Gestion des fonds de santé : ARTICLE 19 et l’AHBN exigent transparence et redevabilité



La pandémie de COVID-19 a mis en lumière les failles structurelles des systèmes de santé en Afrique de l’Ouest, en particulier sur la gestion financière. Dans une note de plaidoyer conjointe, ARTICLE 19 Afrique de l’Ouest et l’Africa Health Budget Network (AHBN) alertent sur « le manque de transparence et de redevabilité dans l’allocation et l’utilisation des fonds publics », rappelant que cette opacité fragilise la confiance entre citoyens et gouvernants.
 
Selon le document, la crise sanitaire a entraîné des flux financiers exceptionnels, provenant de l’aide internationale, des budgets nationaux et des dons. Or, « la faible accessibilité des informations budgétaires a limité la participation citoyenne et ouvert la voie à des soupçons de corruption ». Les organisations estiment qu’il est impératif de renforcer les mécanismes de suivi des dépenses publiques, notamment dans les secteurs de la santé et de la protection sociale, pour « éviter que des fonds destinés à sauver des vies ne disparaissent dans les circuits opaques ».
 
Les partenaires de plaidoyer rappellent que l’Afrique de l’Ouest consacre en moyenne 8 % de ses budgets nationaux à la santé, loin de l’engagement de 15 % pris à Abuja en 2001. « Cet écart constitue une menace pour la réalisation des Objectifs de développement durable et du droit à la santé », souligne la note, insistant sur l’urgence d’augmenter les ressources publiques allouées aux soins et de garantir leur utilisation transparente.
 
ARTICLE 19 et l’AHBN proposent plusieurs mesures concrètes. Elles appellent les États à publier régulièrement et de manière accessible les données relatives aux budgets de la santé, aux dépenses et aux marchés publics. La société civile, de son côté, doit être davantage impliquée dans les processus de planification et de contrôle. « La participation citoyenne ne doit pas être une option, mais une exigence démocratique », martèle le document.
 
Le plaidoyer met aussi en avant la nécessité de renforcer les institutions de contrôle. Les cours des comptes et les inspections générales doivent disposer des moyens humains et financiers nécessaires pour « exercer un contrôle effectif, indépendant et crédible ». À cela s’ajoute la mise en place de mécanismes de dénonciation sécurisés pour protéger les lanceurs d’alerte dans les cas de détournements.

Transparence 

La dimension régionale n’est pas en reste. Les auteurs estiment que la transparence financière doit être inscrite à l’agenda de la CEDEAO et de l’Union africaine, pour favoriser une harmonisation des normes et des pratiques. « La santé ne peut être considérée comme un secteur isolé : elle est un pilier de la stabilité sociale et économique », rappelle la note, qui souligne que les crises sanitaires sont appelées à se répéter dans un contexte de changements climatiques et de pressions démographiques.
 
Enfin, les organisations plaident pour l’adoption de lois garantissant l’accès à l’information dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest. « Sans information, il n’y a pas de contrôle possible, et sans contrôle, il n’y a pas de confiance », préviennent ARTICLE 19 et l’AHBN. L’enjeu, insistent-elles, est de transformer la gouvernance budgétaire de la santé en levier de confiance publique et de justice sociale.
 
À travers cette note, ARTICLE 19 et l’AHBN rappellent que la lutte contre la pandémie ne s’arrête pas à la distribution de vaccins ou de soins, mais passe aussi par une gouvernance transparente et participative. « Investir dans la santé, c’est investir dans la démocratie », conclut le document.
 


Mardi 30 Septembre 2025 19:18


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