Au Caire, en l’absence de manifestations dans les rues de la capitale, la vie a repris un rythme un peu plus normal depuis le dimanche 18 août. Les Egyptiens ont repris le travail, les banques sont ouvertes à nouveau et les embouteillages remplissent les grands axes. Hier également, la circulation a repris place Tahrir, une place qui était bouclée par l’armée depuis quatre jours.
Mais les tensions sont loin d’être retombées. A travers le pays, des violences se poursuivent malgré tout. Mardi 20 août, par exemple, deux personnes ont été tuées dans la province de Minya au sud du Caire. Les affrontements ont éclaté entre des habitants et des partisans des Frères musulmans.
Couvre-feu en vigueur
Les forces de l’ordre sont aussi plus visibles qu’habituellement et le couvre-feu est toujours en vigueur dans une douzaine de provinces. A 19 heures, la vie s’arrête, notamment dans la capitale.
Puis, tout le monde attend de voir ce qui va se passer dans les prochains jours et notamment vendredi, une journée qui est depuis des semaines un moment de forte mobilisation. Les Frères musulmans n’ont pas réussi ces derniers jours à réunir massivement leurs partisans dans la capitale. Réussiront-ils, vendredi 23 août, à mobiliser de nouveau ? Quelle stratégie vont-ils adopter ? Autant de questions qui rendent le quotidien des Egyptiens très incertain.
En Egypte, une semaine jour pour jour après le délogement par la force du sit-indes Frères musulmans à Rabaa al Adawiya, le quartier a toujours des allures de champ de bataille. Seule la mosquée, entièrement brûlée lors de l’assaut des forces de l’ordre, commence à reprendre forme. Son chantier a été lancé en priorité. Le reste des travaux risque de durer encore plusieurs semaines.
Avec notre envoyé spécial au Caire,
Sous un soleil de plomb, des jeunes de Rabaa, des agents communaux armés de pelles et de balais tentent de remettre en état un quartier défiguré par les violences. Le sol est couvert de gravats, les trottoirs ont disparu, les murs sont abattus. Sur l’avenue principale, deux rangées de palmiers calcinés se font face.
Fathi Dakhli dirige les travaux, selon lui les dégâts sont inestimables : « Tout est à refaire. On ne peut rien récupérer. Ces dégradations ont été causées par deux mois de sit-in ». A Rabaa, les immeubles sont recouverts d’une épaisse couche de poussière, seule la mosquée affiche un blanc éclatant. Ravagée par un incendie la semaine dernière, presque tout son extérieur a été refait. Armée et Frères musulmans se rejettent la responsabilité de sa dévastation.
Mais pour Mohamed Malek un habitant du quartier, c’est de l’histoire ancienne. L’essentiel est de la remettre en état : « La mosquée a été dévastée mais il y a des gens bien qui sont en train de réparer les dégâts. J’espère que tout va s’arranger et que la situation va se calmer. »
Il y a une semaine exactement, les violences dans le quartier de Rabaa al Adawiya ont fait près de 300 victimes.