Au Pakistan, l'ancien Premier ministre Imran Khan accusé d'avoir divulgué des documents secrets

L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a été inculpé lundi pour divulgation de documents classifiés. En août dernier, il avait été brièvement incarcéré pour une affaire de corruption. À 70 ans, cette figure historique du Mouvement du Pakistan pour la justice est poursuivi dans plus de 200 affaires.



Les ennuis s'accumulent pour Imran Khan. Brièvement incarcéré en août pour corruption, l'ancien Premier ministre pakistanais a été inculpé lundi 23 octobre pour divulgation de documents classifiés, a annoncé la justice. "Il a été inculpé aujourd'hui", a déclaré le procureur Shah Khawar, de l'Agence fédérale d'investigations, devant la prison d'Adiala, dans le district de Rawalpindi, au sud de la capitale Islamabad, où il est détenu.
 
L'affaire concerne un câble diplomatique de l'ambassadeur du Pakistan aux États-Unis, qu'Imran Khan a présenté comme la preuve d'un complot américain, soutenu par les militaires pakistanais, contre lui. Les États-Unis et l'armée pakistanaise ont démenti cette affirmation.
Des faits passibles de 14 ans de prison Shah Mahmood Qureshi, ancien ministre des Affaires étrangères et numéro deux du parti fondé par Imran Khan, le Mouvement du Pakistan pour la justice (Pakistan Tehreek-e-Insaf, PTI), a également été inculpé dans cette affaire. Selon les avocats d'Imran Khan, cette accusation est passible de 14 ans de prison, voire, dans les circonstances les plus extrêmes, de la peine de mort.

Les deux hommes ont été inculpés en vertu de la loi sur les secrets officiels, qui date de l'époque coloniale, au cours d'une procédure "menée dans les locaux du tribunal, sans accès du public ou des médias", a déclaré un porte-parole du PTI. "Nous allons contester cette décision", a déclaré à la presse l'avocat de l'ancien Premier ministre, Umar Khan Niazi. "Le public est derrière Imran Khan."
En conflit avec les généraux pakistanais Âgé de 70 ans, cet ancien champion du monde de criquet avait déjà été emprisonné en août pour une affaire de corruption, mais la Cour suprême avait finalement jugé son arrestation "invalide et illégale"  et Imran Khan avait été libéré sous caution. Il était accusé d'avoir reçu des cadeaux alors qu'il était Premier ministre, dont il a sous-estimé la valeur avant de les revendre au prix fort. Il avait aussi été écarté par la Commission électorale de toute participation à des scrutins pendant cinq ans. 

Imran Khan est poursuivi dans plus de 200  affaires depuis son départ du pouvoir, début avril 2022, à la suite d’une motion de censure. L'ancien playboy était arrivé au pouvoir en 2018 en promettant d'améliorer la situation économique du pays et de lutter contre la corruption. Mais la situation ne s'est pas arrangé sous son mandat, et le très populaire homme politique s'est attiré les foudres de l'institution militaire, qu'il accuse de l'avoir fait tomber.

Après avoir été chassé du pouvoir, il s'était lancé dans une campagne de défiance risquée à l'encontre de l'armée, l'accusant de s'immiscer dans la politique intérieure, et désignant même un responsable des services de renseignements comme étant à l'origine d'une tentative d'assassinat à son encontre en novembre. Le 3 novembre 2022, Imran Khan avait été blessé à la jambe après des coups de feu survenus lors d'un rassemblement politique à Wazirabad,  dans la province du Pendjab, à l'est du pays.

Le Pakistan est actuellement dirigé par un gouvernement provisoire. Des élections, repoussées de plusieurs mois, doivent en principe avoir lieu en janvier 2024.

France 24

Lundi 23 Octobre 2023 09:53


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