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Chronique Blog-note: Qui aime bien……

En plus de la chronique «Option citoyenne» que vous propose tous les mardis un imminent journaliste qui a fait les beaux jours d’une très grande rédaction de la place, un autre jeune journaliste dont le talent ne fait plus de doute au Sénégal s’adresse à vous internautes de PressAfrik.com tous les jeudis. Le rédacteur en chef de la radio Océan FM, Samba Dialimpa Badji n’a ni frontière, ni barrière et offre une lecture détachée et professionnelle de l’actualité et des faits majeurs de la société.



Chronique Blog-note: Qui aime bien……
On devrait peut-être se résoudre à accepter le fait qu’on n’en saura jamais, sur la gestion de l’ANOCI, plus que ce qui nous a été dit par ses responsables. C’est-à-dire que «c’est un exemple de transparence dans la gestion des affaires publiques au Sénégal», comme la si bien dit son président Karim Wade. Le fils du chef de l’Etat qui s’est même permis de sortir une boutade à l’image de celle d’Idrissa Seck sur l’extinction du soleil, déclarant : « Aujourd’hui, demain et après-demain, l’ANOCI a été gérée de manière extrêmement transparente » (sic). Personne ne peut donc apporter la preuve du contraire. A moins que le Président de la République, à l’image de l’affaire des Chantiers de Thiès, ne mette en branle tous les moyens d’investigation de l’Etat pour faire toute la lumière sur ce qui s’est réellement passé sur la corniche ouest, entre la Mosquée de la Divinité et le Bloc des Madeleines. Mais, Me Wade qui aime bien son fils, va certainement se garder de lancer une entreprise qui pourrait éventuellement l’amener à le châtier.

Remarquons ici que dans le cadre des Chantiers de Thiès, l’impression qui s’était dégagée, c’est que tout était mis en œuvre pour apporter la preuve des malversations, fausses ou vraies, qui étaient reprochées à Idrissa Seck, alors que pour le sommet de l’OCI, l’effort c’est de montrer que le fils du Président, en bon gestionnaire, a tout fait dans les règles de l’art. Bref, en dévalisant quelque peu le langage des juristes on pourrait dire, en prenant le tribunal de l’opinion à témoin, que dans la première affaire, on a uniquement instruit à charge alors que dans la seconde, on s’est acharné à instruire à décharge. C’est dans ce registre qu’il faut ranger le déplacement inutile – mais nécessaire pour lui – de Karim Wade à l’Assemblée nationale. Pas pour une audition mais pour une « rencontre d’information », comme avait tenu a précisé le rapporteur de la Commission des Lois de l’Assemblée nationale, le député libéral Amadou DIARRA, qui a ajouté que Karim Wade et Abdoulaye Baldé tenaient à informer les députés sur le bilan de leur gestion. Mais par les échos qui sont sortis de cette sorte d’échange de bons procédés, où le cousin de Karim Wade, le député libéral faisait office de maître de cérémonie, il semble que les parlementaires ne sont pas aujourd’hui plus informés qu’ils ne l’étaient après la réunion-bilan du conseil de surveillance de l’ANOCI.

Ce qu’on ne nous dit pas, c’est : qui a eu l’initiative du passage de Karim Wade à l’Assemblée nationale ? Apparemment c’est lui-même. Et c’est encore lui et ses hommes de confiance qui ont décidé du format de l’entretien avec les députés et sénateurs, faisant même passer la consigne qu’il ne fallait pas poser des questions en Wolof, pour ne pas l’indisposer. Ce qui n’a pas manqué de créer une situation cocasse, pas très éloignée du vaudeville : une députée analphabète s’est évertuée ainsi à s’exprimer dans la langue de Molière, en estropiant au passage, bien entendu, l’auguste auteur du Tartufe. Et puis Karim Wade n’a pas fait qu’informer les parlementaires sur le bilan de l’ANOCI, il a aussi égratigné les Socialistes – et c’est la partie que beaucoup de radio on jugé suffisamment intéressante pour être passée à l’antenne – déclarant que leur sommet de l’Oci de 1991 n’a eu aucun impact sur le Sénégal. Les organisateurs de ce sommet pourront valablement se défendre en rétorquant que c’est dans l’hôtel (Méridien Président) qu’ils ont construit, que Karim et Baldé ont tenu avec « succès » leur sommet à eux.

En outre, ils s’étaient tous les deux engagés à construire des hôtels et des villas présidentielles pour accueillir les hôtes du sommet. Et c’est seulement un an après la rencontre de Dakar que le premier hôtel censé hébergé les délégations a été inauguré. Quant aux villas présidentielles, le site qui était réservé à leur construction est aujourd’hui au cœur d’un scandale foncier. Même pour ce qui est des infrastructures routières, allez demander à ceux qui passent tous les jours par la Corniche, par le CICES ou sur le pont de l’Avenue Cheikh Anta Diop, ils vous diront si ces chantiers ont amélioré la mobilité urbaine. On ignore quel est l’impact du sommet de l’OCI de 2008 sur l’économie sénégalaise, mais on a tout de même noté une coïncidence entre la fin dudit sommet et le début des tensions de trésorerie de l’Etat.

Le passage bien orchestré de Karim Wade et Abdoulaye Baldé à l’Assemblée nationale, fruit d’une véritable mise en scène théâtrale ne fait donc qu’épaissir l’écran de fumée qui entoure leur gestion de l’ANOCI, accroitre la soif de vérité d’une opinion qui ressent la désagréable impression qu’on veut lui cacher quelque chose. C’était en tout cas le sentiment des nombreux journalistes venus à la Place Soweto ce jour, avec l’espoir que Karim Wade allait enfin se livrer pour la première fois à un jeu de questions-réponses. Malheureusement, le fils du Président qui s’est contenté d’une simple déclaration s’est éclipsé dès que la première question lui a été adressée.

Le problème avec Karim Wade, c’est que ses cornacs se croient être des génies de la communication, parce qu’il leur suffit d’un sms pour voir leur champion à la une de plusieurs journaux le lendemain. Et comptant ainsi le nombre d’articles à lui consacré, ils se convainquent de sa popularité et de leur compétence en matière de communication politique. Publicité politique devrait-on dire, parce qu’en fait c’est un produit qu’ils essaient de vendre aux Sénégalais. On croyait que sa campagne électorale catastrophique lors des élections locales allait leur servir de leçon. Apparemment non. Ils continuent de croire en leur bonne étoile et restent convaincus que Karim Wade ne sera présidentiable qu’en influençant l’agenda de la presse. Seulement, ils ignorent que les médias c’est comme le soleil, à faible dose cela fait du bien, à dose exagérée, on risque de s’y brûler. Comme un certain Icare.

Samba Jalimpa Badji

Jeudi 2 Juillet 2009 - 21:12


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