Bes Du Niakk sur la mort de Bassirou Faye: «Ce que la décence exige… »



« C’est avec beaucoup de peine et de d’indignation que le Directoire National de Bes Du Nakk » dit « avoir vécu les derniers événements ayant secoué l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar causant des dégâts inestimables, des blessés graves, mais surtout le décès du citoyen sénégalais Bassirou FAYE,  étudiant en première année de mathématiques. Que Dieu l’accueille dans son paradis céleste. La décence exige quand il y a mort d’homme, dans des conditions aussi tragiques, de se donner le temps du deuil, du recueillement et des prières traduisant notre soumission à la volonté divine. Ce temps a été très long pour le citoyen sénégalais Bassirou Faye, pour sa famille, ses amis et ses camarades. Son corps n’a été récupéré que samedi dans la soirée, et ses funérailles effectuées le lendemain, dans la tristesse et la douleur pour la communauté universitaire, ses parents, le peuple sénégalais qui sont venus dans la consternation mais dans dignité l’accompagner dans sa dernière demeure ».
 
 
Les membres du Directoire « ayant pris part aux funérailles ont pu mesurer l’ampleur d’une telle perte. Il est inadmissible que des étudiants, quelqu’en soit le nombre, restent neuf (09) mois sans toucher leurs bourses. Il est inadmissible qu’on envoie les forces de l’ordre à l’intérieur de l’Université pour empêcher les étudiants de dénoncer cette situation. Il est inadmissible que les forces de l’ordre tirent sur eux,  les blessent et les tuent ».
 
Le Directoire national de Bes Du Nakk « présente ses condoléances les plus attristées à la famille éplorée, à la communauté estudiantine et universitaire et à la Nation sénégalaise et partage la douleur des étudiants blessés et leur souhaite un prompt rétablissement. Ce crime est d’autant plus inacceptable qu’il est perpétré sur un étudiant qui faisait des études dans une filière très pointue telle que les mathématiques, qui connaît aujourd’hui un déficit de vocation, que le pays mettra beaucoup de temps à rattraper. Bassirou Faye était l’un de nos espoirs ; c’est pourquoi c’est une perte immense pour le devenir du Sénégal ».
 
 
Serigne Mansour Sy Djamil et Cie exigent que «la lumière soit immédiatement faite sur ce crime odieux et innommable afin que le ou les responsables de quelque bord qu’ils soient se situent ainsi que le commanditaire puissent aux yeux de la Loi payer  de leur forfait ».
 
Le Directoire National « conscient des enjeux sur la stabilité sociale et la cohésion nationale que de pareils actes inqualifiables peuvent générer, attire encore une fois l’attention des autorités du Pays sur  le contexte sociopolitique actuel, profondément gangrené par des germes de violence et de conflits dont l’université est le théâtre ».
 
En effet, note le communiqué parvenu à Pressafrik.com, « depuis prés d’une dizaine d’années, la violence est récurrente au sein de l’UCAD avec la levée des franchises universitaires et l’intrusion des forces de l’ordre dans le campus social dont la dramatique conséquence a été  l’assassinat du regretté Balla Gaye, sous l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade. Il faut attaquer le mal à la racine : la crise universitaire se manifeste à tous les niveaux administratif, pédagogique, social, avec des conditions d’études, aggravées par une corruption avérée et une mercantilisassions des inscriptions et des enseignements au vu et au su de tout le monde ».
 
 
« C’est pourquoi », lance le Directoire national de Bes Du Niakk, «la crise de l’université ne se réduit pas à la seule question des bourses. Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités et dans le cadre d’une concertation nationale inviter les principaux acteurs à faire l’état des lieux pour avoir une juste perception de l’ampleur des dégâts, en informer la nation et  collectivement y trouver des remèdes pour que de telles soient définitivement éradiquer de l’Université ». Et consciente d’une telle responsabilité, la formation politique «se félicite du dialogue entamé sous la supervision du Chef de l’Etat afin de calmer les tensions,  et au-delà savoir réellement ce qui s’y passe et  trouver des solutions efficaces à la crise qui secoue le monde universitaire ».
 
 
Pour eux, « le Président de la République, constitutionnellement, a la responsabilité de définir la politique de la Nation y compris dans l’enseignement supérieur. En cas de succès comme d’échec, sa responsabilité est engagée. Mais le Directoire a la faiblesse de croire qu’une large concertation permettra au chef de l’état de mieux assumer  cette responsabilité. C’est pourquoi nous avançons les propositions suivantes sur lesquelles semblent s’accorder tous ceux qui sont conscients de la gravité de la situation :  Mettre en place un mécanisme permettant de payer les bourses à date échue, dégager les forces de l’ordre de l’Université, diligenter une enquête et situer les responsabilités, concevoir des procédures idoines pour que seuls les ayant droits puissent toucher leurs bourses, compenser toutes les victimes des événements de  l’Université, restaurer et respecter les franchises universitaires et poursuivre  des concertations  avec les  principaux acteurs jusqu’à leur terme.
 
 
Le Directoire National « lance un appel solennel à tous les acteurs du milieu universitaire, les syndicats d’enseignants, de travailleurs, d’étudiants pour l’ouverture d’une large consultation nationale pour une université nouvelle démocratique et patriotique dans la dynamique de la réforme  déjà envisagée par les autorités étatiques. Car notre pays et notre continent ne peuvent que compter que sur le développement des ressources humaines pour relever les grands défis qui les interpellent ».
 
 
D’une manière plus spécifique, Bes Du Niakk «invite les étudiants à ne pas aller dans ces concertations en rang dispersé. Ils doivent parler d’une seule voix au nom d’une seule organisation représentative de tous les étudiants. C’est le prix qu’il faut payer pour l’efficacité de leur intervention et la crédibilité de leur combat engagé à la suite d’un débat démocratique avec toutes les composantes du milieu étudiant sans exclusive. Ce n’est qu’à cette condition que les étudiants auront une meilleure compréhension des questions qui les interpellent et seront à même de mieux maîtriser leur devenir ». D’autant plus que selon la formation de Serigne Manspur Sy Djamil, député :
 

« Rien de grand dans les conquêtes des libertés démocratiques n’a été fait sans l’implication héroïque des organisations de la jeunesse et celles du mouvement étudiant (UGAO, RJDA, RJDS, FEANS, UED, UDES, AGES, etc..). C’est dans ce combat  qu’ont été formés tous les leaders patriotiques  avant et après l’indépendance : Cheikh  Anta DIOP, Ahmadou Mokhtar MBOW, Abdoulaye LY, Majmout DIOP, Ahmad DANSOKHO, Magatte THIAM Amadou DIENG Abdourahim AGNE, Doudou SINE, Issa FAYE et plus récemment Abdoulaye BATHILY, Landing SAVANE,Issa FAYE Marie Angélique SAVANE , Fama HANNE, Mbaye DIACK, Moctar DIACK, Moussa KANE, Mansour SY Djamil, Sémou Pathé GUEYE, Youssou DIALLO, Omar DIOP Blondin ( un autre martyr de la jeunesse sénégalaise assassiné en prison à l’âge de 26 ans), Diallo DIOP Blodin et tant d’autres de la nouvelle génération sont le produit du mouvement étudiant, qui a trempé les consciences patriotiques  même s’ils ont suivi des trajectoires différentes ».
 
Mieux, «le mouvement étudiant sénégalais a écrit, l’une des pages les plus belles de notre histoire politique. Lorsque les partis de la Gauche Classique ont été interdits,  et confinés dans la Clandestinité ce sont les organisations d’étudiants qui ont assumé, pendant longtemps, les revendications de leur milieu mais également celles de tout le peuple sénégalais pour son émancipation. Leur lutte n’a jamais été séparée de celle du peuple. Il faut renouer avec cette tradition  glorieuse et assumer  ce lourd héritage ».

 
« Moteur de notre développement, l’enseignement supérieur doit bénéficier d’une priorité absolue sur la formulation des politiques et des moyens à dégager pour leur mise  en œuvre. La réforme de l’Université attendue de longue date, pertinente dans ses objectifs mais qui mérite d’être revisitée dans sa phase opérationnelle, devrait jouer un rôle décisif dans ce domaine. L’Université n’a pas de prix  mais elle a un coût parce qu’elle forme les élites intellectuelles de demain dont le Sénégal a besoin pour la mise en œuvre des différentes stratégies de développement, pour attirer les investisseurs et les maintenir dans le pays. C’est pourquoi il convient de prendre la pleine mesure des exigences de notre époque où un moteur situé à New York traite en une minute des milliards d’informations. Dans ce pays les cours commencent au mois de Septembre et non au mois de Mai c’est la pratique au Sénégal. Comment sortir de ce paradoxe est une question essentielle pour les générations d’aujourd’hui.
 
 
En ce moment tragique de notre vie nationale, où un jeune étudiant, espoir de notre pays a été arraché à l’affection des siens, interrompu dans son développement intellectuel, le Directoire National de Bes Du Nakk invite, instamment, tous les acteurs du cadre universitaire à mettre les intérêts des étudiants et étudiantes, par-dessus tout et instaurer la sérénité requise pour le fonctionnement de cette importante institution et l’élever au rang des meilleures en Afrique et dans le Monde », conclut le Directoire national.
 

Dié BA

Samedi 30 Aout 2014 13:13


Dans la même rubrique :