Enquête exclusive sur la réalisation bancale de la route internationale Labé-Koundara

Entamés en 2008 sous le financement de plusieurs partenaires financiers de la république de Guinée en l’occurrence la BID (banque islamique pour le développement), la BAD (banque africaine de développement), l’UE (l’union européenne) et la BADEA (banque arabe pour le développement économique en Afrique) pour ne citer que ceux-ci, les travaux de réalisation de cette route internationale (qui s’étend du côté de notre pays sur une distance de 265 kilomètres) ont du mal à voir le bout du tunnel. Tel est le constat fait sur place par la rédaction locale de votre quotidien Guinéenews©.



Huit (8) ans après le lancement de travaux,Guinéenews© s'est intéressé de très près sur l’évolution du bitumage de cet axe routier. Sur le terrain, le constat est alarmant pour ne pas dire révoltant. En effet, selon nos informations, ce sont deux entreprises russe et chinoise qui ont bénéficié du contrat de réalisation de cette route internationale (Labé-Koundara). Pour faciliter l’exécution des travaux dans le délai imparti, le tronçon a été subdivisé en 5 grands lots. Le premier lot s’étend de la ville de Labé à la sous-préfecture de Kouramangui, le second lot de Kouramangui à Thiaguel Bori, le troisième de Thiaguel Bori à Komba, le quatrième de Komba à Kounsithel et le cinquième lot de Kounsithel à Koundara.

 

Mais très malheureusement, force est de reconnaître que, ce sont 2 lots seulement qui ont été restitués à la population bénéficiaire en 8 ans de contrat. C’est d’abord le lot Kouramangui-Thiaguel Bori et le lot Kounsithel-Koundara. Les 3 autres sont toujours en chantier, selon nos constats sur le terrain.


Pour la petite histoire, au démarrage des travaux en 2008, c’est l’entreprise Russe ENCO 5 (entreprise de construction numéro 5) qui a bénéficié du premier lot (Labé-Kouramangui) mais c’est finalement en 2009 que les travaux ont effectivement démarré apprend-on de sources concordantes. Par la suite, l’entreprise chinoise CGC (China Group Compagny) a de son côté décroché le second lot (Kouramangui-Thiaguel Tori). De nos jours (8 ans après le lancement des travaux), le constat sur le terrain révèle qu'ENCO 5 n’a fait que poser le goudron sur les 31 kilomètres (Labé-Kouramangui) du premier lot qu’on lui a attribué.

 

"Lorsque je suis venue ici en 2012, j’ai trouvé qu’ils (ENCO 5) étaient toujours sur cette route. Bon, si jusqu'à présent ils n’ont pu finaliser les travaux c'est qu’il y a un problème interne. Et il leur reste beaucoup de travail. Je voudrais qu’on permette à ENCO 5 d’achever ces travaux. Il ne faudrait pas qu’ils restent indifférents. Si déjà, ils ont entamé un travail qu’ils ont du mal à finir, normalement on ne doit plus leur donner une autre activité", affirme Diallo Alpha, le sous-préfet adjoint de Kouramangui, village situé à la limite entre le premier et le second lot des travaux.


Directement interpellé sur la question, Diallo Abasse, le directeur régional d'ENCO 5 Labé, confirme que le travail est loin d’être achevé. « Peut être ça serait l’aubaine pour ENCO 5 de donner une explication à l’opinion nationale et internationale. Cette route Labé-Kouramagui qui fait 31 kilomètres a été financée par la BID à hauteur de 89%. Les 11% ont été financés par le budget national de développement (BND), c'est-à-dire par l’État guinéen. Mais ce qui s’est passé sur cette route, puisqu'aujourd’hui ça fait plus de 3 ans depuis qu’elle est opérationnelle, ce sont juste certains éléments qui manquent. A savoir, les signalisations (plaques et autres), les arrêts de bus, certains caniveaux ne sont pas achevés, en un mot beaucoup de choses restent à faire pour finaliser les travaux de cette route », reconnaît-il

Revenant à la charge, le directeur régional de l’entreprise ENCO 5 met le couteau dans la plaie en levant un coin du voile sur les causes du blocus. « Le problème est à quel niveau ? L’État guinéen devrait refinancer la route parce que la BID a de son côté versé la totalité de son financement à l’État guinéen. Mais aujourd’hui, ENCO 5 n’est pas en mesure d’avoir un crédit bancaire pour refinancer la finalisation des travaux et attendre le paiement de l’État. ENCO 5 d’avant et celui d’aujourd’hui c’est totalement différent. Un bel exemple qui est là, c’est la route Le prince. On a refinancé cette route, on a achevé les travaux convenablement mais jusqu'à présent le fonds Koweitien n’a pas payé le reste du montant (3.000.500 USD) qui est toujours là. Voilà un peu la situation. On ne peut pas dire qu’on n’a pas confiance en l’État guinéen qui est un partenaire mais si notre entreprise ne décroche plus de contrat comment pourrons-nous refinancer ces travaux ? Nous voulons vraiment finir ce bijou pour cette population de Labé, alors nous demandons à l’État guinéen de faire tout pour reverser l’argent qu’ils ont reçu de la BID afin qu’on finalise les travaux », lancent Diallo Abasse.

Revenant à la charge, le directeur régional de l’entreprise ENCO 5 met le couteau dans la plaie en levant un coin du voile sur les causes du blocus. « Le problème est à quel niveau ? L’État guinéen devrait refinancer la route parce que la BID a de son côté versé la totalité de son financement à l’État guinéen. Mais aujourd’hui, ENCO 5 n’est pas en mesure d’avoir un crédit bancaire pour refinancer la finalisation des travaux et attendre le paiement de l’État. ENCO 5 d’avant et celui d’aujourd’hui c’est totalement différent. Un bel exemple qui est là, c’est la route Le prince. On a refinancé cette route, on a achevé les travaux convenablement mais jusqu'à présent le fonds Koweitien n’a pas payé le reste du montant (3.000.500 USD) qui est toujours là. Voilà un peu la situation. On ne peut pas dire qu’on n’a pas confiance en l’État guinéen qui est un partenaire mais si notre entreprise ne décroche plus de contrat comment pourrons-nous refinancer ces travaux ? Nous voulons vraiment finir ce bijou pour cette population de Labé, alors nous demandons à l’État guinéen de faire tout pour reverser l’argent qu’ils ont reçu de la BID afin qu’on finalise les travaux », lancent Diallo Abasse.

"Faux", rétorque madame le ministre des travaux publics (TP) Oumou Tély Camara jointe brièvement au téléphone par Guinéenews©. « Ce n’est pas vrai ! Est-ce que ENCO 5 a pu terminer le lot qu’on l’avait donné ? L’entreprise a fait 8 ans sur le seul lot. Donc, ne croyez pas à ça, ce n’est pas vrai. Le gouvernement guinéen lui a fourni beaucoup d’assistance afin de le permettre d’achever le travail. Les Chinois qui sont sur l’autre lot sont venus en aide dans ce sens. Mais jusqu’à présent, ça n’a pas avancé. C’est l’entreprise qui est fautive. Une fois à Conakry, je vais vous donner plus d’explication sur ce dossier », a promis le ministre des TP.

 

Une position soutenue par le sous-préfet adjoint de Kouramangui. « D’ici Labé, je dirais qu’ils ont posé le goudron jusqu'à Popodara, et ils (ENCO 5) ont prêté la main aux Chinois qui ont fait de Popodara à ici (Kouramagui) », dénonce Diallo Alpha.


"Faux", rétorque madame le ministre des travaux publics (TP) Oumou Tély Camara jointe brièvement au téléphone par Guinéenews©. « Ce n’est pas vrai ! Est-ce que ENCO 5 a pu terminer le lot qu’on l’avait donné ? L’entreprise a fait 8 ans sur le seul lot. Donc, ne croyez pas à ça, ce n’est pas vrai. Le gouvernement guinéen lui a fourni beaucoup d’assistance afin de le permettre d’achever le travail. Les Chinois qui sont sur l’autre lot sont venus en aide dans ce sens. Mais jusqu’à présent, ça n’a pas avancé. C’est l’entreprise qui est fautive. Une fois à Conakry, je vais vous donner plus d’explication sur ce dossier », a promis le ministre des TP.

 

Une position soutenue par le sous-préfet adjoint de Kouramangui. « D’ici Labé, je dirais qu’ils ont posé le goudron jusqu'à Popodara, et ils (ENCO 5) ont prêté la main aux Chinois qui ont fait de Popodara à ici (Kouramagui) », dénonce Diallo Alpha.


Du berger à la bergère, le directeur régional d'ENCO 5 réplique : « Je m’inscris en faux. Le problème est que le directeur des infrastructures d’alors en l’occurrence Monsieur Doumbouya voulait accélérer les travaux à l’époque, voyant les différends problèmes, il voulait coûte que coûte qu’on finisse ce contrat. Il nous a proposés de donner une partie aux Chinois afin qu’on puisse boucler ensemble les travaux. Mais ça ne veut pas dire qu'ENCO 5 n’est pas en mesure de finir la route. On avait toutes les expertises, on avait tout ce qu’il faut. Et je peux même dire que nous sommes une pépinière en BTP (bâtiments et travaux publics). Aujourd’hui, la majeure partie des travailleurs dans le BTP en république de Guinée ont été tous formés à ENCO 5. On ne peut pas avoir une école pépinière de formation en BTP et être incapable de finir une route de 31 kilomètres », estime-t-il.

 


Selon ENCO 5, pour ce qui est de la part de financement que le gouvernement guinéen devrait décaissé pour refinancer le projet, les techniciens de l’entreprise se sont abstenus de donner de chiffres. Car, à les en croire, cela relève du secret professionnel.

 

Actuellement basés à la sortie de Thiaguel Bori, les responsables de l’entreprise chinoise (CGC) n’ont pas voulu commenter cette actualité. Néanmoins, ils ont permis à certains de leurs employés de donner quelques explications, après avoir rendu le lot Kouramangui-Thiaguel Bori qui est pour l’instant un tronçon de référence dans la région de Labé, et après avoir bénéficié de la confiance du gouvernement, CGC s’attaque au reste du travail. « On a d’abord rendu les travaux du lot numéro 2 (Kouramagui-Thiaguel Bori), ensuite on vient de finir le lot numéro 5, c'est-à-dire Koundara – Kounsithel et là on est sur le lot Kounsithel-Komba puis on entamera par la suite le lot numéro 3 (Komba – Thiaguel Bori). Actuellement on prépare le sol du lot 4. On estime que le tout sera fini dans deux ans", rassure Mohamed Sylla, employé de l’entreprise chinoise.


Les habitants de la commune rurale de Thiaguel Bori semblent satisfaits du rendement des Chinois mais évoquent néanmoins quelques inquiétudes. « Je dirais que la société chinoise a fait un travail très joli et remarquable au bout d’un temps-record car ils n’ont pas fait deux ans là-dessus. Mais, si on analyse on dirait que les virgules qui existent sur le tronçon Kouramangui-Thiaguel Bori devraient être diminuées un peu pour plusieurs raisons. Il y a des endroits ou la virgule est tellement forte que ça crée souvent des accidents. C’est le cas de l’un de nos villages qui s’appelle Diaakka où déjà il y a eu deux morts. Si j’étais un technicien, ce sont des choses qu’on pouvait raccourcir car il y en a beaucoup », souligne Bah Alhassane, citoyen de Thiaguel Bori.

 

L’autre constat réalisé par Guinéenews©, est que le reste du travail, c’est-à-dire les lots 2, 3, 4 et 5 ont tous été attribués à la société chinoise CGC au grand-dam des Russes qui se demandent comment finaliser le premier lot ? « On était mieux placé pour avoir le troisième lot parce que le premier lot c’était pour nous, le deuxième lot pour les Chinois. Donc, logiquement le troisième lot nous revenait. Mais très malheureusement pour nous, les Chinois ont également eu le troisième lot tout dernièrement. Mais vous n’êtes pas sans savoir si une entreprise est soutenue, je ne défie pas mes amis chinois nous sommes tous dans les BTP, mais si une entreprise et bien accompagnée et bien traitée alors que nous on ne bénéficie de rien, comment peut-on postuler pour un troisième lot ? Je ne doute pas de l’expertise chinoise, mais je vous jure et je l’assure en matière de BTP en Guinée, il n'y a pas cette entreprise qui peut battre ENCO 5, y en a pas. Si vous voyez que cette base d'ENCO 5 est toujours en place, c’est parce que nous voulons finir cette route », explique le directeur régional d'ENCO 5, Diallo Abasse.


Dans la même logique, Mamadou Dian Diallo le maire de Kouramangui a voulu comparer le rendement des deux entreprises. « Le travail des Russes prend du temps mais nous sommes persuadés que ce sont des prestations de qualité qu’ils font. Donc, ils ont posé le goudron, mais il n’y a pas de fossés, pas de panneaux de signalisation…rien et ils ne travaillent plus. Par contre, le travail des Chinois est très rapide et très joli, mais on a un doute sur la qualité du service", critique ce sage dont le village a bénéficié des deux expertises (russe et chinoise).

 

En attendant la finalisation de cette route internationale (Labé-Koundara), les usagers quant à eux restent confrontés à d’énormes difficultés surtout sur le tronçon Thiaguel Bori – Komba. Encore non bitumé, l’axe reste impraticable surtout en cette saison des grandes pluies avec des nids de poule devenus des repères d’éléphants.


"Parfois, on fait une ou deux journées de route entre Thiaguel Bori et Komba. Souvent, on y perd des pneus et parfois c’est le moteur qui paie les frais. Il faut être sur le terrain pour y croire. Regardez ce genre de pente très glissante ; parfois même, le chauffeur a peur. S’ils pouvaient accélérer les travaux de réalisation de cette route, ça serait un ouf de soulagement pour tout le monde", souligne maitre Aliou Baldé.

 

Ce retard qui continue à s’accumuler sur l’exécution de ce projet prouve à suffisance qu’il y a anguille sous roche car du côté du Sénégal, la totalité des travaux a été restituée depuis belle lurette. Pourquoi pas en Guinée ?

Source: Guinéenews



Samedi 25 Juin 2016 14:50


Dans la même rubrique :