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Egypte: Falcon et chiens renifleurs dans le campus

Postés devant le campus, les agents de la sécurité rôdent. Ils dévisagent les étudiants amassés devant la porte, contrôlent leur carte, jettent un regard méfiant dans les sacs à main. Comme des rapaces en quête d’une nouvelle proie. Les Falcon, du nom de la société privée en charge de la sécurité de plusieurs universités du pays, sont devenus le symbole de la rentrée universitaire 2014-2015. Aux côtés des habituels agents de sécu, ils veillent au bon déroulement de la rentrée, déjà émaillée de plusieurs manifestations. A l’université du Caire, dimanche dernier, les forces de sécurité ont déjà fait irruption dans le campus pour disperser les étudiants qui scandaient des slogans contre le régime militaire et dénonçaient les récentes arrestations d’étudiants.



Egypte: Falcon et chiens renifleurs dans le campus
La présence des Falcon a le mérite d’envoyer un message clair: la maison estudiantine est bien gardée. Les doyens veulent éviter une reprise des manifestations hebdomadaires organisées par des étudiants partisans de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi. L’an passé, elles avaient perturbé le calendrier des examens et entraîné des affrontements meurtriers avec les forces de l’ordre. Mais les étudiants ne sont pas les seuls à être dans la ligne de mire des autorités. Les professeurs aussi. Selon le quotidien al-Shorouk daté du 27 septembre, le ministre de l’enseignement supérieur a également menacé les professeurs de sanctions si ceux-ci s’aventuraient à encourager les étudiants dans la voie du « chaos ».
Interrogé par le site d’information Daily News Egypt, le directeur du groupe Falcon, Khaled Sherif, a nié l’existence de listes d’élèves accusés d’être affiliés à la confrérie des Frères musulmans. Or, le durcissement des mesures sécuritaires répond bien à la vague de manifestations organisées l’année précédente par les partisans de l’ex-président islamiste.
« Il n’y a pas de telles listes interdisant l’entrée à des étudiants, qu’ils soient associés avec les Frères musulmans ou d’autres groupes, a déclaré Khaled Sherif. Cependant, toute personne qui n’est pas inscrit à l’université ne pourra pas entrer. (…) La police sera appelée et cette personne arrêtée. »
Il précise plus loin que des contrats renouvelables d’une durée d’un an ont été signés avec une douzaine d’universités, dont Al-Azhar, Ain Shams, Helwan, Zagazig, Minya, Alexandrie, Assiout, Fayoum, Beni Suef, Mansoura. Au regard de la demande, l’entreprise prévoit même d’augmenter ses effectifs à 12 000 agents, au lieu de 8 000.
«Il est toujours plus facile de se réunir dans la faculté que dans la rue »
Cela aura-t-il un effet dissuasif ? L’an passé, l’université était devenue le dernier bastion de la contestation. Deux fois par semaine, une centaine d’étudiants se rassemblait pour contester le régime en place, incarnée par l’actuel président, l’ancien maréchal Abdel Fatah al-Sissi. « Même si les fouilles et les contrôles de cartes se sont accentués, il est toujours plus facile de se réunir dans la faculté que dans la rue », me confiait une étudiante en avril 2014.
« La violence engendre la violence et il est difficile de dire si la stratégie du gouvernement pour « sécuriser » le campus va fonctionner », commente la blogueuse et activiste Reem Khorshid dans les colonnes du site Mada Mas r. Selon elle, les mesures draconiennes prises par le gouvernement, comme l’interdiction de toutes activités politiques sur le campus ou le maintien de la sécurité par une société privée, irritent et choquent de nombreux étudiants. Le site d’information Yanair rapporte la mort d’un  étudiant de la faculté d’ingénierie d’Alexandrie au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre. ‘ »Trêve dans les universités du Caire et d’Ain Chams », titre le quotidien al-Shorouk, daté du 14 octobre. La paix attendra.
Nadéra Bouazza

Slateafrique

Vendredi 24 Octobre 2014 - 13:00


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