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Le premier Fespaco post-Compaoré a joyeusement ouvert ses portes

« C’est l’Afrique qui ose et l’Afrique qui gagne. » Voilà l’esprit politique et artistique qui régnait samedi 28 février lors de l’ouverture de la 24e édition du Fespaco au Burkina Faso, à Ouagadougou, capitale du cinéma africain jusqu’au 7 mars. Après la cérémonie au Palais des sports, les 5 000 spectateurs ont apprécié le spectacle… et une certaine liberté retrouvée après la révolution.



Une des 14 pièces-images créées par la chorégraphe burkinabè Irène Tassembedo pour l'ouverture du 24e Fespaco, le 28 février 2015. AFP / AHMED OUOBA
Une des 14 pièces-images créées par la chorégraphe burkinabè Irène Tassembedo pour l'ouverture du 24e Fespaco, le 28 février 2015. AFP / AHMED OUOBA

« Le premier Fespaco après la révolution, pour moi, cela signifie la renaissance. Après 27 ans de règne et de parades, nous avons une belle vision des choses, la plus modeste possible, sans gaspillage, sans gabegie », réagit Nissa, simple spectateur burkinabè et ravi de l’ambiance bon enfant qui a régné lors de la cérémonie d’ouverture. « On veut que notre Afrique avance, sur tous les plans. Ce soir, on est vraiment fier du Fespaco. Je suis vraiment fière d’y participer et j’espère avoir un nouveau président, un bon président qui va sauver ses populations », renchérit la jeune Aminata. Et Aida confie : « J’ai ressenti de la joie dans nos cœurs, la paix surtout. Le premier Fespaco après la révolution, cela signifie quelque chose pour nous, parce que nous avons retrouvé notre pays dans la paix. Ensemble, unis comme cela, ça fait le bonheur. »

Un petit air révolutionnaire

« Prenez d’assaut les salles de cinéma ! Vive le Fespaco ! Vive le cinéma africain ! » Il y avait un petit air révolutionnaire dans le discours d’ouverture d’Ardiouma Soma, nouveau délégué général du plus grand festival panafricain de cinéma. Quelle image se donner après une révolution ? De fait, le Fespaco post-Compaoré continue à projeter les meilleurs films du continent africain, mais a réduit son train de vie. Pour la cérémonie d’ouverture, le Palais des sports de Ouaga 2000 avec ses 5 000 places a remplacé le traditionnel grand stade du 4-Août avec ses tribunes pour 80 000 personnes qui, de toute façon, étaient restées à moitié vides lors du dernier Fespaco du président chassé.

Et en dépit de l’habituelle désorganisation qui règne au festival, on doit beaucoup de respect aux autorités. Quatre mois après la révolution, et malgré les menaces sécuritaires et sanitaires qui rôdent dans la région de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso a tenu à ce que le Fespaco, cette fierté nationale devenue africaine, ait lieu. « Notre pays voulait être à l’image d’une Afrique qui ose, qui persévère, avance et gagne », ont martelé le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et son ministre de la Culture Jean-Claude Dioma lors de la cérémonie d’ouverture dans le Palais des sports de Ouaga 2000. Avant eux, Ardiouma Soma, le délégué général du Fespaco, avait célébré le Fespaco comme « la plaque tournante du cinéma et de l’audiovisuel en Afrique » et doublé la dotation de l’Étalon d’or de Yennenga à 20 millions FCFA sous l’acclamation des 5 000 spectateurs. 

Soif de paix

Ce samedi soir, Ouagadougou, la capitale africaine du cinéma, a sollicité aussi les pouvoirs magiques des autres arts. Cette « Afrique qui ose et gagne » s’est retrouvée également sur scène. Après l’artiste burkinabè Alif Naaba, c’est la star sénégalaise Ismaël Lô  qui a bercé et enthousiasmé le public avec Tajabone, la chanson qui l’avait rendu célèbre et sublimé le film Tout sur ma mèrede Pedro Almodovar. Quant à la chorégraphe burkinabè Irène Tassembedo, elle a rendu visibles les forces créatives de ce pays révolutionnaire en transition avec « des images d’un pays, des images de soif de paix, des images de construction, des images de plein de choses. »

C’était presque symbolique comment ses danseurs et danseuses (« On a voulu exprimer une joie ») ont puisé leur force dans le sol et dans leurs racines pour se projeter joyeusement vers le ciel. « Ce n’est pas un changement pour dire que nous oublions nos racines, mais c’est un apport d’autre chose et j’ai voulu montrer ce que nous sommes aujourd’hui. » Voilà une belle leçon de la richesse culturelle et créative au « Pays des hommes intègres ». Un spectacle à l’image d’une nation qui a fait sa révolution et se cherche aujourd’hui à la fois avec des pas traditionnels et expérimentaux, des figures acrobatiques, des portées puissantes et de variations courageuses. « Ça, c’est l’Afrique qui gagne et l’Afrique qui ose. Et ce sont ces enfants d’Afrique qui veulent construire l’Afrique différemment. »


Rfi.fr

Dimanche 1 Mars 2015 - 10:01


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