Emigration clandestine : l'OIT Sénégal décrie la gestion de la politique de l'emploi des jeunes



Le Directeur du bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) Sénégal, Dramane Haïdara, a décrié la gestion des politiques de l'emploi pour les jeunes élaborées par les Etats de l'Afrique de l'ouest. Selon lui, la politique de l'emploi est d'abord une politique macro-économique. A l'émission Jury du dimanche (JDD) sur I-radio dont il était l'invité, il a déploré le fait qu'elle soit souvent « confondue avec des plans ou des programmes de ministères en charge de l’emploi ».

« La migration irrégulière est aujourd’hui une migration de main d’œuvre. La plupart des jeunes qui émigrent et prennent des bateaux, toutes ces choses sont des questions de survie », a-t-il estimé.

Est-ce un échec de la politique de l’emploi ? « C’est mitigé. Les pays de l’Afrique de l’Ouest que nous connaissons le mieux font beaucoup d’efforts en matière de stratégie, de politique et d’emploi », a-t-il répondu. Soulignant que « la plupart des chefs d’Etat de la sous-région et dans le cadre de leur mandat présidentiel, ont toujours inscrit la question de l’emploi des jeunes comme une de leur priorité. Aucun pays au monde ne peut se targuer d’avoir résolu définitivement cette question de la crise de l’emploi des jeunes ».
« On se rend compte que la plupart de ces politiques d’emploi sont souvent confondues avec des plans ou des programmes de ministères »
M. Haïdara se désole de la prise en charge par les dirigeants africains de cette politique d’emploi pour la jeunesse : « Simplement, on se rend compte que la plupart de ces politiques d’emploi sont souvent confondues avec des plans ou des programmes de ministères en charge de l’Emploi. Alors que la politique de l’emploi est d’abord une politique macro-économique parce que l’emploi lui-même n’est pas sectoriel donc si on veut développer une véritable politique de l’emploi, il faut que cette dimension soit prise en compte ».

Dramane Haïdara a appelé à d'abord chercher les causes pour trouver des solutions à ce phénomène qui a tué des centaines de jeunes . « Au niveau de l’OIT, les éléments de réponse que nous avons par rapport à cette question, c’est que l’émigration clandestine est liée au manque d’opportunité, d’emploi et de revenu, à la jeunesse, à tous ces conflits que nous rencontrons çà et là, mais également à l’insécurité. Et la pandémie du coronavirus est venue exacerber cette situation », a tenté d’expliquer l’invité de l’émission Jury du dimanche (JDD) sur I-radio.

Poursuivant, il a ajouté :  « Nous estimons que ce qu’il faut aujourd’hui, pour trouver des solutions palliatives à cette question de l’émigration irrégulière ou clandestine, c’est de créer des opportunités au niveau des pays d’origine pour faire en sorte que ces jeunes qui sont tentés par l’aventure puissent avoir des activités, puissent être occupés par toutes choses qui pourraient les permettre de rester dans leur propre pays par des créations d’emplois, des activités créatrices de revenus, ect. »

Pour rappel, la mission de l’OIT, plus vieille organisation spécialisée du système des Nations-Unies, a « pour but de défendre l’équité et la justice sociale ». L’organisation intervient ou travaille avec l’ensemble de ses États-membres pour assurer la promotion de l’agenda d’un « travail décent » qui vise à faire de sorte que « partout dans le monde, chaque femme et chaque homme, puisse obtenir un emploi de qualité dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité, mais aussi de dignité humaine ».
 


Dimanche 15 Novembre 2020 14:48


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