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Afrique du Sud: Jacob Zuma, 20 ans d’affaires

Il était devenu trop gênant et a été poussé à la démission par son parti, l'ANC. Jacob Zuma a lâché prise mercredi soir et annoncé son départ de la présidence de l'Afrique du Sud au terme d'un long discours à la télévision. Et ce sont les affaires dans lesquelles il est impliqué qui ont incité son parti à le lâcher.



La plus vieille affaire qui hante le chef de l’Etat, ce sont les 783 chefs d’inculpations pour fraude, racket et corruption. A la fin des années 90, Jacob Zuma est vice-président du parti au pouvoir et il est accusé d’avoir accepté des pots-de-vin dans le cadre d’un contrat d’armement public avec la société française, Thalès. En 2008, les charges sont abandonnées pour vice de procédure ouvrant la voie à son élection à la présidence. Aujourd’hui, ces charges pourraient bien être rétablies, la justice ayant conclu que leur abandon n’était pas justifié.
 
Il y a également un scandale privé qui a beaucoup choqué les Sud-Africains, c’est une ancienne affaire de viol. En 2005, Jacob Zuma est accusé d’avoir violé une jeune femme de 31 ans, une amie de la famille. Lui a toujours nié les accusations, disant que la relation était consentante alors que la jeune femme a porté plainte. Ce qui a profondément choqué les Sud-Africains, c’est que la jeune femme était séropositive. Elle est d’ailleurs décédée depuis. Et Jacob Zuma avait admis ne pas avoir utilisé de préservatif, mais s’était justifié indiquant avoir pris une douche après, pensant que c’était suffisant pour se protéger. Dans un pays touché de plein fouet par l’épidémie de VIH-sida, cette réponse désinvolte du chef de l’Etat a fait scandale. Et lui a valu une caricature célèbre, où on le voit avec un pommeau de douche au-dessus de la tête.
 
Mais pour le biographe Jeremy Gordin, la grosse erreur de Jacob Zuma, ce sera l’affaire Nkandla  qui éclate pendant son second mandat. Le président est accusé d’avoir utilisé près de 20 millions d’euros d’argent public pour rénover sa résidence privée. Après des années de procédures judiciaires, il a été reconnu coupable par la plus haute cour du pays d’avoir enfreint la loi et doit rembourser une partie de l’argent.
 
Pour Jeremy Gordin, ce sera sa plus grosse erreur : « Il a vraiment commis une erreur. C’est le même genre de bêtise que quand il a limogé son ministre des Finances Pravin Gordhan. Le procureur de la République a sorti son rapport, il aurait juste dû dire, 'OK j’ai fait une erreur'. A la place, il a voulu se battre, ignorer la loi en se disant que ça allait passer. Et la justice a dit 'non, vous avez enfreint la Constitution en refusant d’obéir à la médiatrice'. Jusqu’à la fin, il a été vraiment mal conseillé. Mais pendant tant d’années, dans les années 1990 et début 2000, il a été poursuivi par la justice et à chaque fois il s’en est sorti sans problème ».
 
L’affaire Gupta
 
Finalement, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, ce sont ses liens avec la famille Gupta. Il s’agit d’un autre rapport de la médiatrice de la République sorti en 2016, et qui révèle l’étroite collusion entre le chef de l’Etat et une richissime famille d’hommes d’affaires indiens. Les Gupta sont accusés d’utiliser leur relation avec Jacob Zuma pour lui imposer la nomination de certains ministres leur étant proches ou pour d’obtenir des contrats publics. Le chef de l’Etat a avoué être un ami des Gupta, mais a toujours nié leur accorder des passe-droits.
 
Et pourtant en 2013, les Gupta font atterrir sur une base militaire sud-africaine un avion privé transportant leurs invités à un mariage. L’affaire fait scandale et suscite de nombreuses questions sur les privilèges qui leur sont accordés. Le rapport de la médiatrice va révéler l’ampleur de l’ingérence de cette famille dans les affaires de l’Etat. Près de 355 pages détaillant les contacts, des rencontres, des conversations entre différents membres du gouvernement et la famille Gupta.
 
En échange de quoi ? La question se pose. Plusieurs des membres de la famille Zuma travaillent pour les Gupta, notamment Duduzane Zuma, le fils de Jacob Zuma. Le reste n’est que spéculation : argent sur des comptes à l’étranger ? Résidence à Dubaï ? La médiatrice de la République a demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire sur de possibles « crimes » de corruption commis au sommet de l'Etat. La contestation avait même gagné le parti au pouvoir, l’ANC.

Rfi.fr

Jeudi 15 Février 2018 - 16:13


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