Dossier scission au Pds: Et Wade créa l'opposant Macky

Son nom restera, sans nul doute, dans les annales du Pds. Macky Sall a été le seul à avoir réussi à contrer la volonté de la «seule constante» de ce parti. En refusant de quitter le perchoir conformément à la volonté présidentielle, il a marqué les esprits. Le Sénégal a ainsi découvert un homme nouveau le dimanche 09 novembre 2008. Nouveau en ce sens qu'il est passé de bourreau (cf affaire Idrissa Seck) à victime. Nouveau également parce que le Macky que les sénégalais ont vu sur leur petit écran était différent du piètre communicateur qu'ils connaissaient. Pourtant beaucoup d'eau a coulé sous les ponts pour que cette métamorphose aboutisse avec Wade dans le rôle de celui qui crée.



Wade en magicien qui d'un coup de baguette magique crée Macky (photo montage)
Il ne faisait pas parti des militants de la première heure. Il a rejoint ce parti treize ans après sa fondation. Pourtant, Macky Sall y a occupé le poste de numéro deux. Ironie de l'échiquier politique sénégalais, Aj/Pads son parti d'origine est aujourd'hui l'un des principaux alliés du parti qu'il vient de quitter avec fracas. Ingénieur géologue géophysicien formé à l'Institut des Sciences de la Terre (IST) de Dakar puis à l'Ecole nationale supérieure du pétrole et des moteurs (ENSPM) de Paris, Macky Sall est né le 11 décembre 1961 à Fatick.

L'homme est réputé calme, serein, patient et même timide. Ces détracteurs ont vite fait d'assimiler cette réserve à de la froideur dissimulée. Son regard glacial et sa mine toujours serrée lui ont valu le surnom de « Niangal » que la presse sénégalaise lui a collé. Il est vrai qu'il sourit rarement lors de ses apparitions publiques. Pourtant, l'époux de Marième Faye a de quoi séduire: mise toujours impeccable, grand de taille et de corpulence moyenne, Macky Sall est plutôt bel homme.

Al Pular de naissance, il a grandi à Fatick chez ses cousins sérères. Il a été le maire de cette commune de 2002 jusqu'au 09 novembre 2008, date de sa démission. Il y compte de nombreux supporters dont Diène Farba Sarr et Sitor Ndour qui sont les plus en vue. Vingt neuf des trente trois conseillers municipaux de cette ville l'ont même suivi dans sa logique de démission du Pds.

Son ascension dans l'appareil d'Etat est plus que trépidante. En quatre années, Macky Sall a gravi les échelons pourtant tapissés de peaux de banane. D'un anonyme poste de chef de division à la société nationale des pétroles (PETROSEN), il est passé à celui de Directeur général de ladite entreprise nationale avant de devenir ministre des Mines, de l’énergie et de l’hydraulique.

Le Hal Pular devenu sérère de part son bastion politique a bondi du très stratégique ministère de l’Intérieur à la Primature. Locataire, du 21 avril au 19 juin 2007, de la Maison militaire (ancien siège de la primature) qui abrite aujourd’hui le Sénat, Macky Sall va migrer après les élections présidentielle et législatives (respectivement février et juin 2007) vers la station de président de l'Assemblée nationale.

De ce point de vue, Abdoulaye Wade peut se targuer d'avoir fait de lui ce qu'il est. Mais plus qu'à Wade, Macky Sall doit son ascension à la disgrâce d'Idrissa Seck. En clair, il a été l'outil utilisé par Me Wade pour briser l'élan de «l'ancien jardinier de ses rêves»

Sous un autre angle, Abdoulaye Wade a créé l'opposant Macky. Le président de la République et secrétaire général national du Pds a titillé la graine minuscule d'où le maire démissionnaire de Fatick puise la force nécessaire à sa résistance. Le Pds a fait d'un loyal directeur de campagne, un opposant à son «géniteur politique». Que de complot fomentés, de carrières brisées et d'amis reniés pour réaliser cette mue fréquente sur la scène politique du «pays de la Téranga».


Mame Coumba Diop

Mercredi 26 Novembre 2008 20:26


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