Denis Sassou Nguesso "pleure d'abord un parent et un ami"

Dans un entretien exclusif accordé à RFI, le président congolais Denis Sassou Nguesso rend hommage au Gabonais Omar Bongo Ondimba qui a été pour lui à la fois son gendre et son père spirituel.



Le président gabonais Omar Bongo en compagnie de son homologue congolais Denis Sassou Nguesso, le 21 février 2003 à Paris.(Photo:AFP)
Monsieur le Président, comment avez-vous appris la nouvelle lundi 8 juin ?

Comme vous l'imaginez, j'étais en liaison permanente avec la famille qui était à Libreville et à Barcelone, et notamment avec la fille aînée, Pascaline Bongo. L'information m'a été donnée et c'est avec une forte douleur que je l'ai reçue. Je vis ces moments comme particulièrement éprouvants. Comme vous le savez notre famille vit un double deuil en moins de trois mois; c'est une épreuve difficile.

Vous avez été frappé deux fois, d'abord votre fille et ensuite le président Bongo...

C'est un deuil pour notre famille oui, mais également pour les peuples congolais et gabonais.

Quand avez-vous pu parler pour la dernière fois à Omar Bongo ?

Une semaine avant qu'il ne soit transféré à Barcelone, j'ai eu un entretien téléphonique avec lui.

Qu'est-ce que représente la mort du président Bongo pour vous ?

J'ai connu le président Bongo depuis 1968. J'étais alors proche collaborateur du président Marien Ngouabi et je peux dire en toute humilité que j'étais le trait d'union entre les deux. Des missions importantes m'étaient confiées par l'un et l'autre, dans leurs rapports. Et je considère le président Bongo comme un frère et un ami. Je l'ai connu avant qu'il ne devienne mon gendre, donc un membre de ma famille. Vous voyez la profondeur des liens qui nous unissaient avant même que l'on ne parle des questions d'Etat. Je pleure d'abord un parent et un ami.

Cependant pour l'Afrique c'est aussi une perte importante. Bongo était reconnu comme le sage en Afrique et comme le médiateur dans beaucoup de conflits. Et puis, il n'est pas resté pour rien plus de quarante ans à la tête de son pays, le gardant dans la paix et dans l'unité, avec une croissance continue. C'était un grand dirigeant que nous perdons, malgré ce que l'on entend ici et là, chez certains de vos confrères, en France. J'ai cru même entendre des députés français traiter Bongo de façon injurieuse. Cela n'est pas acceptable.

Vous étiez très liés, quel rôle a-t-il joué en 1997 pour vous aider à revenir au pouvoir face à Pascal Lissouba ?

Il n'a pas joué de rôle particulier dans mon retour au pouvoir. Ce que tout le monde sait, c'est que, comme à son habitude, il avait offert sa médiation. Et il l'a fait.

Oui, mais il avait une préférence pour vous quand même ?

Pas du tout, pas du tout. Il n'avait aucune préférence.

Est-ce que vous êtes inquiet pour sa succession au Gabon ?

Inquiet? Non. Je pense qu'il y a des dispositions constitutionnelles qui, si elles sont appliquées, devraient permettre d'aller vers une transition dans la paix. Je ne vois pas de raison de m'inquiéter.

Selon la Constitution c'est la présidente du Sénat qui doit assurer l'intérim.

Oui c'est ce qui est dit. Je pense que ces dispositions n'ont pas été retenues par la Constitution pour rien, et on devrait s'efforcer des les appliquer.

Vous qui le connaissiez depuis 41 ans, avez vous un souvenir précis que vous garderez de lui?

Sûrement. On a été très intimes. Après sa disparition et celle de son épouse, il y a entre nous deux enfants, Yacine et Junior. Ce sont deux enfants mineurs. C'est très important.

Des enfants dont vous allez vous occuper ?

Sûrement, sûrement. Pour sa mémoire, celle de son épouse et parce que c'est ma responsabilité.

source: Rfi.fr://

RFI

Mercredi 10 Juin 2009 09:25


Dans la même rubrique :