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Qui a peur du référendum ? (Abdou Mbow)



Qui a peur du référendum ? (Abdou Mbow)
Les réformes constitutionnelles au Sénégal offrent généralement l’occasion à notre classe politique d’interroger en profondeur notre rapport à la légalité,  à la légitimité, à la démocratie et à la République. La limitation du mandat présidentiel ainsi annoncée par le Président de la République et le recours au référendum pour départager les différentes parties prenantes n’échappent  pas à la règle. Dans une contribution parue dans la presse et relayée par les sites d’information, le député Thierno Bocoum, qui poursuit le Président de la République et l’Alliance Pour la République (APR) d’une rancune tenace, s’emploie à démonter l’initiative, en clamant ses vérités et ses jugements de valeur, soutenus par un raisonnement fastidieux.

Adoptant déjà la posture d’un défenseur acharné de l’Assemblée nationale, le député dénie au Président le droit d’initier un référendum et demande à contourner le peuple sans aucune autre raison que la représentation parlementaire a exclusivement vocation à modifier les dispositions qui régissent la limitation du mandat président. Ses analyses imprudentes faites à partir de sa propre lecture de la constitution  amplifient les critiques sans fondements et font tomber sa plaidoirie

On lui laisse volontiers sa propre archéologie de la constitution et ses propres classifications sur les réformes constitutionnelles qui relèvent de l’Assemblée nationale, mais à rebours de ceux qui se sentent investis du droit de décider pour le peuple, nous avons la faiblesse de croire que sur une réforme aussi essentielle et cruciale que celle de la durée du mandat présidentiel, il faut consulter le peuple souverain pour choisir les grandes orientations stratégiques, faire les grands arbitrages, décider du moment et de la date qu’il veut  bien être convoqué pour se rendre aux urnes.

Notre Assemblée nationale, quelle que soit son mode d´élection et sa représentativité, ne peut à elle seule voter une loi qui remet en cause la durée du mandat présidentiel. Il faut autre chose.
Le référendum est évidemment la bonne solution puisqu’il est en soit une pratique démocratique appropriée. Il se veut l´expression de la volonté de nos concitoyens sur un sujet précis, loin de l´ambiguïté et des positions d’un Parti politique en quête d’image après avoir sabordé son capital sympathie du fait de son manque notoire de prudence et de discernement, une de ses principales caractéristiques.

Les Sénégalais ont toujours montré que face à des défis de l’heure, ils font plus preuve de constance et de modération que ceux qui sont sensés parler à leur nom.

Ensuite, comment faire comprendre à notre député, « militant des grandes causes » que  le chef de l’Etat est, par nature,  le garant de l’unité nationale. A ce titre, il a besoin de donner toute la solennité nécessaire à l’action civique. Il a également l’impérieux devoir de consulter les populations pour qu’elles se déterminent clairement sur leur propre calendrier électoral et de dégager un horizon clair pour l’action.

Sans entrer dans les autres considérations qui relèvent plus d’un débat politicien, nous sommes encore nombreux, les Sénégalais, qui estiment que notre plus grand défi, c’est de sortir de ce vice politique national qui considère que les hommes politiques sont les seuls dépositaires de la légitimité. Cette querelle de légitimité que nous faisons souvent au peuple ne nous honore pas. Nous avons été élus pour prendre des décisions au nom du peuple, mais pas  pour se substituer à lui. Laissons-lui le soin de parfaire sa Constitution.

Abdou MBOW
Député, vice Président de l’Assemblée nationale

Pape Moussa BA (stagiaire)

Jeudi 14 Août 2014 - 12:09


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