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Fin de la tournée de Wade au sud : 700 kilomètres de déferlante humaine... de railleries et de menaces

Le dernier jour de la tournée de Me Abdoulaye dans le sud du Sénégal a été plus long que prévu. La tête de liste qui devait quitter Kolda lundi matin pour aller prendre l'avion à Tambacounda, a finalement abandonné l'option aérienne pour improviser une tournée dans l'axe Kolda-Tambacounda-Dakar. 700 kilomètres de routes, des marées humaines pour trois discours.



Provocations, railleries, menaces et déferlante humaine ont ponctué les 700 kilomètres de l'ancien président Abdoulaye Wade et de ses alliés de la Coalition gagnante Wattu Senegaal. 

14h 30 : L'arrivée à Vélingara ou le début des hostilités avec le régime de Macky
L'étape de Vélingara a été la plus longue du trajet de Wade. Accueilli par des milliers de personnes venues de l'intérieur des quartiers et maisons, certainement attirées par le fameux titre "Goorgui Dolignou", le  "Pape du Sopi" qui connaît bien les lieux va d'abord présenter ses condoléances à la famille d'El Haj Bè Baldé, un des "pionniers" du Parti démocratique sénégalais (Pds), décédé il y a quelques mois. Ensuite cap sur la voie principale, où encerclé par une foule immense qui réclame sa sortie du véhicule, il décide de prendre le micro pour s'adresser à ses militants et sympathisants. Et toute suite après avoir rappelé combien son défunt ami a contribué à mettre le parti libéral sur pied, Wade attaque par des moqueries à l'endroit de la coalition au pouvoir. "Il y a quelque chose qui m'intrigue. Depuis que j'ai quitté Dakar pour entrer à l'intérieur du Sénégal, à commencer par Kolda, je me suis posé une question : mais, il est où celui qui appelle à voter contre moi ? Il est où ? Je n'ai même pas aperçu des affiches de lui (Ndlr : il s'adresse à Macky Sall, président de la coalition Benno Bokk Yakaar)", lance-t-il devant une foule déchaînée qui explose en rire. Le vieux ne s'arrête pas. Il lance une autre pique plus ironique encore : "Où bien ils sont partis au Mali, en Guinée ou en Mauritanie pour faire campagne là-bas ?".

Ensuite, viennent les menaces et mises en garde à l'endroit de Macky sall et de son ministre de l'Intérieur qu'il accuse d'avoir confisqué les cartes d'électeur des citoyens sénégalais : "Demain je vous invite tous à une marche républicaine de la liberté et la démocratie. Si on vous donne vos cartes, la paix règnera. Si on ne vous donne pas vos cartes, alors restez à mon écoute et attendez mes recommandations. Mais que Macky Sall m’écoute bien, quoi qu’il en soit, demain nous serons devant le ministre de l’Intérieur pour lui donner notre lettre de doléances. Le monde entier a les yeux rivés sur le Sénégal".
 

 

"La place de Macky n'est pas au Palais à Fann"
La ferveur humaine autour de son cortège et les milliers de personnes qui lui ont déclaré leur "amour" tout au long de sa tournée dans le sud ont inspiré Wade dans ses railleries. "Si après toute cette mobilisation et toutes ces personnes qui me suivent depuis que je suis descendu à Kolda, Macky Sall continue de dire et de croire qu'il va remporter les élections, sa place n'est pas au Palais, mais à Fann, chez les malades mentaux », rigole-t-il devant l’hystérie de ses militants.
 


18 heures à Koumpentoum, un cour magistral en Droit pour démonter la Présidence
Après les étapes de Vélingara et de Tambacounda, Wade a fait une escale stratégique à Koumpentoum. Si les populations pensent que leur forte mobilisation est la raison de son discours, c'est parce qu'elles ne sont pas encore au courant de la publication d'un communiqué émanant de la Présidence de la République et qui annonce la saisine par le chef de l'Etat du Conseil constitutionnel pour demander à celui-ci de valider le vote par : Permis de conduire, carte d'identité numérisée, une carte d'électeur numérisée, un passeport ou un document d'immatriculation pour les primo-inscrits non détenteur d'un des quatre premier documents.

Wade dégage en touche le contenu du communiqué de la Présidence et parle de grosse farce : "La Présidence de la République vient de se fendre d'un communiqué. Et comme vous le savez très bien, tout ce qui émane de la Présidence comme communiqué officiel, c'est comme si c'est le président de la République qui le dit. Ils disent qu'ils ont écrit au Conseil constitutionnel pour demander l'autorisation pour les nombreuses personnes n'ayant pas encore reçu leurs cartes d'identité biométrique de voter avec (Ndlr : les quatre papiers cités en haut du paragraphe)…Le texte qu’ils ont cité ne dit pas la loi et le règlement. Il dit uniquement la loi. Or, la loi, c’est pas le règlement, c’est deux choses différentes. Alors ce qu’ils veulent c’est demander au Conseil constitutionnel de changer le règlement des élections », explique Me Wade. Avant d’avertir : « Que le Conseil constitutionnel m’écoute très bien, ils n’ont pas le droit de faire ça. Le Conseil constitutionnel n’a pas le droit d’habiliter le Gouvernement à violer la loi. Quand on dit que la loi permet à une certaine catégorie de personnes de voter, cela ne veut pas dire que le règlement le permet, d’une manière ou d’une autre, même avec l’autorisation du Conseil constitutionnel ».

Quant à l’autorisation de voter pour les personnes munies d’un document d’immatriculation, Me Abdoulaye Wade pense que c’est une manière insensée de violer la loi, « puisque les inscriptions sur les listes électorales sont fermées depuis le 23 avril (2017) (...) Il faut que Macky Sall arrête cette grosse farce », conclut-il.
 
 


23h 14 minutes, Wade accueilli en roi chez Macky
De toutes les déferlantes humaines qu'il y a eues pendant la tournée de l'ancien président depuis dimanche, celle de Fatick a été la plus surprenante. Jamais on aurait cru que Wade serait accueilli en roi dans le fief de l'actuel président Macky Sall. La tête de liste de la Coalition gagnante Wattu Senegaal a drainé un monde fou de jeunes, adultes et personnes âgées qui ont obligé son cortège à faire le tour de la ville, escorté par une centaine de motos Jakarta. Sans savoir qu'elles s'adressent à des journalistes, deux dames se livrent. "On ne mange plus à notre faim. Nous sommes fatigués. Nos enfants n'ont pas de travail. Il (le président Macky Sall) n'a rien fait ici, à part parler et encore parler", lance l'une. L'autre d'enchaîner : "Maintenant, je suis sûr que celui qui veut humilier le vieux (Wade) sera humilié. Ils (les partisans de la coalition au pouvoir) avaient prévu de lui barrer la route de la ville. Mais quand la pluie est arrivée, les gens sont partis et ils ont commencé à se battre entre eux. Voilà le résultat : Goorgui fait tranquillement sa tournée avec tout le peuple de Fatick derrière lui".

Bloqué par les jeunes à l'intersection qui donne sur la route nationale, Wade reprend le micro et taille Macky en pièces. "Si je décide de prendre la parole ici, c'est parce que j'éprouve beaucoup de peine pour la jeunesse de Fatick. Elle est abandonnée, trahie. Sans emploie et sans formation. Aussi mauvaise que soit une personne, elle peut quand même réaliser des choses pour sa ville. Allez à Kebemer et regardez les réalisations que j'ai faites là-bas. Je pense qu'il est temps pour lui de rendre le pouvoir. Une personne qui n'est même pas aimée chez elle, comment peut-elle espérer remporter une élection nationale. Les jeunes sont allés jusqu'à déclarer Macky persona non grata ici à Fatick où il n'ose même plus poser les pieds", se moque-t-il encore.

La tournée s'est achevée dans les villes de Joal et de  Mbour où les populations ont attendu Me Abdoulaye Wade et son cortège jusqu'à deux heures du matin.
 
 


Mardi 25 Juillet 2017 - 06:45


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