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La Grèce annonce la fermeture des banques et un contrôle des capitaux

Lors d'une intervention télévisée, Alexis Tsipras a annoncé dimanche 28 juin la fermeture temporaire des banques, ainsi qu' un contrôle des capitaux. Le dispositif a été précisé dans la nuit par décret. Le Premier ministre a pris cette décision à l'issue d'un conseil de stabilité financière réunissant le ministre grec des Finances et les principaux acteurs du secteur bancaire national, comme le gouverneur de la Banque centrale. Ensemble, ils ont recommandé ces mesures. Le Premier ministre a appelé ses concitoyens à garder leur calme.



Depuis vendredi et l'annocne d'un référendum, les Grecs ont massivement retiré leur argent dans les banques du pays. REUTERS/Stefanos Rapanis
Depuis vendredi et l'annocne d'un référendum, les Grecs ont massivement retiré leur argent dans les banques du pays. REUTERS/Stefanos Rapanis
C'est une semaine aux conséquences encore inconnues qui débute pour les Grecs. Dans le pays, les banques sont désormais fermées et le resteront jusqu'à lundi prochain, c'est-à-dire au lendemain d'un référendum censé se tenir pour demander aux électeurs s'ils acceptent les réformes exigées par les créanciers contre leur aide financière.
 
Mais les banques ne sont pas complètement à l'arrêt. Les Grecs peuvent retirer 60 euros par jour avec leur carte. Le versement des retraites est assuré, mais uniquement dans certains guichets de banque. On peut toujours payer par carte bancaire, effectuer une transaction à l'intérieur du pays.
 
Transports gratuits
 
 
Par ailleurs, les touristes étrangers, comme tous ceux qui détiennent un compte dans un établissement domicilié hors de Grèce, peuvent retirer de l'argent depuis la Grèce, a-t-on appris plus tard dans la nuit. C'est très important car l'inquiétude commençait à poindre chez les professionnels du secteur. La saison bat son plein.
 
En revanche, les paiements, virements et transferts vers l'étranger sont interdits, ce qui peut poser des problèmes aux importateurs ; il leur faudra trouver un montage financier pour rassurer leurs fournisseurs. Pour faciliter le quotidien dans la capitale, le ministre des Transports a enfin décrété ce lundi la gratuité des transports en commun dans la capitale.
 
Retraits massifs
 
Le but de ce contrôle des capitaux, c'est de protéger les banques grecques de la faillite. En mettant en place un dispositif relativement souple, le gouvernement d'Alexis Tsipras cherche à éviter la panique, avec des Grecs qui se précipiteraient dans les magasins et autres stations-service pour transformer au plus vite leurs derniers euros en biens tangibles.
 
L'adoption de ces mesures n'a pas surpris les gens, qui s’étaient rués dès vendredi soir vers les banques pour retirer un maximum d’argent après l’annonce du référendum de dimanche prochain. Les Grecs avaient bien compris ce qui se profilait.
 
Les retraits se sont amplifiés de jour en jour jusqu'à dimanche soir, où l'annonce des mesures mises en place a de nouveau suscité un mouvement, de nombreuses personnes expliquant vouloir s'assurer qu'elles auraient assez d'argent pour la semaine. Depuis vendredi, une somme pas si éloignée de ce que le pays doit rembourser ce mardi au FMI a été retiré : plus d'un milliard d'euros.
 
« Patience »
 
Lors de son allocution télévisée, dimanche, le Premier ministre a invité ses concitoyens à garder leur sang froid, assurant que leurs dépôts dans les banques restaient totalement garantis. « Ce dont nous avons besoin dans les prochains jours, a dit M. Tsipras, c'est de modération et de patience. Les dépôts dans les banques grecques sont complètement en sécurité. C'est aussi vrai pour les paiements des salaires et des pensions. »
 
« Nous allons traiter chaque difficulté avec calme et détermination, promet le Premier ministre. Plus nous serons calmes pour les affronter, plus rapidement nous les vaincrons et plus douces seront les conséquences. Aujourd'hui, nous avons la chance de prouver à nous-mêmes et au monde que la justice peut régner. »
 
 
Décryptage du professeur émérite d'économie François Morin, de l'université de Toulouse
Tsipras accuse
 
Alexis Tsipras a mis en cause l’Eurogroupe, qui a refusé samedi de prolonger le programme d’assistance à la Grèce après demain soir, mardi 30 juin, date butoir à laquelle la Grèce a besoin d'argent frais venu d'Europe pour honorer sa créance de 1,6 milliard d'euros au FMI et éviter un défaut de paiement. M. Tsipras affirmait avoir besoin d'un délai, le temps que les électeurs s'expriment.
 
C’est ce refus qui a conduit la Banque centrale européenne (BCE) à fermer le robinet des prêts d’urgence qui financent les banques grecques depuis des mois. Le Premier ministre a dit dimanche qu'il avait réitéré sa demande au Conseil européen et aux dirigeants des Etats membres de la zone euro. Une requête « démocratique de base », plaide-t-il.
 
En attendant, les Grecs ne savent donc même pas si le référendum aura lieu, ni quelle sera la question posée s'il a lieu. Ils se perdent en conjonctures. Certains pensent qu'un défaut de paiement de leur pays dès ce mardi soir est devenu inéluctable, comme la sortie de l’euro puisque la BCE ne pourra plus financer les banques, et que les créanciers habituels se retireraient aussi.
 
François Morin évoque un risque de panique sur les marchés
Manifestations prévues
 
Refus des créanciers, débit réduit du robinet de la BCE ; la Grèce asphyxiée court pour l'instant vers le défaut de paiement de facto, à moins qu’un ultime accord ne soit trouvé. Sur place, la situation se tend visiblement. L’opposition est montée au créneau ce lundi matin, par la voix du leader des socialistes du Pasok, Evangelos Venizelos, qui indique que le gouvernement a menti au peuple. Pour lui, il savait qu’il allait en arriver là.
 
Ce lundi, pour les Grecs, il s'agit encore de comprendre ce que signifient exactement pour eux les mesures adoptées. Les médias en ligne se veulent pédagogiques en la matière. Mais des manifestations pour le « oui » et le « non » sont déjà prévues. Ce lundi soir et le lendemain, la place Syntagma devant le Parlement pourrait se remplir, occupée à tour de rôle par les partisans des deux camps.
 
Même si les Grecs ont appris à vivre au jour le jour, ils s'attendent à passer une semaine très agitée. Signe que le catastrophisme est inutile : il y a deux ans à Chypre, le contrôle des capitaux mis en place sous la menace de la BCE avait été un coup dur pour les particuliers, mais aussi le début de la solution à la crise financière chypriote. Signe plus inquiétant : face à l'incertitude du lendemain, les bourses tendent à dévisser pour l'instant. Celle d'Athènes, elle, restera également fermée toute la semaine, a-t-on appris ce lundi matin.

Rfi.fr

Lundi 29 Juin 2015 - 10:28


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