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Irak: Kirkouk toujours sous le feu, Ashton Carter évoque déjà Raqqa

Les forces irakiennes tentent de poursuivre leur avancée pour reprendre Mossoul à l'EI, mais plusieurs facteurs compliquent leur tâche. Une attaque surprise des jihadistes contre la ville de Kirkouk, située à environ 170 km, a obligé l'armée à envoyer des renforts. En incendiant une usine de soufre, les terroristes ont également compliqué la progression des forces irakiennes vers Mossoul.



Irak: Kirkouk toujours sous le feu, Ashton Carter évoque déjà Raqqa
Bagdad a dû envoyer des renforts à Kirkouk pour éliminer les combattants de l'EI encore présents dans la ville. Vraisemblablement des cellules dormantes réactivées pour commettre les attentats de vendredi. Selon les sources policières et médicales, l’opération des jihadistes à Kirkouk a fait au moins 46 morts et 133 blessés du côté des forces kurdes et irakiennes, et environ 50 morts du côté jihadiste.

Les Kurdes combattent pour une reprise en main totale de Kirkouk

Depuis cette série d'attaques meurtrières, les forces de sécurité traquent des combattants de l'EI infiltrés dans cette ville sous contrôle kurde. Les dizaines d'assaillants, dont plusieurs kamikazes, ont échoué à prendre le contrôle des principaux bâtiments gouvernementaux mais ont semé le chaos dans cette cité pétrolière et multiethnique située à quelque 150 km au sud-est de Mossoul.

Des affrontements sporadiques se poursuivent, a indiqué un haut responsable de la sécurité, avec des forces assiégeant des jihadistes armés dans le quartier de Nidaa. Il reste des poches de résistance jihadistes dans des quartiers du sud et de l'est de la ville. Mais selon l’armée, les forces de sécurité contrôlent la situation.

Toutefois, l’opération jihadiste à Kirkouk n’est pas une attaque terrestre massive, mais ressemble plutôt à une série d’actions et attentats individuels. Pour Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, ce mode opératoire peut témoigner d’un affaiblissement de l’organisation jihadiste.

« On n'est absolument pas dans quelque chose de typique pour Daech, estime le spécialiste. Un mouvement de rébellion ou asymétrique, soit il est en position d'effectuer des actes militaires importants, de grande envergure, avec une chance raisonnable de gagner, soit il n'est pas en position.

Quand il l'est, c'est ce qu'il fait, c'est ce qu'on a vu avec les talibans en Afghanistan contre les forces de la coalition ; et puis quand il n'est plus en mesure d'avoir des actes importants sur le plan militaire, il retourne vers un système d'attentats, qui est en général une preuve d'affaiblissement d'un mouvement. »

A Erbil, Ahston Carter évoque déjà la future bataille de Raqqa

C'est parce qu'il est acculé dans la grande ville de Mossoul que le groupe EI réagit en menant ces attaques de diversion pour tenter de freiner l'arrivée des troupes irakiennes. En sus de Kirkouk, la progression de forces irakiennes a été perturbée par un incendie provoqué par des combattants de l'EI dans une usine de soufre. Le feu a engendré des fumées toxiques qui ont tué deux civils. L'incendie a pu être éteint, mais au moins 500 personnes se plaignant de troubles respiratoires ont dû être soignées à l'hôpital de Qayarah, base militaire située au sud du lieu de l'incendie.

La coalition internationale suit de près la situation sur le terrain. Après Bagdad, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, vient de se rendre à Ebril au Kurdistan irakien. Il s’agit de faire le point sur le rôle important joué par les forces kurdes dans la bataille pour reprendre Mossoul aux jihadistes.

Le diplomate américain a plaidé ce dimanche 23 octobre pour une opération isolant le groupe Etat islamique (EI) dans son fief de Raqqa en Syrie simultanément à l'offensive en cours contre Mossoul, dernier grand bastion de l'EI en Irak. « Nous voulons voir une opération d'isolement (de l'EI) à Raqqa dès que possible », a-t-il déclaré lors d'une visite dans la région autonome du Kurdistan irakien. « Nous travaillons avec nos partenaires là-bas (en Syrie) pour mettre en oeuvre » une telle opération. « Il y aura une certaine simultanéité dans les deux opérations », a-t-il insisté, en faisant allusion à l'offensive de Mossoul.

Ashton Carter a rappelé à Erbil son soutien aux peshmergas, rapporte notre envoyée spéciale à Erbil Oriane Verdier. Il a également demandé aux forces kurdes de continuer d’agir en coordination avec l’armée irakienne. Les peshmergas se battent actuellement sur le front de Bashiqa au nord de Mossoul.

Sur la montagne surplombant les combats des canons turcs appuient les forces au sol.

Officiellement pourtant, les peshmergas ne reçoivent aucun soutien des troupes turques installées non loin de là. De fait, le Premier ministre irakien a récemment réitéré son opposition à la participation des forces turques dans la reprise de Mossoul.

Il les considère comme des forces d’occupation. Elles ont été invitées en Irak par le gouvernement régional du Kurdistan. L’une des principales missions du secrétaire d’Etat américain à la Défense est donc de garder un semblant d’unité entre les différentes forces positionnées autour de Mossoul. Les détails de la participation des forces turques sont toujours en négociation avec Bagdad. Et elle pourrait être l’un des sujets de dissension rendant plus difficile la libération de la deuxième ville d’Irak.


Lundi 24 Octobre 2016 - 07:26


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