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Direct procès: 40.000 morts recensés par la commission d’enquête sur les crimes et détournements commis par Habré

Ce chiffre est annoncé par le président de ladite commission. Avocat, Mohamed Hassan Abakar est à la barre ce mardi matin. Pire, le témoin estime que ce chiffre est en de ça de la réalité.



Après la chute du régime Habré, campe le président de la commission d’enquête sur les crimes et détournement commis par l’ancien président, les nouvelles autorités à leur tête Idriss Déby ont mis en place une commission d’enquête. Par décret en date du 29 décembre 1990, cette commission était composée au départ de douze (12) membres dont deux (2) magistrats, quatre (4) officiers de police judiciaire. Ils étaient chargés de «faire la lumière sur les crimes et détournements commis par Habré ». Et la durée du mandat était de six (6) mois pour le dépôt du rapport. «Je n’ai pas demandé à être président mais c’était la volonté d’un magistrat » autrement dit le « premier président de l’Assemblée nationale du Tchad après l’Indépendance. J’étais un de ses conseils…Lorsqu’il a été décidé de choisir un magistrat, le ministre de la Justice s’est approché de ce dernier pour trouver un magistrat pour diriger la commission, il lui a donné mon nom », déclare Mohamed Hassan Abakar.
 

Le témoin ne tourne pas autour du pot car dit-il : «Je me suis contenté de mon expérience de magistrat pour commencer mon enquête ». C’est ainsi, explique-t-il : «Nous sommes descendus pour la première fois au siège de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), un bâtiment quasiment en ruine. Il n’y avait ni chaises, ni tables, ni étagères et la documentation était éparpillée au sol. Donc, nos premiers actes ont été de ramasser feuille après feuille… ». Présentant la DDS comme « un lieu est abominable pour les victimes », le président de la commission d’enquête des crimes et détournements commis par Habré, précise que c’est «faute de lieu qu’(il) a été obligé de réfectionner le bâtiment en mettant des portes, fenêtres, tables et chaises » afin de «commencer le travail ». C’est ainsi que la commission a été scindée en deux (2) à savoir la partie «criminelle» et celle en charge des «détournements publics ou pillage privé ». Quant aux auditions, c’est le bouche à oreille qui a fonctionné en lieu et place d’un communiqué radio. Ce qu’il y a, sert le témoin, c’est que les gens avaient peur de venir témoigner, « les Tchadiens étaient méfiants». «Quelques courageux ont fait le premier pas et de bouche à oreille, d’autres sont venus ».
 

Le constat est là, selon Mohamed Hassan Abakar : «C’étaient des loques humaines. Beaucoup ne pouvaient pas marcher, certains qui n’avaient plus l’habitude de manger à leur faim, sont même morts après s’être nourris». Mais il aura fallu l’arrivée d’un organisme notamment l’Association pour les Victimes de la Répression en Exil (AVRE) pour soigner les rescapés pour que «les victimes commencent à avoir confiance » et «les gens se bousculaient». Après 17 mois de travail, le rapport est publié le 20 mai 1992 avec plus de 1700 auditions de victimes, d’anciens détenus d’opinion, de parents de victimes, d’anciens prisonniers de guerre,…liste le président de la commission qui chiffe le nombre de mort en détention ou exécutés à 3780 morts nationaux et 26 morts étrangers. Le chiffre est arrondi à 40.000 morts.  Le témoin qui annonce le chiffre de 54.000 détenus politiques, morts ou libérés, affirme que «toute arrestation à la police politique, DDS équivaut à une mort et en sortir est une exception ». Les motifs d’arrestation sont, décortique le magistrat : «Il a tenté de voyager sans laisser passer, maraboutage, il a dit qu’Habré est un Sudiste,… ». 


"Il y a la mort par épuisement physique, par empoisonnement, les exécutions sommaires". Pis, "après les tortures, les cachots sont très exigus, des détenus meurent par asphyxie, par maladie car tout est souillé,...", marque Mohamed Hassan Abakar.  Selon lui, cela ne fait aucun doute que c’est le président Habré qui donnait les ordres. «La nuit le siège de la DDS se transforme en boucherie et la torture y est systématique. C’est un véritable mouroir», scande-t-il en précisant que des sacs de riz ou de mil constitués leur linceul, un sac pour couvrir le haut du corps et l'autre pour les pieds. Pour renforcer cette déposition, une documentation produite par président de la commission d'instruction est projetée. Le film sur les conditions de détention dans les sept (7) centres de détention notamment le camp militaire, la prison de la gendarmerie, la présidence de la République,…est donc lancé.


Le silence est total dans la salle au moment une scène d'exhumation défile. Toujours entouré par les trois (3) Eléments Polyvalents d'Intervention (EPI), l'accusé semble fixer l'écran placé au-dessus des juges des Chambres Africaines Extraordinaires (CAE). Ce, alors qu'un des proches d'Habré a quitté la salle en secouant la tête. 


 


Mardi 15 Septembre 2015 - 10:26


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