Désengorgement des prisons : près de 6 milliards de FCFA dépensés pour acheter 1000 bracelets électroniques (Ismaila Madior Fall)



Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice sous Macky Sall, est revenu sur l'acquisition des bracelets électroniques pour le Sénégal. Revenant sur les faits, il a indiqué que leur achat répondait à une situation de saturation carcérale. « Mon collègue Malick Sall avait signé les premiers contrats pour l'acquisition de 1000 bracelets électroniques pour à peu près de 6 milliards de FCFA », a-t-il expliqué vendredi 25 avril lors d’une émission sur la 7Tv. Selon lui, cette somme se décomposait en deux volets « une moitié destinée à l’achat des bracelets eux-mêmes, l’autre à l’accompagnement technologique nécessaire à leur fonctionnement. »

Allant plus loin, a précisé qu’ « il ne peut pas être poursuivi de surfacturation sur l’achat des bracelets électroniques, car il n’existe pas de prix d’homologation. »

Revenant un peu en arrière, Pr Fall a déclaré qu’à l’issue de la crise politique de 2023, marquée par de nombreuses arrestations lors des manifestations, il a indiqué avoir sollicité directement l'ex-président Macky Sall pour commander en urgence 1000 bracelets supplémentaires. « Il m’a dit que les prisons étaient saturées et qu’il fallait désengorger. C’est lui qui définissait la politique pénale, moi je la conduisais », a rappelé l’ancien Garde des Sceaux.

Ce dernier a reconnu que le démarrage de l’utilisation des bracelets électroniques avait été lent, en raison des réticences des procureurs et des juges d’instruction. « Quand j’ai interrogé les parquets sur le nombre élevé de mandats de dépôt, ils m’ont évoqué des difficultés liées à la garantie de représentation. Je leur ai rappelé que ce problème était résolu grâce aux bracelets électroniques, qui constituent un instrument moderne de gestion des mesures d’instruction et des peines alternatives », a-t-il poursuivi.

Pour favoriser l’usage de ces dispositifs, un circulaire avait été adressé aux parquets, promettant des primes aux procureurs qui utiliseraient le plus les bracelets. « Aujourd'hui, près de 900 bracelets sont utilisés. Si nous n’avions pas anticipé, il y aurait eu une rupture », a-t-il souligné.

Il a estimé par ailleurs que le Sénégal aurait besoin d’au moins 5000 bracelets électroniques pour désengorger ses prisons, qui comptent aujourd'hui environ 15 000 détenus. « Idéalement, il faudrait 10 000 bracelets. J’ai d’ailleurs vu que le parti Pastef prévoit dans son programme l’acquisition de 10 000 bracelets, ce qui est une excellente initiative », a conclu Ismaïla Madior Fall.


Samedi 26 Avril 2025 16:14


Dans la même rubrique :