Comment voyez-vous la maladie à coronavirus, et sa façon de se propager à Touba, avec surtout les cas communautaires ?
Le COVID-19, comme toute maladie virale, est très pernicieux de par sa rapidité de transmission et son aspect latent puisqu’il a une période d’incubation assez longue de 14 jours. La personne infectée peut la transporter sur plusieurs jours dans plusieurs endroits d’où l’apparition des cas dits communautaires.
Certaines personnes à Touba, paraît-il, ne croient toujours pas à la maladie, quel message lancez-vous à leurs endroits ?
Je crois que si une partie de la population, pas seulement de Touba, mais de tout le pays, reste incrédule, c’est à cause d’une mauvaise information ! Le citoyen lambda est habitué à voir son malade, à pouvoir même lui rendre visite s’il est hospitalisé ce qui n’est pas le cas, s’agissant du Covid-19 du fait que le malade est très contagieux et doit être aussitôt isolé dès qu’il est dépisté.
L’autre aspect, c’est la période d’incubation de 14 jours durant lesquels la maladie peut ne pas évoluer. Il faudra donc que les médias insistent sur cet aspect dans les messages qu’ils diffusent. Je dirai donc que la maladie est bien là et qu’il faut se protéger en suivant les recommandations du ministère de la Santé et "rester chez-soi".
Pouvez-vous revenir sur l’origine de la distribution des "Ndogu" chez les Baye Fall ?
Les Ndogu datent de l’époque où Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba était en résidence surveillée à Diourbel (de 1912 à sa disparition en 1927). Un jour, il fit appeler Cheikh Ibrahima Fall, qui était encore domicilié à Thiès et lui tînt ces propos :
– "J’attends un hôte qui séjournera 30 jours avec moi et je voudrais que tu lui apportes à manger tous les soirs !"
Au sortir (de leur entretien), Cheikh Ibrahima Fall demanda à son disciple Serigne Yaram Mbaye de lui répéter les propos du Cheikh. Une fois que les propos lui furent répétés, il demanda à Serigne Yaram
- "Dans quel mois sommes-nous Yaram ?
- Nous sommes au mois de Chabane( Baraxlu en wolof )
- Mon Maître parle du Ramadan ! Il veut que je lui prépare des Ndogu"
Ceci s’est passé entre 1912 et 1915 et se poursuit jusqu’à présent en 2020.
Qu'est-ce que vous pouvez nous dire par rapport à la complicité entre Serigne Ahmadou Bamba et Cheikh Ibra ?
Cheikh Ibra Fall était un soufi, soucieux de son ascension spirituelle, il ira, comme Allah le lui dévoila dans une retraite spirituelle ( khalwatu), à la recherche du Maître révélé ( Ahmadou Bamba) pour parfaire son ascension. La rencontre eut lieu à Mbacké Kadior un 20 du mois de Ramadan et de cette rencontre naquit le Mouridisme.
Avec ce contexte marqué par le coronavirus est-ce que vous continuez à distribuer des Ndogu ?
Les Ndogu pour les descendants de Cheikh Ibrahima Fall c’est un Ndigueul (recommandation) perpétuel à exécuter ad vitam aeternam (pour la vie éternelle )
Comment se passe la distribution alors ?
L’atmosphère des préparatifs des Ndogu chez le Khalife général des Baye Fall (comme dans chacune des dix familles formant Kër Cheikh Ibra) est indescriptible tant dans la ferveur que dans la mobilisation des disciples. Cependant, dans le contexte actuel du COVID-19 un réaménagement a été fait. Le khalife a procédé à un éclatement des principaux acteurs chargés de la préparation, chacun d’eux fera la préparation à domicile avec un nombre restreint et portera les plats au domicile du Khalife d’où ils sont convoyés sur Touba et Diourbel. Tout est fait dans la sobriété et l’humilité.
Le COVID-19, comme toute maladie virale, est très pernicieux de par sa rapidité de transmission et son aspect latent puisqu’il a une période d’incubation assez longue de 14 jours. La personne infectée peut la transporter sur plusieurs jours dans plusieurs endroits d’où l’apparition des cas dits communautaires.
Certaines personnes à Touba, paraît-il, ne croient toujours pas à la maladie, quel message lancez-vous à leurs endroits ?
Je crois que si une partie de la population, pas seulement de Touba, mais de tout le pays, reste incrédule, c’est à cause d’une mauvaise information ! Le citoyen lambda est habitué à voir son malade, à pouvoir même lui rendre visite s’il est hospitalisé ce qui n’est pas le cas, s’agissant du Covid-19 du fait que le malade est très contagieux et doit être aussitôt isolé dès qu’il est dépisté.
Si certains ne croient toujours pas au Coronavirus, c'est que le sénégalais est habitué à voir son malade, à pouvoir même lui rendre visite s’il est hospitalisé
L’autre aspect, c’est la période d’incubation de 14 jours durant lesquels la maladie peut ne pas évoluer. Il faudra donc que les médias insistent sur cet aspect dans les messages qu’ils diffusent. Je dirai donc que la maladie est bien là et qu’il faut se protéger en suivant les recommandations du ministère de la Santé et "rester chez-soi".
Pouvez-vous revenir sur l’origine de la distribution des "Ndogu" chez les Baye Fall ?
Les Ndogu datent de l’époque où Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba était en résidence surveillée à Diourbel (de 1912 à sa disparition en 1927). Un jour, il fit appeler Cheikh Ibrahima Fall, qui était encore domicilié à Thiès et lui tînt ces propos :
– "J’attends un hôte qui séjournera 30 jours avec moi et je voudrais que tu lui apportes à manger tous les soirs !"
Au sortir (de leur entretien), Cheikh Ibrahima Fall demanda à son disciple Serigne Yaram Mbaye de lui répéter les propos du Cheikh. Une fois que les propos lui furent répétés, il demanda à Serigne Yaram
- "Dans quel mois sommes-nous Yaram ?
- Nous sommes au mois de Chabane( Baraxlu en wolof )
- Mon Maître parle du Ramadan ! Il veut que je lui prépare des Ndogu"
Ceci s’est passé entre 1912 et 1915 et se poursuit jusqu’à présent en 2020.
Qu'est-ce que vous pouvez nous dire par rapport à la complicité entre Serigne Ahmadou Bamba et Cheikh Ibra ?
Cheikh Ibra Fall était un soufi, soucieux de son ascension spirituelle, il ira, comme Allah le lui dévoila dans une retraite spirituelle ( khalwatu), à la recherche du Maître révélé ( Ahmadou Bamba) pour parfaire son ascension. La rencontre eut lieu à Mbacké Kadior un 20 du mois de Ramadan et de cette rencontre naquit le Mouridisme.
"Avec le Covid-19, le khalife des Baye Fall a procédé à un éclatement des principaux acteurs chargés de la préparation des Ndogu"
Avec ce contexte marqué par le coronavirus est-ce que vous continuez à distribuer des Ndogu ?
Les Ndogu pour les descendants de Cheikh Ibrahima Fall c’est un Ndigueul (recommandation) perpétuel à exécuter ad vitam aeternam (pour la vie éternelle )
Comment se passe la distribution alors ?
L’atmosphère des préparatifs des Ndogu chez le Khalife général des Baye Fall (comme dans chacune des dix familles formant Kër Cheikh Ibra) est indescriptible tant dans la ferveur que dans la mobilisation des disciples. Cependant, dans le contexte actuel du COVID-19 un réaménagement a été fait. Le khalife a procédé à un éclatement des principaux acteurs chargés de la préparation, chacun d’eux fera la préparation à domicile avec un nombre restreint et portera les plats au domicile du Khalife d’où ils sont convoyés sur Touba et Diourbel. Tout est fait dans la sobriété et l’humilité.
Est-ce que les mesures édictées par le ministère de la Santé sont prises en compte ?
Le « Baye Fall » c’est d’abord la discipline. Les instructions du ministère de la Santé ont été relayées par le Khalife Général des Mourides, qui a été le premier à faire un geste pour appuyer l’Etat. Dans la limite des moyens toutes les mesures sont appliquées (Lavage au savon et à l’eau de Javel, port du masque.. ..)
Quid de l’interdiction des rassemblements par le chef de l'État ?
Le Sénégalais dans l’ensemble est très croyant, toutes religions confondues. Et il est aussi de nature très sociable. Certaines cérémonies ont été organisées compte tenu des circonstances en tenant compte des interdictions de rassemblement.
Quel commentaire faites-vous des mesures prises par les autorités administratives pour lutter contre la propagation du coronavirus ?
Nos autorités administratives devraient tenir compte de notre contexte de pays sous-développés où la grande majorité des citoyens ne dispose pas de revenu fixe. La majorité n’a pas d’autres ressources que l’informel qui lui permet de régler son quotidien. L’Européen, même chômeur, dispose de RMI (Revenu Minimum d'Insertion, France) et a un frigo chez lui, est donc mieux préparé au confinement. Les activités économiques, tant urbaines que villageoises, sont quasiment mortes dans les villes et totalement mortes dans les villages où les marchés hebdomadaires sont supprimés.
Que faut-il faire dans ce cas ?
Il faut une nouvelle stratégie d’information et de gestion des gens. Je finirai en appelant le Peuple sénégalais à la discipline et à la prière. Nous sommes 99 % de personnes à croire à un Dieu unique (musulmans et chrétiens) qui nous enseigne la prière.
Le « Baye Fall » c’est d’abord la discipline. Les instructions du ministère de la Santé ont été relayées par le Khalife Général des Mourides, qui a été le premier à faire un geste pour appuyer l’Etat. Dans la limite des moyens toutes les mesures sont appliquées (Lavage au savon et à l’eau de Javel, port du masque.. ..)
Quid de l’interdiction des rassemblements par le chef de l'État ?
Le Sénégalais dans l’ensemble est très croyant, toutes religions confondues. Et il est aussi de nature très sociable. Certaines cérémonies ont été organisées compte tenu des circonstances en tenant compte des interdictions de rassemblement.
"Il faut une nouvelle stratégie pour... parce que la majorité n’a pas d’autres ressources que l’informel qui lui permet de régler son quotidien"
Quel commentaire faites-vous des mesures prises par les autorités administratives pour lutter contre la propagation du coronavirus ?
Nos autorités administratives devraient tenir compte de notre contexte de pays sous-développés où la grande majorité des citoyens ne dispose pas de revenu fixe. La majorité n’a pas d’autres ressources que l’informel qui lui permet de régler son quotidien. L’Européen, même chômeur, dispose de RMI (Revenu Minimum d'Insertion, France) et a un frigo chez lui, est donc mieux préparé au confinement. Les activités économiques, tant urbaines que villageoises, sont quasiment mortes dans les villes et totalement mortes dans les villages où les marchés hebdomadaires sont supprimés.
Que faut-il faire dans ce cas ?
Il faut une nouvelle stratégie d’information et de gestion des gens. Je finirai en appelant le Peuple sénégalais à la discipline et à la prière. Nous sommes 99 % de personnes à croire à un Dieu unique (musulmans et chrétiens) qui nous enseigne la prière.
Serigne Assane Fall Moustapha, Secrétaire général du Khalife des Baye Fall