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​Paix et Sécurité en Afrique: L’échec du «craton diplomatique»



​Paix et Sécurité en Afrique: L’échec du «craton diplomatique»
L’organisation de la deuxième édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, tenue du 9 au 10 novembre 2015, vient illustrer encore une fois, l’échec des autorités compétentes dans la réussite du «craton diplomatique» prônée par le chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall, à l’entame de son accession à la magistrature suprême. La première édition a eu un succès retentissant avec la présence de quatre (4) chefs d’Etat du continent: le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Kéita, le président de la République Islamique de Mauritanie Mouhamed Ould Abdel Aziz, le président de la République du Tchad Idriss Déby Itno et le président de la République du Sénégal Macky Sall. Cette année, le président de la République du Sénégal n’a reçu aucun chef d’Etat africain pour les besoins de l’évènement. Que de délégations. La représentation à un très haut niveau en a pris un sacré coup, malgré la participation honorable des délégations de pays et d’organisations sous régionale du continent.
 
Pourtant, les questions de paix et de sécurité intéressent au plus haut point l’Afrique qui subit de plein fouet les barbaries d’illuminés qui, par une interprétation erronée de l’Islam sciemment orchestrée, sèment la terreur, inquiètent et menacent la stabilité des Etats, la libre circulation des biens et des services, nous plongent dans une situation d’extrême insécurité.  Dans ces pays touchés par le terrorisme, impossible de circuler librement à cause des mesures draconiennes prises par les gouvernements pour endiguer la menace terroriste. Pire, à un niveau personnel et interpersonnel, difficile de s’acquitter convenablement de sa prière du vendredi et des prières de l’Eid. C’est dire que la menace terroriste est réelle dans notre continent, encore dépourvu de moyens efficaces pour y faire face, nécessitant ainsi la mobilisation de tous les moyens des pays limitrophes, le partage des informations, pour lutter de la façon la plus efficace le terrorisme, qui vient s’ajouter à la longue liste de maux dont souffre l’Afrique: la pauvreté, la misère, la corruption, les problématiques d’accès à l’électricité, aux soins de santé, d’autosuffisance alimentaire et de sécurité alimentaire etc. Et pourtant sans la paix, la stabilité et la sécurité, impossible de penser «Développement».
 
C’est dire que le Sénégal a tout intérêt à revoir sa diplomatie de proximité. On se souvient encore du coup de froid diplomatique entre le Sénégal et le Mali qui venait tout juste d’élire le président Ibrahim Boubacar Kéita, qui a réservé ses premières visites officielles au Tchad, au Burkina, au Togo, au Niger et en Côte d’Ivoire, en ignorant royalement le Sénégal. On se souvient de l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola qui a suscité la colère des autorités de Conakry, après que le Sénégal ait décidé souverainement de fermer ses frontières. On se souvient aussi du «fiasco» diplomatique voire du cafouillage dans la résolution de la crise politique au Burkina Faso. Alors que le président Macky Sall a pourtant réagi à chaud en faisant le déplacement au Burkina Faso, en sa qualité de président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), en compagnie du chef d’Etat Béninois, Thomas Boni Yayi, médiateur dans cette crise. Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont certes fait leur devoir, mais le dénouement de la crise est venu des hommes intègres. Les relations diplomatiques entre le Sénégal et la Gambie ne sont pas toujours des meilleurs.
 
A propos de la coopération régionale, un sommet CEDEAO et CEEAC était attendu, mais tarde à se concrétiser réellement. Au moment où les pays d’Afrique Centrale, membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad et le Bénin, ont créé et mis en place la Force Multinationale Mixte qui se déploie de manière effective pour endiguer la menace terroriste de Boko Haram. Le Nigeria, première économie d’Afrique, revient en force avec l’élection du président Muhammadu Buhari qui a déjà fixé le cap pour son pays, en particulier pour combattre les foyers de terrorisme encore présents dans le nord du pays. Le Nigéria, géant de la CEDEAO, s’est lié avec des Etats limitrophes d’Afrique Centrale pour la lutte contre Boko Haram. Le Sénégal semble ainsi victime des contrecoups de son rayonnement diplomatique dans l’Hexagone, trop porté sur l’extérieur et les organisations internationales, que sur le continent et les relations entre Etats africains. Il y a urgence à consolider les relations entre les pays de la CEDEAO, de la CEEAC, et d’autres organisations sous régionales. Le Sénégal n’a certainement pas à s’enorgueillir d’une démocratie occidentale qui le tire vers le bas ou maintient le pays dans un statu quo qui ne favorise guère son développement.
 
Selon un document de l’Elysée, «le Chef de l’Etat Sénégalais, Macky Sall, a encore montré, à la face du monde, son engagement et sa détermination vis-à-vis du peuple sénégalais et de l’Afrique». Le Quai d’Orsay de poursuivre: «le président Sall a illustré son panafricanisme devant le peuple français. La France souhaite voir d’autres Chefs d’Etats participer à cette nouvelle ère, pour que l’Afrique tant rêvée par les Africains puisse voir le jour». C’est sans appel. Pour le reste, le président Macky Sall se singularise de nos jours par des déclarations tous azimuts sur les questions de terrorisme. Des condamnations de principe importantes certes, qu’il ne faut pas seulement limiter aux déclarations musclées et discours fermes. Aucun pays africain, à lui seul, ne peut combattre le terrorisme qui est une menace sécuritaire transversale, qui demande la coopération militaire des pays limitrophes et des grands ensembles communautaires. Les questions sécuritaires se gèrent plus efficacement dans la discrétion la plus totale, en donnant aux forces de défense et de sécurité les moyens nécessaires pour sécuriser les populations. Ce n’est pas toujours par des déclarations incendiaires qu’on combat le terrorisme, au risque de soulever le tollé pour un RIEN.
 
Aussi, faudrait-il prendre le soin de bien définir ce que c’est ce le voile intégral et voir ce qu’en dit la religion d’Allah. Tout doit être fait dans l’Information, l’Education et la Communication, à travers des cadres de concertation entre les principaux acteurs et des sensibilisations à l’endroit des populations. Sur ce, les partages d’informations venant des pays affectés par le terrorisme est une nécessité absolue. En cela, les pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad et le Bénin, à travers le déploiement de 8700 hommes, des troupes composées des forces armées tchadiennes, nigérianes, nigériennes et camerounaises, ont montré la voie. C’est un exemple unique en Afrique, à consolider. Que le bon DIEU préserve le Sénégal de toutes forces d’extrémisme et d’ostracisme !
Cheikhou Oumar SOW
Journaliste


Mercredi 11 Novembre 2015 - 14:58


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