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​MAMOUSSE DIAGNE : LE PHILOSOPHE ARC-EN-CIEL



​MAMOUSSE DIAGNE : LE PHILOSOPHE ARC-EN-CIEL
« La mise en scène est une « ruse de la raison orale » face aux contraintes d’un contexte où « les paroles ailées », selon la juste expression d’Homère, volent de bouche à oreille et où l’Oubli n’est que l’autre nom de la Mort » Mamoussé Diagne, Le Preux et le Sage

   Si l’image est une forme de mise en scène, qu’il nous soit permis d’en user pour rendre hommage à un digne fils du pays, un homme dont l’exemplarité ne souffre d’aucune contestation : le professeur Mamoussé Diagne, le philosophe arc-en-ciel. J’aurais été un orfèvre, j’aurais gravé ton nom plein de poésie sur de l’or, mais je ne suis qu’un piètre chroniqueur et ce n’est que sur du papier que je peux chanter ta gloire. 

  Dans ce ciel universitaire plein de nuages, il y a un arc-en-ciel qui raye l’horizon pour donner espoir et vie à un monde profondément déshérité. Cet arc-en-ciel, objet de curiosité et d’émerveillement dans le cosmos, est le nom allégorique d’un homme qui a tout donné à l’enseignement de la philosophie dans son pays : Mamoussé Diagne.

   L'énigmatique beauté de l'arc-en-ciel est un défi que la nature lance à l’homme. L’arc-en-ciel dont l’incommensurable altitude constitue le mystère de la magnificence est le symbole de la diversité dans l’unité, de la tolérance et de l’humanisme. Ce n’est pas un hasard si l’apparition de l’arc-en-ciel est contemporaine à la pluie ; cette généreuse pluie qui arrose la terre et qui fait germer des plantes aux goûts les plus divers. L’arc-en-ciel s’élève dans le ciel comme pour nous suggérer que c’est dans l’élévation que réside la beauté tandis que tout ce qui est bas est laid. C’est cet arc-en-ciel que nous avons choisi comme avatar pour célébrer un homme dont la générosité et la fécondité intellectuelle sont d’une étincelante vivacité.

  Mamoussé est le professeur de philosophie qui enseigne sans endoctriner, qui vous forme sans vous déformer, car il a foi en la capacité de chaque étudiant d’accéder à l’universalité du savoir. De Platon à Sartre en passant par, Rousseau Kant, Hegel, Marx, Nietzsche, etc., le philosophe arc-en-ciel vous livre un enseignement qui préfigure sa conception de la philosophie et, probablement de l’homme : la tolérance. Si Pythagore l’architecte du mot philosophie a, par modestie, refusé le « titre » de sage au profit de celui d’amoureux de la sagesse, c’était assurément pour semer les germes de l’esprit de tolérance (respect de la différence) qui est la trame de fond de toute activité philosophique digne de ce nom. Car comme le dit Husserl, « le monde de la vie » ne peut s’élaborer que dans l’intersubjectivité, dans « l’échange et le partage » : toutes nos conceptions du monde se complètent même si elles s’opposent.

  Mamoussé, sans doute fidèle à cet esprit, vous fait découvrir tous les philosophes avec la même passion, la même allégresse dans la pensée et la même ferveur intellectuelle. Un cours de philosophie de Mamoussé Diagne est d’une préciosité insondable, car le concept y rencontre si merveilleusement le verbe et l’allure, qu’on a l’impression que le professeur est lui-même le concept incarné, le concept en chair et en os. Quand cette scintillante silhouette ébène prononce un cours magistral devant les étudiants, le silence de cathédral qui règne dans la salle explique abondamment l’attention religieuse que ces derniers portent à ses paroles.

  Mamoussé, celui que le professeur Djibril Samb surnomme le « maître de la parole juste » est le pédagogue qui a fait de la pédagogie une rencontre heureuse de la science et de l’art, une symbiose de philosophie et de poésie. Chez Mamoussé la science se transfigure en œuvre d’art : ce que le verbe dit, le corps, dans son entièreté, le montre avec élégance et sobriété. Ses élans parfois lyriques sont la nécessaire cadence des notions éthérées qui, sans la force de l’image, pourraient égarer les auditeurs dans les nuées de la pensée philosophique. 

   Mamoussé est la profondeur incarnée dans la simplicité, il est le GAI SAVOIR, au sens d’un génie artistique au service de la profondeur de la pensée conceptuelle. De sa science, il a irrigué tellement d’esprits dans ce pays qu’on ne peut qu’être étonné et révolté de voir que les honneurs qu’il mérite ne lui soient pas entièrement rendus. De son génie, il a bercé des âmes juvéniles et fragiles ; il a apaisé ou encadré la dévorante et insatiable curiosité des jeunes pour leur éviter la perdition.

    Mamoussé mérite toutes les distinctions que la république peut offrir à ses dignes fils. C’est un héros qui a fait de l’enseignement de la philosophie une œuvre de charité, un instrument d’humanisme, une propédeutique à la vie sobre, mais heureuse. Personne ne peut détester la philosophie si son chemin académique croise celui de Mamoussé Diagne. Ouvert à tous les univers philosophiques sans jamais renoncer totalement à la tradition, le philosophe arc-en-ciel personnifie l’avenir d’une Afrique fière et décomplexée dans un monde mondialisé. Nous n’avons pas de Panthéon destiné à accueillir les grands hommes que la patrie veut offrir comme modèles, mais nous avons nos cœurs pour vous y loger éternellement. Un pays dans lequel le lutteur le plus modeste a plus de prestige que les grands intellectuels n’est pas dans le sérieux et c’est inquiétant ! Les peoples ne peuvent pas incarner l’avenir d’un pays ambitieux même s’ils snobent le peuple par une manipulation médiatique à grande échelle.

  « Les Grecs, disait Nietzsche, étaient superficiels par profondeur ». Il a sans doute raison car leur jovialité, leur goût prononcé pour l’énigme, leur mythologie parfois infantile, étaient l’expression déguisée d’une découverte insoutenable : l’absurdité et l’extrême contingence de l’existence. Cette vie qui est en dernière instance une mer qui coule vers des destinations que nous ne pouvons appréhender que superficiellement, nous incline chaque jour à la modestie. Il n’y a pas de vocation au-dessus de celle consistant à former les jeunes, à les inciter à prendre conscience de l’immensité de la tâche de l’homme face à cette énigme de la vie. Tel Socrate avec les jeunes grecs, Mamoussé a fait de la propédeutique à la philosophie un sacerdoce ; Mamoussé est un don que Dieu a fait à notre génération.

   L’enseignement est tellement sacerdotal que seul un héros peut exercer cette profession avec la constance et la ferveur qui caractérisent Mamoussé. Élégant jusque dans le verbe, mesuré jusque dans la plastique, Mamoussé a enthousiasmé tous les étudiants de philosophie sans jamais en froisser un seul. Personne ne peut haïr Mamoussé parce qu’il est un condensé de toutes les vertus d’un intellectuel et de toutes les qualités d’un sage. Il est des êtres nobles, doux et généreux, dont la simple vue vous remplit tellement le cœur de bonheur que vous en déduisez que votre vie sans eux serait une erreur. Pour vous exprimer notre infinie gratitude nous emprunterons au poète soufi Jalal-ud-Din Rumi son sublime vers « Par-delà les valeurs du bien et du mal, il y a un champ, c’est là-bas que je te retrouverai ».

Alassane K. KITANE, professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès


Lundi 17 Juillet 2017 - 20:11


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