Assemblée nationale : Cheikh Tidiane Dièye adopte une approche de "rupture" face à la crise de l'Eau



Lors de la défense de son budget 2026 devant l'Assemblée nationale, Cheikh Tidiane Dieye, ministre de l'Hydraulique a reconnu l'urgence des défis de l'eau et de l'assainissement, tout en annonçant une stratégie de « rupture » axée sur l'équité territoriale et la réforme institutionnelle. L'examen, marqué par des interpellations vives des députés, a abouti à l'adoption du budget 2026 en forte hausse, signe de l'engagement du Gouvernement.
 
Le ministre a réaffirmé l'ambition nationale d'atteindre l'accès universel à l'eau potable d'ici à 2030, objectif aligné sur le sixième Objectif de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Cette volonté se traduit dans le budget 2026. Il a abordé la problématique de la dette cachée qui avait suspendu les décaissements de la Chine via « Exim Bank » pour la phase 2 du Projet d'approvisionnement en Eau potable dans le monde rural (prévoyant 85 forages).

Il a toutefois rassuré en informant que suite au déplacement du Premier ministre en Chine, les échanges sont en cours pour la reprise des décaissements, avec un ajout de 16 nouveaux forages dans des zones prioritaires (Médina Yoro Foulah, Ferlo, îles du Saloum et de la Casamance), selon le rapport.  Par ailleurs, un programme d’urgence de 10 milliards de FCFA est inscrit au budget pour les forages, ciblant notamment Koumpentoum.
 
Les députés ont mis en lumière les préoccupations du terrain notamment la pénurie urbaine et la salinité rurale. Ils ont dénoncé les coupures d'eau à Grand-Yoff et les difficultés d'accès à Rufisque (Sangalkam, Bambilor) et dans le Diéri (Podor) où le manque d’eau en zone pastorale affecte l'élevage. La salinité de l’eau dans l’arrondissement de Daroul Moukhty a également été soulevée comme un frein majeur aux activités agricoles.

Les élus ont déploré les pannes récurrentes des forages (KMS, Bounkiling) dues à un défaut d'entretien. Ils ont également pointé le coût élevé des branchements sociaux et des factures dans le monde rural, ainsi que la gestion déficiente de certains fermiers comme FlexEAU.III.
 
En réponse, le ministre a détaillé des mesures concrètes, s’inscrivant dans une logique de « rupture » avec le modèle actuel. Le ministre a annoncé que le plan quinquennal prévoit de réformer la gestion de l’hydraulique rurale en créant des sociétés mixtes (État, Collectivités territoriales, privé) sur le modèle de la SEN-EAU. M. Dièye a indiqué que le dispositif légal sera modifié pour garantir que toutes les 58 localités traversées par les autoroutes de l’eau seront désormais desservies.

Il a précisé qu’« aucune eau ne sera puisée d’une localité sans que celle-ci n’en soit pas effectivement approvisionnée », mettant fin à la distinction stéréotypée entre « hydraulique rurale » et « hydraulique urbaine », révélant que suite aux défaillances constatées, des instructions ont été données à l’OFOR pour entamer la procédure de résiliation du contrat d’affermage de la SOGES.B. La mise en service de l'usine de dessalement des Mamelles est imminente (500000m/jour).

Le ministre a rappelé les travaux d’assainissement et de drainage en cours (Touba, Dakar), et a assuré que le dossier de l'audit du Plan décennal de lutte contre les inondations (PDLI) est piloté par la Primature.  Selon Cheikh Tidiane Dièye, les textes relatifs au nouveau Code de l’eau et à la création de l'Autorité de régulation de l'eau (première institution du genre au Sénégal) sont prêts pour transmission au Secrétariat général du Gouvernement.


Vendredi 12 Décembre 2025 14:48


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