Covid-19 Sénégal: un dispositif de riposte défaillant et vacillant



Dès le début de la première vague pandémique, le président de la République Macky Sall, chef suprême des armées, avait déclaré l’état de guerre en prenant des mesures exceptionnelles relatives à la prise en charge hospitalière et extrahospitalière des malades et cas contacts. Devant l’ampleur de la crise du Covid-19, le président de la République avait également invité toutes les forces vives de la Nation à participer à l’effort national de guerre afin de freiner la propagation du virus et de vaincre l’épidémie.

Et pour montrer leur détermination dans cette guerre, le gouvernement avait très tôt pris des mesures barrières préventives en séparant des personnes en contact avec les malades positifs du reste de la population. A cet effet, des dizaines de réceptifs hôteliers de Dakar avaient été réquisitionnés. Les forces de sécurité et de défense mises à contribution faisaient le reste sur le terrain en application sans délai du décret sur l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire national.

Vous voyez ô combien le gouvernement du Sénégal s’était engagé dans cette première vague liée au coronavirus. Et tel n’est pas le cas lors de cette deuxième vague en cours où un relâchement total aux mesures barrières a été tristement constaté au sein des populations. En moins d’une semaine, 20 décès et 824 cas positifs ont été registrés au Sénégal. Sans oublier les cas graves.

Pire, le comptage des décès et cas positifs pouvait être plus lourd, plus effrayant et plus visible si les médecins-chefs régionaux et infirmiers chefs de poste (Icp) poursuivaient correctement les prélèvements. La politique sabote l’effort de guerre… Malheureusement la plupart d’entre d’eux ont été dissuadés voire freinés dans ces opérations de dépistage par des gouverneurs, préfets et maires pour des raisons purement politiques.

Autrement dit, certains responsables politiques et commandants territoriaux ne veulent pas que leur « plan » de riposte de leur fief politique ou localité soit mis à nu par la hausse quotidienne de cas positifs. Un véritable manque de sérieux sur fond de tricherie qui a aggravé la situation pandémique que nous vivons actuellement.

Hélas ! Les régions de Dakar et de Thiès partagent ce bilan macabre très inquiétant qui résume la motivation des mesures prises, hier, par le président de la République en décrétant à nouveau l’état d’urgence sanitaire partiel assorti d’un couvrefeu de 21 heures à 05 heures du matin sur l’ensemble des territoires régionaux de Dakar et de Thiès. Sans doute ces mesures contraignantes doivent être maintenues sur les lieux de travail, de détente et de sport (stades, boites de nuit, restaurants etc.), sur les cérémonies religieuses et familiales et sur les lieux de culte (mosquées, églises etc.).

En tout cas, quoi qu’il en soit, force est de reconnaitre que le système de veille et de riposte relatif de cette nouvelle vague a été défaillant, débordé et vacillant. Ce, face à un virus rebelle extrêmement violent. A preuve, presque tous les centres de traitement ainsi que les hôpitaux sont débordés. A Dakar, Thiès et Diourbel, n’en parlons pas ! Car « Le Témoin » quotidien a appris qu’il y a des malades jugés graves qui errent dans les couloirs de la mort puisque le taux d’occupation de nos lits de réanimation a dépassé la barre.

Pendant ce temps, d’autres malades sont contraints d’aller acheter le kit de médicaments-covid19 (environ 10.000 francs) et de rester chez eux pour se soigner. Il est vrai que la séquestration des malades à domicile consiste à désengorger les hôpitaux et centres de traitement. D’où l’augmentation du nombre de décès et d’infections au coronavirus dont la plupart d’entre eux ont rendu l’âme à domicile, d’autres en cours d’évacuation vers les centres de traitement.

Des structures qui n’existent que de nom du fait de saturation de lits disponibles pour accueillir les nouveaux malades terrassés par l’ennemi. Une chose est sure, l’ennemi est plus que jamais redoutable et lâche pour dicter la loi d’un processus… génocidaire. Que Dieu nous en garde ! 

Le Témoin

AYOBA FAYE

Mercredi 6 Janvier 2021 09:40


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