux rebelles chiites. Le conflit pour la suprématie entre jihadistes et rebelles houthistes se transforme ainsi en lutte confessionnelle. Le risque d’embrasement est général et pourrait bel et bien déboucher sur une guerre civile entre les populations sunnites et chiites.

Pourquoi Riyad n'intervient plus contre les Houthistes ?

Ce combat revêt également une importance régionale, puisque la progression des Houthistes au Yémen conforte l’Iran, avec lequel les rebelles entretiendraient des liens (qui restent toutefois, s'ils existent, très opaques). En contrepartie, cette progression aurait tendance à inquiéter fortement le rival sunnite de la République islamique, à savoir l'Arabie saoudite. Par le passé, jamais Riyad n’aurait toléré qu’un pays sunnite - qui plus est frontalier - ne passe sous le contrôle des chiites. Il y a quelques années, les Saoudiens n’avaient d’ailleurs pas hésité à intervenir militairement au Yémen. En 2009, les positions houthistes avaient ainsi été bombardées.

Mais désormais, la situation semble différente. Selon certains experts, si Riyad n’est toujours pas passé à l’action, c’est que les autorités saoudiennes et leur allié américain y trouvent un intérêt. Au moment où un combat contre le jihad est engagé en Syrie et en Irak, voilà que les rebelles houthistes luttent activement contre al-Qaïda au Yémen. De quoi arranger du monde dans la région, et peut-être finalement de quoi faire oublier à Washington le slogan préféré des Houthistes : « mort à l’Amérique ».


Rfi.fr

Mardi 21 Octobre 2014 - 09:05


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