Chronique: L’erreur se paie cash




L’histoire se répète, dit-on, sous forme de tragédie ou de comédie. Les retrouvailles entre les leaders politiques Abdoulaye Wade et Idrissa Seck donnent l’impression que nous sommes en train de revivre celles mi-réussie mi manquées entre Abdou Diouf et Djibo Kâ en 2000. On se le rappelle, c’est à la suite d’un divorce profond né du fameux «congrès sans débat» de 1996 que l’actuel patron de l’URD avait été exclu du Parti socialiste pour avoir voulu créer un courant en son sein. Moustapha Niasse, lui, démissionnera du Ps avec son appel du 16 juin 1999.Ces deux ténors auront grandement participé à la descente aux enfers du Ps en l’envoyant au second tour de la présidentielle. Diouf réussit à retourner Djibo mais échouera à ramener Niasse au bercail et perdit le pouvoir après vingt ans de règne.

Répétition de l’histoire, disions-nous, à l’entame de notre propos. Aujourd’hui Wade se réconcilie avec son ancien Premier ministre et maire de Thiès, comme l’avait fait Diouf avec Djibo Ka mais peine encore à rallier Macky Sall, un autre ancien Premier ministre, comme son prédécesseur face à son ancien Premier ministre Moustapha Niasse. Ce qui laisse augurer de l’incertitude pour le chef de l’Etat de compter sur Idrissa Seck pour assurer sa réélection. Après s’être donné en spectacle devant le peuple traitant le maire de Thiès de tous les péchés d’Israël, Wade peut-il espérer tirer profit du retour de l’ «enfant prodige» ? Pas très sûr ! Si l’on sait qu’Idy ne pèse plus aussi lourd, en dehors de sa forteresse de Thiès. Beaucoup de ses sympathisants et certains de ses militants, dont Yankhoba Seydi, ont averti qu’ils ne le suivraient pas dans son retour à la maison du père qui le traitait de «serpent venimeux» et qu’il affublait du titre peu glorieux de «futur cadavre et ancien spermatozoïde».

Toutes choses qui rendent précaires les attentes à propos de ces retrouvailles. Certes, la realpolitik dicte cette réconciliation mais peut elle se faire en dehors de toute considération éthique. Des accusations de détournements de milliards ont été proférées. Va-t-on les passer par pertes et profits au nez et à la barbe de l’intelligence de tous. Il y des ficelles trop grosses qu’il est difficile de faire passer. Des erreurs qui ne se pardonnent pas facilement comme en 2000 pour le président Abdou Diouf. Deux ans auparavant, les législatives avaient donné un signal fort. Les locales de 2009 semblent tenir du même acabit politique. Un coup de semonce pour avertir sur les dangers de la division et de la gouvernance problématique.

Idrissa Seck, venu présenter des condoléances au Parti socialiste en 2001 lors du décès du président Senghor, disait qu’entre le Pds et le Ps, il n’y avait que le D qui les différenciait. Certainement le D de la division. Une division qui, une fois survenue, a du mal à se cicatriser malgré les bandages politiques. Des rafistolages qui tentent aussi de refermer une «erreur» en matière de cash offert à un certain Alex Segura qui s’est servi de ce substantiel «cadeau» présidentiel pour faire sanctionner les chefs d’Etat africains désormais considérés par le FMI comme des malpropres. Comme à la coloniale. Bis repetita ! L’erreur se paie cash en politique comme en économie, du reste.

Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com



Abdoulaye Sylla

Jeudi 5 Novembre 2009 05:01


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