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Burundi: une reprise du dialogue encore sous conditions

Après l'assassinat de l'opposant Zedi Feruzi samedi soir, le mouvement contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza a immédiatement suspendu le début de dialogue entamé avec le gouvernement et a appelé à reprendre les manifestations dès ce lundi avec « vigueur ». Si l’ONU assure cependant que le dialogue progresse, la question du troisième mandat reste pour l’instant insoluble.



Les négociateurs des partis burundais d’opposition ne se sont même pas donné la peine de se présenter à la séance qui était prévue au siège de la mission électorale des Nations unies au Burundi (Minub), dimanche 24 mai, qui abrite ces discussions depuis trois semaines.

En revanche, les représentants du collectif de la société civile contre le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza étaient bien présents. Mais ils ont finalement claqué la porte de ce dialogue en début de soirée, ce qui a limité l'impacte de l’appel lancé par les Eglises catholiques et protestantes du Burundi à prolonger d’un jour la trêve décrétée par la société civile et l’opposition burundaise durant le weekend.

Une exigence de justice

Les membres de la société civile conditionnent leur retour dans les discussions à la prise en compte de la dangerosité de la situation. « Nous demandons d’abord qu’il y ait des enquêtes crédibles qui aboutissent à connaître le mobile, les commanditaires et les exécutants de[l’assassinat de Zedi Feruzi ]. Comme ça, les autres [personnalités] pourront être sécurisés,explique Gabriel Rufyiri, un membre de la société civile. Parce qu’aujourd’hui nous sommes tous dans l’insécurité  totale. »

 

Un point de vue partagé par l'ancien président Domitien Ndayiziye. Cet assassinat « est une preuve supplémentaire qui montre à la Communauté internationale que la sécurité reste une chimère dans le Burundi d’aujourd’hui ! Maintenant, la suite c’est de savoir à qui profite ce crime. A qui profite ce crime, et c’est : qui est en possession aujourd’hui des armes au Burundi ? L’opposition aujourd’hui n’a pas d’armes. Les contestataires n’ont pas d’armes ». Et l'ancien président d'assurer que, malgré le climat de peur qui s'est installé au Burundi, il va bientôt rentrer dans son pays.

Pour Chauvineau Mugwengezo, président d'honneur de l'UPD, parti de Zedi Feruzi, « cet assassinat, plutôt que de nous démoraliser, c’est un assassinat qui vient plutôt nous renforcer. A travers cet assassinat tous les Burundais dans leur ensemble, ont compris que finalement il n’y a pas d’autre choix que de continuer à manifester. Sinon nous risquons d’assister de façon impuissante à une mort collective ».

« Nous en appelons à toutes les parties de faire preuve de retenue »

Mais la question centrale et épineuse reste bien celle du troisième mandat. « La société civile demande que le président actuel renonce d’une façon officielle à son troisième mandat. Nous demandons à ce que le droit à manifester, le droit à l’information, tous les droits dont les citoyens doivent bénéficier soient respectés », insiste Gabriel Rufyiri.

Les divers acteurs des discussions ne s’en cachent pas. Après trois semaines d’âpres discussions, aucune avancée n’a été obtenue sur cette question. Chacun jusqu’ici campe sur ses positions.

«Le dialogue vient d’être interrompu . Les partis ont demandé à réfléchir, c’est leur droit. Mais c’est par la reprise du dialogue qu’on pourra aller vers la recherche de solutions aux problèmes qui sont sur la table, assure Saïd Djinnit le principal médiateur de l’ONU. Nous en appelons à toutes les parties à faire preuve de retenue. »

Néanmoins, l’émissaire de l’ONU se veut confiant : « Nous avons avancé sur beaucoup de questions qui sont de nature à créer un esprit favorable pour la poursuite du dialogue. » Le problème des mandats d’arrêt lancés contre les leaders de la contestation, le droit de manifester ou la réouverture des radios privées seraient donc sur le point d’être résolus. Quant aux médiateurs, ils sont aujourd’hui d’accord pour laisser la question épineuse du troisième mandat à la discrétion des chefs d’Etat de la région qui pourraient se retrouver en milieu de semaine.


Rfi.fr

Lundi 25 Mai 2015 - 11:07


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