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Le Prix Théâtre RFI 2017 décerné à Edouard Elvis Bvouma (Cameroun)

À 35 ans, l’auteur camerounais Edouard Elvis Bvouma a remporté le Prix Théâtre RFI 2017. La Poupée barbue raconte l’histoire vertigineuse d’une jeune fille dans la tourmente entre la guerre et un viol collectif. La remise du prix aura lieu ce dimanche 24 septembre à Limoges, lors du Festival des Francophonies en Limousin. Le président du jury de la 4e édition, Dany Laferrière, a félicité l’auteur pour son texte « sans pathos qui allume une étincelle de sensibilité et de fraternité ». Portrait.



Il avance franc. Sourire direct. Regard chaleureux. L’explication pour son petit retard lors du rendez-vous est simple. Il vient d’arriver en France et avec sa montre, il vit encore à l’heure camerounaise. Représentant d’un renouveau de la littérature camerounaise, les prix ont afflué ces dernières années chez Edouard Elvis Bvouma, mais le Prix Théâtre RFI 2017 lui va droit au cœur.
 
« C’est un rêve qui se concrétise. Être primé par un jury présidé par Dany Laferrière, un écrivain de renom, qui fait partie de mes écrivains préférés, c’est vraiment une très belle reconnaissance. Son livre Journal d’un écrivain en pyjama était un choc pour moi et a changé ma façon d’écrire. Et que ce soit cet auteur-là qui préside le jury et qui me donne le Prix Théâtre RFI, alors là, je me dis, peut-être le hasard n’existe pas [rire]. »
Le lauréat du Prix Théâtre RFI 2017, Edouard Elvis Bvouma, auteur de «La Poupée barbue» et metteur en scène de théâtre.
À 35 ans, l’auteur camerounais Edouard Elvis Bvouma a remporté le Prix Théâtre RFI 2017. La Poupée barbue raconte l’histoire vertigineuse d’une jeune fille dans la tourmente entre la guerre et un viol collectif. La remise du prix aura lieu ce dimanche 24 septembre à Limoges, lors du Festival des Francophonies en Limousin. Le président du jury de la 4e édition, Dany Laferrière, a félicité l’auteur pour son texte « sans pathos qui allume une étincelle de sensibilité et de fraternité ». Portrait.
 
Il avance franc. Sourire direct. Regard chaleureux. L’explication pour son petit retard lors du rendez-vous est simple. Il vient d’arriver en France et avec sa montre, il vit encore à l’heure camerounaise. Représentant d’un renouveau de la littérature camerounaise, les prix ont afflué ces dernières années chez Edouard Elvis Bvouma, mais le Prix Théâtre RFI 2017 lui va droit au cœur.
 
« C’est un rêve qui se concrétise. Être primé par un jury présidé par Dany Laferrière, un écrivain de renom, qui fait partie de mes écrivains préférés, c’est vraiment une très belle reconnaissance. Son livre Journal d’un écrivain en pyjama était un choc pour moi et a changé ma façon d’écrire. Et que ce soit cet auteur-là qui préside le jury et qui me donne le Prix Théâtre RFI, alors là, je me dis, peut-être le hasard n’existe pas [rire]. »
 
 
« La Poupée barbue » ne nous lâche pas
 
La pièce lauréate d’Edouard Elvis Bvouma, La Poupée barbue, part comme une balle dans la guerre, sans avertir, sans réfléchir, sans trembler : « Ils étaient trois. Ils étaient laids. Ils étaient sales. Ils avaient des machettes. Des couteaux. Et des kalaches. » On essaie de faire le dos rond, de penser à autre chose, de s’imaginer une autre issue pour cette jeune fille avec son âme à bout de souffle, mais le texte ne nous lâche pas, nous n’épargne pas la vulgarité obscène de la violence.
 
Pour Edouard Elvis Bvouma, tout démarre souvent dans un monde plus noir que l’enfer. « Cette pièce décrit la violence de la guerre. Le fait de commencer par quelque chose si violent, cela me violente moi-même, ça me pousse à me surpasser dans l’écriture. Cela me permet de tester si je peux tenir la route. Et le monde est ainsi, il est violent ! »
 
La fille restée muette prend la parole
 
La Poupée barbue sortira du ventre de la petite fille, mais c’est la suite de la pièce multiprimée de l’auteur camerounais, A la guerre comme à la Gameboy, l’histoire troublante d’un enfant-soldat dont la seule échappatoire est de se confier à une petite fille encore plus traumatisée que lui. Le fait que la petite fille soit restée muette dans la pièce avait tourmenté l’auteur. Donc, dans La Poupée barbue, elle prend la parole avec des mots tranchants à nous couper le souffle. Est-ce la colère qui pousse Edouard Elvis Bvouma à écrire ?
 
« Ce n’est peut-être pas le moteur, mais c’est l’essence, le carburant… Écrire un texte, c’est un défi permanent. Même si les gens ne me croient pas : je déteste d’écrire. Pour moi, c’est comme une corvée. Mais quand je commence, c’est comme s’il y a quelque chose qui me pousse : vas-y, vas-y… Et là, je n’arrive plus à m’arrêter… »
 
Parmi ses forces dramaturgiques se distingue son art de relier et contracter différents univers, à l’instar de ses pièces Black-Neige et les sept nègres, A la guerre comme à la Gameboy, La Poupée barbue ou ses personnages Boy-Killer et Amazone AK-47.
 
« Parce que le monde de l’écriture est fait de la réalité et de la fiction. Je crée aussi un monde, mais je mélange les deux. Par exemple, Amazone AK-47 fait référence aux amazones et à la kalachnikov. Rien que par le nom, on peut déjà situer le personnage. Dans Black-Neige et les sept nègres se retrouvent deux personnages, l’un d’origine occidentale, l’autre d’origine africaine. Dans Petit à petit l’oiseau perd son nid, c’est l’aigle royal, le président, qui perd son pouvoir. Oui, j’aime bien croiser les univers, parce que c’est ça aussi la vie. »
 
Né en 1982 à Kribi, il grandit à Yaoundé où il vit jusqu’à aujourd’hui. Aujourd’hui retraités, son père était architecte, sa mère instructrice de jeunesse et d’animation. Dans sa chambre d’enfant trônait longtemps un grand portrait de Che Guevara (« mon personnage historique préféré »), d’où le surnom qu’Edouard porte jusqu’à aujourd’hui : Le Che. Mais sans avoir été un rat des bibliothèques, il se passionne très tôt pour les plaisirs de lecture et l’écriture. Interrogé sur ses influences littéraires, l’écrivain se montre intarissable :
 
« Il y a des écrivains que j’aime particulièrement. Dans le théâtre, parmi mes auteurs préférés : Koffi Kwahulé et puis Wole Soyinka. Après, bien sûr, aussi Shakespeare, Beckett, Molière… Dans d’autres genres, il y a Amin Maalouf, Gibran Khalil Gibran, Milan Kundera, Emmanuel Dongala que j’aime beaucoup, et puis évidemment aussi des auteurs comme Léonora Miano, au Cameroun Mongo Beti, Francis Bebey, mais j’aime aussi beaucoup Alain Mabanckou… »


Rfi.fr

Dimanche 24 Septembre 2017 - 08:42


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