Cameroun: les forces de sécurité sur les dents après les attentats

Le ministre de la Défense camerounais s'est rendu ce jeudi à Maroua pour une réunion sécuritaire de crise après le double attentat-suicide de mercredi qui a fait 13 morts et une trentaine de blessés, selon un dernier bilan. Edgar Alain Mebe Ngo’o a tenu a annoncé que les mesures de sécurité avaient été renforcées à Maroua, principale ville de l’Extrême-Nord, et dans la région. Et appelé la population à la vigilance.



Un soldat camerounais dans l'Extrême-Nord du Cameroun. AFP PHOTO / REINNIER KAZE

Vigilance et rigueur. Ce sont en quelque sorte les mots clés prononcés par les autorités ce jeudi en direction des habitants de Maroua, encore sonnés  par le double attentat-suicide perpétré mercredi par deux femmes kamikazes et dont le bilan s’est encore alourdi.

Mais dans toute la région de l'Extrême-Nord, les forces de sécurité du Cameroun sont sur les dents. Des rafles ont été menées dans la ville de Mora, selon certaines sources, tandis que Maroua était quadrillée par la police et l'armée. Les autorités redoutent que d'autres kamikazes soient infiltrés dans la région. Elles ont d'ores et déjà renforcé les mesures de sécurité, notamment dans les marchés. Les alentours du marché de Maroua, où s'est produite l'une des attaques, ont été bouclés. Les autorités ont annoncé la fermeture de « tout lieu suspect, tel que les bars », selon les mots du gouverneur, Midjiyawa Bakari.

Et elles vont faire appliquer de façon plus draconienne l'interdiction du voile intégral. En effet, les filles qui se sont fait exploser mercredi étaient toutes deux voilées. La mendicité des enfants est désormais déconseillée et les étrangers seront davantage surveillés. Ils sont incités à se faire enregistrer même si aucune mesure contraignante n'a encore été annoncée. Les autorités veulent en effet éviter toute psychose et tout clivage entre communautés. Elles marchent donc sur des œufs.

Renseignement

L'accent est mis sur les actions de renseignement, jugées vitales pour contrer cette nouvelle forme de lutte qui s'engage contre le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Boko Haram). A cet égard, la présence à Maroua ce jeudi du patron des renseignements généraux est plus que symbolique. Les autorités camerounaises l'affirment haut et fort : elles vont adapter leurs méthodes à la nouvelle donne.

« La sécurité avait déjà été renforcée », indique un responsable de la société civile. « Il y avait déjà plusieurs menaces pendant la période de ramadan », rappelle cette source. Pour Ilaria Allegrozzi, d'Amnesty International, les autorités doivent « amener les auteurs de ces crimes devant la justice tout en respectant les droits de l'homme ». L’ONG dénonçait il y a quelques semaines les arrestations arbitraires et brutales de 43 personnes dans la ville de Guirvidig, dans le nord. Parmi eux figuraient de nombreux enseignants d'écoles coraniques, actuellement détenus dans la prison de Maroua.


Rfi

Vendredi 24 Juillet 2015 09:45


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