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Arabie-Iran: la France veut calmer les ardeurs, Hariri «libre de ses mouvements»

Le président français Emmanuel Macron, qui était en tournée dans le Golfe ces derniers jours, a effectué une visite surprise à Riyad. La France tente de calmer les tensions qui montent au Levant, entre les deux principales puissances régionales, l'Arabie saoudite et l'Iran, et pour lesquelles le Liban, comme souvent, fait office de champ de bataille par procuration. Ce matin, Paris fait savoir que le Premier ministre Saad Hariri, dont le tout-Liban se demande ce qu'il est devenu, est « libre de ses mouvements »... en Arabie saoudite.



De retour d'Abou Dhabi et de Dubaï, Emmanuel Macron est passé par l'Arabie saoudite pour s'entretenir pendant deux heures avec le prince héritier Mohamed Ben Salman. Le président de la République veut jouer les médiateurs dans la crise durable et qui s'aggrave ces derniers jours entre Riyad et Téhéran. L'Arabie saoudite accuse l'Iran de « déclaration de guerre » après le tir samedi, d'un missile en provenance du Yémen, missile fourni, selon Riyad, par le mouvement pro-iranien du Hezbollah, ce que Téhéran dément.
 
« Il est important de préserver la stabilité dans la région, de lutter contre le terrorisme et surtout de travailler à la paix », a rappelé l'Elysée dans un communiqué à l'issue de la rencontre, tard hier soir.
 
Juste avant de partir pour l'Arabie saoudite, le président français avait exprimé son désaccord avec les « positions très dures » tenues par Riyad sur l'Iran, qui « ne sont pas conforment à ce que je pense ».
 
En même temps, il a réfuté toute « naïveté à l'égard de l'Iran » et a jugé « indispensable d'encadrer l'hégémonie iranienne » dans la région. Il condamné les tirs balistiques et suggéré des sanctions, même si la France souhaite préserver l'accord nucléaire iranien de 2015. Emmanuel Macron joue donc l'apaisement en essayant de ménager chacun et de « parler avec tout le monde ».
 
Sur Europe 1 ce vendredi matin, Jean-Yves Le Drian est revenu sur la crise au Yémen, corollaire de l'escalade entre l'Arabie saoudite et l'Iran, craignant la « tentation hégémonique » de ce dernier pays, qui, « directement ou indirectement, par des milices ou par des groupes, puisse avoir sur l'ensemble de la région une position très dominante ». « Cette question-là nous préoccupe beaucoup » et il faut que « l'Iran limite ses velléités et reste respectueux de l'intégrité des pays de la zone », a insisté le ministre. Jean-Yves Le Drian a par ailleurs annoncé qu'il se rendrait peut-être à Téhéran sous peu.
 
L'affaire Hariri inquiète la France
 
Et lors de cette rencontre, il a été bien entendu question du Liban. « La France reste attachée à la stabilité, la sécurité, la souveraineté et l'intégrité du Liban », peut-on lire dans le communiqué de l'Elysée.
 
Mais aussi de Saad Hariri, le Premier ministre libanais qui a démissionné samedi de Riyad, et dont Beyrouth est sans nouvelle depuis plusieurs jours. Dans la capitale libanaise, les rumeurs vont bon train. On ne sait pas si Emmanuel Macron a tenté de le rencontrer, mais des diplomates français, européen et américain l'ont fait. A Beyrouth, beaucoup estiment qu'il est retenu contre son gré et que l'Arabie saoudite l'a poussé à démissionner, parce qu'il n'aurait pas été assez ferme avec le Hezbollah, le puissant parti chiite, proche de l'Iran, et qui fait partie du gouvernement libanais.
 
Toujours ce vendredi matin sur Europe 1, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a indiqué  : « Il s'est rendu à Abou Dhabi la veille du passage du président Macron, donc on pense qu'il est libre de ses mouvements » en Arabie saoudite, « et il importe que lui-même fasse ses choix », ce qui n’apporte pas beaucoup d’informations.
 
De son côté, la population libanaise, en habituée des guerres par procuration, craint que le Liban ne serve de terrain d'affrontement entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Le président Michel Aoun a appelé à l'apaisement et multiplie les concertations.
 
« La situation libanaise est le sujet le plus préoccupant du moment. Le Liban s'orientait vers une solution nouvelle, avec une nouvelle constitution, des élections à venir. Le départ du Premier ministre Hariri remet une période d'incertitude », a regretté le chef de la diplomatie française.

Rfi.fr

Vendredi 10 Novembre 2017 - 12:44