Gestion de la cybersécurité par la Primature : des spécialistes alertent sur un "modèle dangereux"



Le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a décidé de renforcer les prérogatives de la Primature, en lui confiant désormais la charge de "piloter et de contrôler les systèmes informatiques" du pays, à travers la création de la Direction des systèmes informatiques (DSI), alors que certaines missions de la nouvelle entité étaient confiées à la Direction générale du chiffre et de la sécurité des systèmes informatiques (Dcssi, logée à la Présidence).

Selon "L’Observateur", dans son édition du jour, cette révision du cadre organisationnel de la Primature vise à "mieux adapter" les réalités de l’Institution dirigée par Ousmane Sonko aux "objectifs de l’Agenda national de transformation, ainsi qu’aux attentes d’une administration moderne et efficace".

La DSI sera chargée du "pilotage, de la planification et du suivi" des actions de la Primature en matière informatique. Elle veillera donc entre autres à la sécurité des systèmes informatiques, à concevoir et développer les applications numériques, à assurer la gestion, l’entretien et la maintenance des réseaux et équipements informatiques.

Pilotage et contrôle de la sécurité informatique : "un modèle jugé obsolète et dangereux"

D’après le quotidien d’informations, plusieurs spécialistes trouvent que les tâches confiées à la DSI sont un danger pour la sécurité informatique du pays. "Au Sénégal, nous avons choisi de donner ces prérogatives à la Dcssi, logée à la Présidence. Demander à une autre entité de veiller à la sécurité des systèmes informatiques ou de mettre en place une politique de sécurité autre que celle dirigée par la Dcssi ne ferait qu’affaiblir cette dernière", a prévenu Gorguy Ka, spécialiste en système d’informatique.

Dans le même sens que son collègue interrogé, Gérald Joseph Francisco (Ingénieur informatique) a estimé qu’il est de bonne pratique internationale de séparer le pilotage et le contrôle des systèmes informatiques. "Cela permet d’éviter le conflit d’intérêt et d’assurer que les audits et la sécurité soient réellement indépendants", a-t-il précisé. 

D’après le décret de création de la DSI, l’Institution est dirigée par un coordonnateur. Il est nommé par le chef de l’Etat, sur proposition du Premier ministre, avec rang et avantages d’un directeur de cabinet de ministère.

Charles KOSSONOU

Vendredi 5 Décembre 2025 10:57


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