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Présidentielle en Tunisie: duel Essebsi-Marzouki au second tour

Il y aura un second tour des élections présidentielles en Tunisie d’ici la fin décembre. Les électeurs vont devoir départager Béji Caïd Essebsi, leader de Nidaa Tounes, arrivé en tête des législatives, et le sortant Moncef Marzouki du Congrès pour la République. Les résultats sont plus serrés que prévu : 6 points séparent les deux candidats et les consignes de vote des perdants sont très attendues.



Conférence de presse de l'instance électorale, l'ISIE, à Tunis, le 25 novembre 2014. REUTERS/Zoubeir Souissi
Conférence de presse de l'instance électorale, l'ISIE, à Tunis, le 25 novembre 2014. REUTERS/Zoubeir Souissi

Avec 39,46% des suffrages, Béji Caïd Essebsi confirme la première place de Nidaa Tounes. Il a fait campagne contre les islamistes d’Ennahda, et pour un Etat fort, mettant en avant son expérience de Premier ministre de transition, et de ministre sous Bourguiba, sans évoquer sa très brève présidence du parlement sous Ben Ali. Sa base est très large. Nidaa Tounes compte aussi bien des figures de gauche que des cadres de l’ancien régime.

La surprise Marzouki

C’est justement contre ces derniers qu’a fait campagne Moncef Marzouki, brandissant la menace de la contre-révolution. Il obtient plus de 33% des voix, bien mieux que le score obtenu par son parti aux législatives.

Le président sortant, sous le feu des critiques pendant des mois, très affaibli aux législatives d’octobre, a finalement su attirer les opposants à Nidaa Tounes mais aussi les électeurs d’Ennahda qui n’avait pas de candidat. Ce résultat, de l’avis de tous, n’a été possible qu’avec le vote des islamistes, même s’ils se sont défendus d’avoir donné une quelconque consigne : « C’est un homme mort politiquement, mais ressuscité grâce à Ennahda » commente un politologue.

Arbitres du second tour

Plusieurs candidats pourront arbitrer le second tour, dont Hamma Hammami, leader de gauche, le troisième homme de cette élection avec un peu moins de 8% des suffrages. Il devrait donner une consigne de vote en fin de semaine. Décision délicate au vu des différentes tendances de son Front populaire. Il pourrait aussi n’appuyer personne.

Restent encore les hommes d’affaires populistes Hechmi Hamdi et Slim Riahi, qui cumulent à eux deux 11% des suffrages – un chiffre qui illustre à quel point la classe politique est discréditée, comme le confirme le faible taux de participation, notamment chez les jeunes. L'idéologie trouble de ces deux richissimes hommes d'affaires laisse toutefios difficilement présager de leur choix.


Béji Caïd Essebsi contre Moncef Marzouki : portraits croisés

Béji Caïd Essebsi, c'est d'abord le lien charnel avec l'ancien président Bourguiba. Le fondateur de Nidaa Tounes fut d'ailleurs ministre de l'Intérieur et de la Défense du père de l'indépendance tunisienne dès 1969, et se revendique aujourd'hui de son héritage destourien.

Pour le capital historique, son rival Marzouki a pour lui ses années d'opposition à Ben Ali passées en exil en France. Même si ses trois années de président passées sous les ors de l'ancien palais de Ben Ali les ont quelque peu estompées dans le souvenir des Tunisiens.

Les deux hommes ont fait leur retour en politique au lendemain de la révolution. Béji Caïd Essebsi comme Premier ministre de transition, Moncef Marzouki comme président à la faveur de son alliance avec les islamistes d'Ennahda, au lendemain de leur victoire en 2011.

Cette fois, son score-surprise de 33,43% au premier tour de la présidentielle a déjoué les pronostics des sondages. Ce qui lui vaut aujourd'hui d'être accusé par son rival arrivé en tête avec 39% des voix d'avoir été soutenu en sous-main par des cadres d'Ennahda, des islamistes, des salafistes et même des jihadistes qui sont pourtant connus pour leur refus du vote et de la démocratie.

Des cheikhs salafistes comme Bechir Ben Hassen qui ont appelé à voter pour lui l'ont aussi soutenu dans sa campagne. Tout au long, Béji Caïd Essebsi a lui fait campagne contre les islamistes alliés de Marzouki, dénonçant en particulier leur bilan sécuritaire après deux assassinats politiques, mais aussi leur bilan économique avec des inégalités régionales et un chômage qui persiste.


Rfi.fr

Mercredi 26 Novembre 2014 - 11:52


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