Affaire Karim : A qui profite un long procès ?



Près d’une semaine après son ouverture, le procès de Karim Wade peine à progresser pour élucider les soupçons d’enrichissement illicite contre le fils de l’ex-président de la République du Sénégal. Les avocats de M. Wade et ceux de l’Etat mènent une âpre bataille autour de la procédure à emprunter pour juger l’ancien ministre des infrastructures, des transports aériens, de la coopération internationale et de l’énergie. Tout laisse croire que le procès va tirer en longueur. Autrement-dit, il risque de durer plusieurs mois. A qui profite un long procès ?

 
Les avocats de Karim Wade, en plus de se battre à la barre au profit de leur client, mènent la bataille d’opinion via les conférences de presse et les interviews dans les médias. Objectif, faire croire à l’opinion publique que leur client est jugé arbitrairement. A force que le dossier traine, ils espèrent visiblement susciter un effet de lassitude chez les citoyens. Ceux-ci pourraient dire que l’Etat est incapable sortir des preuves contre Karim Wade. Et un élan de sympathie vis-à-vis de Karim Wade pourrait se développer. Mais cette stratégie peut avoir un effet contraire. Pour preuve, pendant les deux premiers jours d’audience, il y avait une forte mobilisation des militants du Parti démocratique sénégalais (Pds)  pour soutenir Karim Wade. Mais au troisième jour, la mobilisation a faibli. Il n’y avait pas beaucoup de monde. En plus, les médias nationaux et internationaux qui avaient pris d’assaut le tribunal ont semblé prendre du recul pour certainement se concentrer sur d’autres informations plus fraiches. Si le Pds espérait à travers la mobilisation mettre la pression sur le pouvoir et les juges, il est sur le point d’échouer.
 

 Les avocats de l’Etat semblent comprendre le manège des libéraux. C’est pourquoi, ils affichent leur détermination à vider vite le dossier. Ils sont en phase avec le procureur spécial, Alioune Ndao qui a demandé au juge d’ordonner aux avocats de la défense de rassembler toutes les exceptions qu’ils souhaitent soulever pour permettre à la Cour de trancher afin d’attaquer les choses essentielles. Les avocats de l’Etat ne veulent pas aussi laisser le terrain de la bataille d’opinion à leurs confrères de l’autre côté. C’est certainement à cause de cela que Me El-hadji Diouf multiplie les sorties dans les
média. Cependant, quelle que soit la stratégie développée par les deux camps, le juge de la Crei,  Henry Grégoire Diop semble bien armer pour faire face. «  La Cour est déterminée à tenir le procès. Nous resterons le temps qu’il faudra pour juger ce dossier », a-t-il laissé entendre. Comme pour dire qu’il est imperturbable.

Issa Ndiaye

Mercredi 6 Aout 2014 12:44


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