AUDITIONS: La leçon de Nicolas Sarkozy aux hommes politiques sénégalais

Au moment où les auditions de personnalités soupçonnées d’enrichissement illicite soulèvent beaucoup de commentaires et même des scènes de violence, l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy a fait face aux enquêteurs de son pays. Une belle leçon de respect des institutions que les hommes politiques sénégalais doivent copier.



 

Les hommes politiques sénégalais qui sont enclins à copier sur la France devraient suivre l’exemple des personnalités de l’hexagone. Ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy a été auditionné hier à Bordeaux. La justice de son pays voulait savoir s’il a perçu des fonds provenant de la milliardaire, Mme Bettencourt pour le financement de sa campagne électorale de la présidentielle de 2007. Martine Aubry, une des éminentes personnalités de la gauche française a été récemment auditionnée pour une affaire qui date des années 80.
Nicolas Sarkozy est parti répondre aux questions des enquêteurs sans tambour, ni trompette. Aucun militant n’est venu l’acclamer pour tenter d’influencer la justice. Sarkozy a même trompé la vigilance des journalistes qui ont voulu immortaliser son passage devant les enquêteurs en passant par la porte laquelle la presse l’attendait moins.  Aucun militant de la droite n’a fait le pied de grue devant le bâtiment qui a abrité son audition. Preuve que les citoyens de l’hexagone font confiance en leur justice. Au même moment, au Sénégal les hommes politiques se mobilisent devant la caserne Samba Diery Diallo pour soutenir le fils de l’ex-président de la République auditionné dans le cadre des enquêtes sur les biens mal acquis.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom et son ex-collègue, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy et d’autres militants du Parti démocratique sénégalais ont fait le pied de grue à Colobane jusqu’à 2 heures du matin. Les anciens ministres du Pds ont même semblé oublier les  valeurs des institutions qu’elles ont eu à gérer.  Ne doivent-ils pas faire confiance à la justice du Sénégal ? Leurs attitudes ne contribuent pas à renforcer l’indépendance de la justice. La démarche des jeunes de l’Alliance pour la République (Apr) ne vise pas non plus à renforcer la neutralité des institutions chargées de dire le droit. Des jeunes du parti de président Sall ont provoqué hier les militants du Pds, créant de vives altercations devant la caserne Samba Diéry Diallo. Cette image n’honore pas « les Apéristes ». Certes ils peuvent légitimement défendre leur leader, mais pas en s’attaquant à leurs adversaires.
Depuis le déclenchement des enquêtes, les Gendarmes semblent s’acquitter de leur devoir dans le calme et la sérénité. Que les Sénégalais aient confiance aux hommes de Loi pour trancher tous les dossiers judiciaires. Qu’ils n’aient pas honte copier encore sur la France. Les gendarmes et les magistrats mesurent sans doute l’ampleur des décisions qu’elles seront amenées à prendre. Elles savent que la crédibilité de nos institutions et le renforcement de la démocratie sénégalaise sont entre leurs mains.  La stabilité du pays aussi. L’histoire récente des membres du Conseil constitutionnel qui ont validé la candidature de Wade malgré l’opposition du peuple et des juristes du pays va manifestement leur servir d’exemple. L’erreur n’est pas permise. 

Issa Ndiaye

Samedi 24 Novembre 2012 00:05


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