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De l'eau coule encore sur Mars

Une sonde de la Nasa a découvert une preuve indirecte que de l'eau salée s'écoule sur les flancs des reliefs de la planète rouge.



Photo AFP
Photo AFP
Mars n'est plus le monde mort et désertique que l'on pensait connaître depuis son survol par Mariner 4 en 1965, a claironné lundi soir la Nasa lors d'une grande conférence de presse. Des analyses réalisées par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), de l'agence spatiale américaine, viennent d'apporter la première preuve indirecte que de l'eau, sous forme liquide, coule encore régulièrement à la surface de la planète rouge. Des écoulements sur des flancs de cratères rendus possibles par une forte concentration en sels, qui permettent d'abaisser la température de fusion de l'eau.

 
Des traces d'écoulements sur des pentes martiennes avaient déjà été découvertes en 1997, mais on s'est depuis aperçu qu'ils étaient provoqués par de la glace carbonique et non pas par un quelconque liquide. Les écoulements aujourd'hui étudiés sont très différents: ils sont plus petits, ne creusent pas les pentes sur lesquelles ils descendent, et surtout, ils apparaissent en été et disparaissent en hiver, preuve que le phénomène est non seulement actif en ce moment même, mais aussi sensible aux variations de température. Ce qui fait penser à l'action d'un liquide, plutôt qu'à n'importe quel autre processus, que ce soit le vent ou de simples glissements de terrain superficiels.
 

Depuis la découverte de ces écoulements saisonniers en 2011 par l'équipe d'Alfred McEwen à l'université de Tucson (Arizona), sur des images à très haute résolution de MRO, la plupart des spécialistes pensaient bien que le liquide en question devait être de l'eau, mais sans en avoir aucune preuve. Et notamment, le spectromètre de MRO ne détecte pas la signature spectrale de l'eau dans ces régions. «Le problème est que ces coulées sombres qui apparaissent en été sur les pentes chaudes des cratères font au maximum 5 mètres de large, or le spectromètre CRISM avec lequel nous travaillons n'a qu'une résolution de 18 m de large, explique Marion Massé, post-doctorante au Laboratoire de planétologie et géodynamique de Nantes, et l'une des auteur de l'étude publiée lundi après-midi dans la revue Nature Geoscience. Il est donc théoriquement très difficile de dire si ce qu'on observe est bien réel ou dû à un artefact. Mon collègue Lujendra Ohja a résolu cette difficulté en observant le même point à des moments différents, ce qui permet de détecter les variations saisonnières».

 
Comme dans un déshumidificateur
«C'est de cette manière qu'en plein été martien, pendant la période d'activité des écoulements, on détecte des sels hydratés, des perchlorates, qui disparaissent ensuite en hiver», précise Marion Massé. Une preuve indirecte que de l'eau très salée, de la saumure, s'écoule à ces endroits. «C'est une observation très intéressante, car la présence de sels explique comment de l'eau peut être liquide sur Mars, où la pression atmosphérique est beaucoup trop faible», commente Nicolas Mangold, spécialiste de la géologie martienne au Laboratoire de planétologie et géodynamique de Nantes. D'autre part, la détection de perchlorates est loin d'être absurde, car ces sels ont déjà été détectés directement dans le sol de Mars, par le rover Curiosity mais aussi l'atterrisseur Phoenix de la Nasa».
Mais découvrir de l'eau sous forme liquide fait aussi naître bien des questions. En particulier, d'où cette eau provient-elle? L'hypothèse favorite de Lujendra Ohja et ses coauteurs est de faire appel à un phénomène de déliquescence: le sel contenu dans les sols absorberait l'humidité de l'atmosphère, comme le font les pastilles blanches que l'on utilise dans un déshumidificateur, et se met à couler sous forme d'eau salée quand il est saturé.

 
«Les cibles prioritaires des prochaines missions»
«C'est très intéressant, se réjouit Nicolas Thomas, spécialiste d'imagerie spatiale à l'université de Berne (Suisse), ces zones d'écoulements saisonniers sont clairement devenus les cibles prioritaires des prochaines missions martiennes». En revanche, en dépit de l'enthousiasme de la Nasa qui laisse entendre que ce type d'environnement humide pourrait héberger des formes de vie primitives, l'idée paraît très farfelue. Car les sels en question contiennent du chlore, un puissant antibactérien. De quoi «nettoyer» immédiatement toute forme de vie qui tenterait d'émerger.

lefigaro.fr

Lundi 28 Septembre 2015 - 22:22


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