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Fin d'une campagne présidentielle houleuse en Tunisie

Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi tiennent ce vendredi, à Tunis, leurs derniers meetings avant le vote de dimanche. Au premier tour, six points séparaient les deux rivaux, Béji Caïd Essebsi finissant en tête devant le président sortant. Mais chaque camp croit encore en sa victoire dimanche, pour ce qui constitue la première élection présidentielle au suffrage universel de l’histoire du pays. Ce vote mettra aussi fin à une campagne d’entre-deux-tours émaillée de nombreuses attaques, incidents et tensions entre les deux candidats.



Plus qu’une campagne sur le fond, les Tunisiens ont vu les deux rivaux s’invectiver par médias interposés, avec d’abord Béji Caïd Essebsi qui se présente comme l’héritier des valeurs modernistes de Bourguiba. Dès le soir du premier tour, il accusait son rival d’avoir été soutenu par les islamistes en s’étonnant du score de Moncef Marzouki : près de 34 % des voix alors qu’un mois auparavant, aux législatives, son parti n’avait même pas recueilli 2 % des suffrages.

Ghayda Thabet est membre du bureau national de Nida Tounes, le parti de Béji Caïd Essebsi. Pour elle, aucun doute, Marzouki a bien bénéficié des voix de ses ex-alliés islamistes car Ennahda ne présente pas de candidat à la présidentielle.

« Le résultat que Monsieur Marzouki a eu au premier tour, c’est le même résultat qu’a eu le parti Ennahda dans les élections législatives. Certes Ennahda, dans le discours officiel, ne soutient aucun candidat. Mais ça, c’est le discours officiel. Aux législatives [au] Nord, la majorité était pour Nida Tounes ; [au] Sud, la majorité est pour Ennahda. Le même schéma, donc les mêmes statistiques, on les voit avec Marzouki : le Sud qu’a eu Ennahda, Marzouki l’a eu ; [...] donc indirectement et directement Marzouki a eu recours aux militants de Ennahda pour le soutenir dans les élections présidentielles. »

 

Le président sortant Moncef Marzouki lors de son meeting de campagne à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2014 en Tunisie.REUTERS/Zoubeir Souissi

 

En face, Moncef Marzouki accuse Béji Caïd Essebsi d’incarner le retour de l’ancien régime Ben Ali. Le président sortant se présente comme le seul garant des valeurs de la révolution face au retour de la dictature.

Soraya Dilou, membre du Congrès pour la République (CPR), le parti de Marzouki, le confirme. RFI l'a rencontrée sur l’avenue Bourguiba où elle distribuait des tracts pour son candidat.

 « Moncef Marzouki, aujourd’hui, rassemble autour de lui tous les gens qui croient encore dans les objectifs de la révolution. C’est une révolution qui a été trahie parce que l’ancien régime est de retour, la moitié des Nida Tounes sont des symboles de l’ancien régime, même des symboles des responsables qui occupaient des postes très avancés dans le RCD, le parti du président déchu Ben Ali. »

Pour Soraya Dilou, il faut souligner le parcours du candidat : «  Monsieur Béji Caïd Essebsi était, à l’époque en 1981, présent dans le ministère de l’Intérieur et il a avoué sur un plateau très connu d’al-Jazira qu’il était responsable des fraudes des élections. C’était une autre époque, mais il est de retour, par les manières, par le harcèlement des pauvres, par l’achat des voix, financement politique et tout ça. »

Ce discours du camp Marzouki disant craindre des fraudes lui a d’ailleurs valu une mise en garde de la Commission électorale. L’Instance supérieure pour l'indépendance des élections (ISIE) a dû envoyer un avertissement à Moncef Marzouki qui disait craindre des fraudes du camp adverse au second tour. En effet, tous les observateurs nationaux et internationaux ont salué à l’unisson le bon déroulement du premier tour, sans irrégularités. Mais ces tensions entre les candidats sont surtout le signe d’une vraie bataille et d’un vrai suspense pour l’élection du premier président tunisien, qui sera librement élu au suffrage universel.

 

Agents de sécurité durant un meeting de campagne du président sortant Moncef Marzouki, à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2014 en Tunisie.

Rfi

Vendredi 19 Décembre 2014 - 12:34


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