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Mort des journalistes de Rfi au Mali : Refusons de mourir pour rien !



Ghislaine Dupont et Claude Verlon
Ghislaine Dupont et Claude Verlon
L’indignation est totale un peu partout après l’enlèvement et  l’assassinat du journaliste Ghislaine Dupont et du preneur de son Claude Verlon par des éléments armés et incontrôlés à Kidal. Les dénonciations sont unanimes contre  cette barbarie et contre la liberté d’expression et le droit à l’information du public. Mais la seule question qui mérite d’être posée et qui revient pourtant en filigrane dans beaucoup de propos c’est : pourquoi la France au plus fort de la crise malienne n’est pas allée jusqu’au bout en dégageant de Kidal tous ces éléments armés à l’origine de la confusion totale dans la zone. Les éléments armés de tout bord sont revenus dans la ville. « Le problème à Kidal est qu’il y a plusieurs armées. Il faut que le MNLA quitte le gouvernorat. C’est cette situation délétère qui a conduit au drame d’hier », explique ainsi le Pr Abdoulaye Bathily, le numéro 2 de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) au lendemain de cet assassinat. Alors que pour le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga «  la situation à Kidal était intolérable et ne pouvait plus durer. […] Finalement, elle fait le lit des terroristes et des extrémistes qui peuvent s’y infiltrer et se livrer à toutes sortes d’exactionsIl faut que la communauté internationale interpelle de manière claire et ferme le MNLA en particulier sur le fait que soit il est dans un processus de paix, soit il reste dans un processus de conflit ».

Conclusion, la guerre n’était pas terminée au Mali, mais pour des considération de politique politicienne qui n’est pas l’apanage des dirigeants africains, la France et ses alliés se sont précipités sur des élections présidentielles en laissant toujours le Mali dans une situation confuse.

Les éléments armés qui ont tué Ghislaine Dupont et Claude Verlon  savent très bien qu’ils ont tué des journalistes de Rfi. Dans quel but ? Est-ce un acte qui entre dans des conflits de chef et de positionnement ? Rfi informe par exemple que les amis d’Iyad Ag Ghaly, chef touareg islamiste dont le rôle dans la libération des otages français a redoré le blason, sont revenus dans la cité et que par ailleurs, le MNLA occupe toujours les locaux du gouvernorat et les  hommes d’Ansar Dine sont revenus ces dernières semaines en toute impunité.

On ne sait pas dans la ville, qui est qui et qui fait quoi. Est-ce qu’il y a un lien avec  la libération des autres quatre otages dernièrement, Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret, qui avaient été enlevés au Niger par Al-Qaïda dit-on depuis 2010 ? Est-ce que tout simplement le mécontentement d’une bande contre le rôle de la France dans le conflit malien ? Est-ce que, allant plus loin, du moment où l’on parle d’Al-Qaïda, la riposte contre l’assassinat par les américains  de Hakimullah Mehsud chef du Mouvement taliban du Pakistan, tué, vendredi 1er novembre, par un drone américain dans les zones tribales du nord-ouest du pays ? Les liens idéologiques et religieux dépassent facilement les frontières. On peut se poser une série de questions relativement à cette situation confuse comme celle qui entoure la libération des otages dernièrement. Les politiques racontent beaucoup d’histoire, gèrent leurs intérêts du moment et c’est le peuple ou une partie du peuple qui paye les pots cassés.

Le journaliste court des risques dans des zones de conflit au nom de la liberté à l’information du public. Mais aucun journaliste ne mérite de mourir à cause des mensonges et autres actes machiavéliques de ses dirigeants. Et il faut éviter surtout au nom des principes du fonctionnement d’un certain service public de l’audiovisuel de cautionner certains  actes politiques par notre travail.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon aimaient le continent africain, des millions d’africains aimaient certainement leur travail, mais hélas, le continent peut-être souvent barbare à cause de ses élites. Ce qui nous plonge souvent dans des conflits au péril de la vie des professionnels de l’information comme c’était le cas avec Jean Hélène en Côte d’Ivoire.

Face à la duperie politique et aux mensonges d’Etat partout dans le monde, restons toujours professionnels au nom du public pour au moins donner sens au fait de recevoir des médailles à titre posthume et mettre du baume sur le cœur de nos proches et ceux qui nous aiment quand en tant que professionnels dans l’exercice de notre profession, on est blessé ou mort.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon ne sont pas morts pour rien. Depuis ce 2 novembre 2013 la réalité de la situation au Mali est revenue au devant de la scène grâce à ces deux « historiens au jour le jour » qui pratiquaient « le plus beau métier du monde ».
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Dimanche 3 Novembre 2013 - 15:40


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