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Chronique: Chassez le naturel, il revient au galop

C’était trop beau pour être vrai. Le dernier appel au dialogue lancé par le Chef de l’Etat à l’opposition dégageait une sorte de « curiosité » qui suscitait de la suspicion légitime. Beaucoup avaient raison d’émettre sur la fréquence « Scepticisme » ou « Incrédulité » attendant de voir.



Chronique: Chassez le naturel, il revient au galop
La lettre incendiaire de Me Abdoulaye Wade envoyée à ses contradicteurs de Benno Sigil Sénégal (BSS) est venue dissiper le mince espoir à propos de ce fameux dialogue. Cela confirme à tout point de vue la logique permanente de conflit qui jalonne et caractérise l’activité politique au Sénégal. On se le rappelle, le Président de la République avait taxé son opposition de manque de courage. Elle qui passait son temps à réclamer, sans conviction, son départ du Palais dans le moelleux salon d’Amath Dansokho. Il a fallu donc que cette opposition fixe des préalables ou fasse des propositions d’ordre du jour, c’est selon, pour que le « maître du jeu » monte sur ses grands chevaux pour descendre en flammes ses « impertinents » contempteurs. L’artillerie est pour le moins lourde et disproportionnée et les munitions pétaradantes. Dans le viseur, cela donne : détournements, actes de prévarication, assassinats, sacrifices humains, trafic de drogue et autres vilénies imputées au défunt régime socialiste.

Il y a là manifestement un problème et moult questions qui confondent l’accusateur. La coalition BSS est-elle rigoureusement assimilable au Parti socialiste ? Assurément non. Talla Sylla, Imam Mbaye Niang, Me Ndèye Fatou Touré ou Madièye Mbodj, tous membres de cette coalition, ont-ils une responsabilité quelconque dans ces faits avérés ou supposés ? Encore non ! Contrairement au Président Wade qui a été socialiste jusqu’en 1972, date de sa démission du parti de Senghor. N’a-t-il pas également pris part à la gouvernance socialiste en 1991 et 1995 en tant que ministre d’Etat sans portefeuille ? Bien sûr que oui.

Mieux, aujourd’hui qu’il est « l’homme fort du Sénégal », et son premier magistrat, qu’est-ce qui l’empêche, bon sang, d’y mettre la lumière pour faire sortir ces cafards des placards de la République, sans demander une quelconque autorisation ? Faute de quoi, sa responsabilité serait engagée au même titre que la supposée culpabilité des mis en cause. Au banc des accusés, figureraient l’ex-président de la République Abdou Diouf avec qui, il échange régulièrement de bons procédés diplomatiques et Ousmane Tanor Dieng que Wade qualifiait naguère de grand républicain.

Aujourd’hui, tout cela semble remis en cause et corrobore l’adage africain selon lequel, « le séjour d’un tronc d’arbre dans un marigot ne le transformera jamais en crocodile », dût-il lui ressembler. La classe politique sénégalaise renoue avec ses vieux démons de la guerre partisane aux antipodes des vrais et nombreux ennemis qui nécessitent toutes les énergies. Ils ont pour noms : inondations, pauvreté, chômage chronique, grèves de la faim, gaspillage en haut lieu et tutti quanti.

Nous ne pensions pas si bien dire en affirmant, il y a une semaine, que le risque était grand, pour la période qui nous sépare de la présidentielle, l’appétit aidant, de voir la classe politique transformer notre pays en un vaste champ de batailles. Tous les ingrédients de ce cocktail explosif sont réunis. Espérons seulement que le Cardinal Théodore Adrien Sarr qui a solennellement convié la classe politique à ce nécessaire et sincère dialogue n’a pas prêché dans le désert. Sinon ce serait, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, souhaiter la bienvenue au chaos.

Abdoulaye Sylla

Mardi 4 Août 2009 - 17:45


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