Dans leur parcours, tout ou presque oppose les deux candidats. Sous Ben Ali, Moncef Marzouki, opposant de gauche et défenseur des droits de l’homme, exerçait sa profession de médecin en exil en France. Après le coup d’État de 1987, Beji Caïd Essebsi est déjà ancien ministre de l’Intérieur de Bourguiba et devient président du Parlement, avant de se tourner vers une carrière de diplomate.
Au lendemain de la révolution, les deux hommes font leur retour en politique. Beji Caïd Essebsi devient le Premier ministre de transition pour mener la Tunisie vers ses premières élections libres. Marzouki est président provisoire grâce à son alliance avec les islamistes d’Ennahda, vainqueurs des élections en 2011.
C’est à ce moment-là que Beji Caïd Essebsi fonde son parti Nidaa Tounes. Il devient en deux ans la première force d’opposition héritière du « bourguibisme » et remporte les législatives d’octobre. Le parti capitalise sur l’anti-islamisme, le bilan sécuritaire et économique très contesté d’Ennahda.
Ces deux trajectoires expliquent aujourd’hui les positionnements de chacun : Beji Caid Essebsi en rempart contre l’islamisme et Moncef Marzouki en garant des acquis de la révolution contre le retour de l’ancien régime.
■ Les enjeux d'un vote historique
Le premier enjeu du scrutin sera que son résultat soit accepté. Distancé de six points par son rival au premier tour, Moncef Marzouki accusait pendant la campagne son rival de préparer des fraudes et s’est vu rappeler à l’ordre par la commission électorale. Quelle que soit l’issue du vote, ce sera de toute façon au parti de Beji Caïd Essebsi, vainqueur des législatives en octobre, de former le futur gouvernement. Pour cela, Nidaa Tounes, dont la victoire n’a pas été suffisamment large pour gouverner seul, devra s’allier avec d’autres partis pour trouver une coalition et obtenir une majorité parlementaire.
Dans la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2014, les pouvoirs du président de la République sont volontairement limités pour éviter tout retour à la dictature d’un seul homme après 23 ans de « benalisme ». Pour autant, l’élection pour la première fois du président au suffrage universel direct confère une onction et une légitimité nouvelle à la fonction. Une fois au pouvoir, le président devra ensuite répondre à deux urgences : la montée du jihadisme et une économie toujours plombée par un taux de chômage très élevé.
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