Annulation de la vice-présidence : les députés déboutés attendent Wade de pied ferme

Le conseil constitutionnel s’est encore déclaré incompétent pour donner un avis sur le recours en annulation du projet de loi sur la vice-présidence. Une décision qui a soulevé l’ire de l’opposition parlementaire qui plaide pour une requalification de notre démocratie. Elle a, en outre, demandé les sénégalais ainsi que les acteurs politiques à prendre à bras le corps ce problème de démocratie. Les députés de l’opposition veulent faire de l’annulation de ce poste une condition pour mener un dialogue politique.



les députés de l'opposition Imam Mbaye Niang, Ousmane Sow Huchard et Me Ndèye Fatou touré (Photo: Nettali.net)
Le conseil constitutionnel a débouté l’opposition parlementaire qui a avait déposé un recours en annulation du projet de loi instituant le poste de vice-président. Les cinq sages de cette juridiction se sont tout simplement déclarés incompétents. L’avis a encore suscité une volée de bois vert du côté de l’opposition qui fustige notre démocratie. «Objectivement, on peut dire aujourd’hui que nous n’avons pas de juge constitutionnel. En fait, on a besoin d’avoir une interprétation réelle sur la constitutionnalité de nos lois. Si les gens qui ont été choisis pour nous éclairer sur ces points se déclarent incompétents sur tout ce qui relève de ce cadre-là, cela pose énormément problème», s’indigne le secrétaire général du Front pour le Socialisme et la Démocratie/Bennoo Jubel (FSD/BJ) et député, Bamba Dièye. Pour lui, «cela prouve tout simplement ce que nous avons toujours dénoncé : l’hypertrophie de l’exécutif sur toutes les autres institutions dans ce pays. Et cela décrédibilise la démocratie».

Le député-maire de Saint louis de déclarer : «on ne veut pas un schéma à la béninoise où c'est le conseil constitutionnel que la loi donne droit et obligation de se prononcer sur les textes de loi constitutionnelle et qui n’a qu’une seule forme de réponse, il y a problème». Cheikh Bamba Dièye a estimé que «cela pose un autre problème qui est l’urgence de requalifier notre démocratie. Les populations sont interpellées au même titre que les acteurs politiques. La construction d’un Etat, d’une République a un préalable».

Le secrétaire général du Mouvement pour la Réforme Sociale et le Développement (MRDS), Imam Mbaye Niang se dit ne pas être surpris par l’avis du conseil constitutionnel. «Avec cette saisine, nous avons voulu faire notre travail de député qui consiste à défendre les intérêts des populations. Nous savons tous que le projet est impopulaire, incohérent, décrié par une large frange des populations du Sénégal», a ajouté le député. Il a rappelé que «quand il a été défait à Dakar lors des élections locales du 22 mars, le président de la République a changé de fusil d’épaule en initiant cette loi instituant la vice-présidence. Il vise à installer son fils à la tête de ce pays. Les sénégalais lui ont montré par plusieurs manières qu’ils ne veulent pas de ce mode de dévolution du pouvoir».

Imam Mbaye Niang de revenir sur les précautions que l’opposition parlementaire avait prise pour bétonner le recours afin d’avoir gain de cause. «Ce recours a été bien préparé, bien travaillé. Les spécialistes du droit y ont planché et nous avons pris l’attache des constitutionnalistes. Les arguments que nous avons opposés au projet sont des arguments sur lesquels les juges du conseil constitutionnel pouvaient bien se fonder pour débouter le président de la République», a-t-il fait savoir. Le député du MRDS de souligner un problème de procédure et le fait que la vice-présidence n’est pas une institution.

Jean Louis Djiba

Lundi 22 Juin 2009 16:54


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