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Messi rate beaucoup de penalties ? C’est normal, ça arrive (surtout) aux meilleurs

Mardi, Lionel Messi a manqué un penalty face à Manchester City (1-2). L’Argentin s’est raté dans l’exercice pour la 5e fois lors de ses 10 dernières tentatives. Une statistique étonnante de prime abord. Enfin, pas tant que ça. Grâce au livre "Onze Mètres", qui paraît ce jour aux éditions Hugo Sport, découvrez pourquoi les grands joueurs sont moins adroits que les autres.



Personne ne pouvait s’y attendre. Impossible de concevoir des demi-finales retour de la Ligue des champions 2012 aux scénarios si spectaculaires. Le mardi, le Bayern se qualifie aux tirs au but face au Real MadridCristiano Ronaldo  et Sergio Ramos  ratent leur tentative.

Le lendemain, Chelsea  surmonte l’obstacle Barça au Camp Nou à l’issue d’un match incroyable. La moindre des surprises n’est pas de voir Lionel Messi manquer un penalty en seconde période. S’il avait marqué, Barcelone aurait pris l’avantage à 3-1 et, tandis que Chelsea était réduit à dix suite à l’expulsion de John Terry, aurait probablement validé sa place en finale avec une telle avance.

En l’espace de vingt-quatre heures, les deux meilleurs joueurs du monde, probablement deux parmi les plus grands à avoir pratiqué ce sport, manquent l’un et l’autre un penalty. Je suis de ceux qui défendent l’idée que leur rivalité constante au fil des ans a nourri la progression mutuelle de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi - sans Messi, je doute que Ronaldo aurait atteint son niveau actuel, et vice versa – mais les voir rater un penalty l’un après l’autre, c’était aller trop loin dans le bizarre.

 

 

 

 Nous savons tous que rater un penalty peut arriver à tout le monde. Et si les grands joueurs ratent des penalties de première importance, c’est aussi parce qu’ils sont souvent ceux qui assument de les tirer. Mais là, ils ratent chacun un penalty dans le match le plus important de leur saison, dans la compétition érigée en priorité par leurs deux clubs, si près du but, ensemble. Pourquoi ici, pourquoi maintenant ?

Geir Jordet prétend avoir la réponse.

Jordet a passé au peigne fin trente-sept séances de tirs au but de Coupe du monde, de Championnat d’Europe des Nations et de Ligue des champions, soit au total 298 joueurs qui ont frappé 366 fois. Il a réparti ces joueurs en trois catégories : les joueurs gradés, les joueurs non gradés et les joueurs futurs gradés.

Par "joueurs gradés", il entend les joueurs ayant reçu une récompense individuelle au titre de leurs performances personnelles, qu’il s’agisse d’une place dans les trois premiers du Joueur de l’année FIFA ou du Ballon d’Or, d’un titre de Joueur sud-américain de l’année, du Soulier d’Or de la Coupe du monde, ou d’une place dans l’équipe de l’année de l’UEFA. Quarante et un joueurs, ayant assumé soixante sept penalties, appartiennent à cette catégorie.

Les "sans-grade" sont ceux qui n’ont jamais rien gagné à titre individuel et qui ne gagneront jamais rien pour autant que nous puissions le savoir aujourd’hui.

Les "futurs gradés" sont ceux qui n’ont pas encore reçu de récompense individuelle au moment où ils frappent, mais qui en récolteront une par la suite.

Grade et performance

Les résultats sont surprenants : 74 % des tirs du panel sont convertis, mais les joueurs gradés connaissent seulement 59 % de réussite. Les sans-grade marquent à 74 % et les futurs gradés à 89 %. Les joueurs gradés sont aussi ceux qui ont le plus de mal à cadrer leur frappe, avec 13 % d’échec, à mettre en parallèle avec les 7 % des futurs gradés et les 5 % des non gradés.

Jordet a en tête quelques exemples de joueurs qui ont vu leur efficacité aux tirs au but affectée par les récompenses individuelles. Frank Lampard  est le premier. S’il marqua bien pour l’Angleterre contre le Portugal à l’Euro 2004, il fut ensuite classé à la deuxième place du Ballon d’Or et du classement du Joueur de l’année FIFA en 2005, et rata contre le Portugal en 2006 à la Coupe du monde. Dans ce même match, Cristiano Ronaldo – son second exemple – offrit la victoire à son pays. Deux ans plus tard, en finale de la Ligue des champions 2008 avecManchester United, il était "vice-Ballon d’or" – il remporterait le trophée cette année-là, entre autres récompenses – et membre de l’équipe de l’année de l’UEFA. Il échoua dans sa tentative contre Chelsea.

OK, deux joueurs ne créent pas à eux seuls une tendance lourde. Mais il y en a d’autres, des gradés qui ont raté des penalties importants, et nous avons les noms. Il y a Messi, on l’a vu. Mais encore ? Steven GerrardDavid BeckhamClarence SeedorfPaolo Maldini. Diego Maradona. Jaap StamDidier Drogba. Roberto Baggio. Andriy Shevchenko. Marco van Basten. Raúl. Zico. Michel Platini. Il se passe un truc, non ?

"Les joueurs gradés ont plus à perdre que les autres, par conséquent ils ratent davantage que les autres." Telle est l’explication proposée par Jordet, lequel recommande aux entraîneurs d’identifier en amont quels sont les joueurs les plus gradés aux yeux du public, ou ceux qui font l’objet d’attentes démesurées, "car ces individus seront plus sujets que les autres à un surcroît de pression"et auront besoin de mettre en place un dispositif de protection au moment de frapper un penalty.

Jordet réalise aussi que les tendances relevées sur le rendement des joueurs gradés affectent directement leur équipe : plus il y a de superstars dans une équipe, plus les chances sont grandes de la voir fragilisée lors d’une séance de tirs au but. Il note que les équipes comptant 20 à 50 % de joueurs gradés convertissent seulement 67 % de leurs tirs, un chiffre à comparer aux 86 % des équipes sans joueur gradé et aux 71 % des équipes ayant entre 1 et 20 % de joueurs gradés.

"Onze mètres" est un livre de Ben Lyttleton, traduit par Cédric Rouquette. Il paraît jeudi 26 février aux éditions Hugo Sport (380 pages, 19,50 euros).


eurosport

Jeudi 26 Février 2015 - 14:43


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