La cohabitation entre le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, commence à susciter de vives inquiétudes chez certains analystes politiques. Invité de l’émission « Le Grand Jury » de la RFM ce dimanche, Mamadou Hady Dème, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a livré une analyse sans concession de la situation actuelle au sommet de l’État.
Selon l’universitaire, des signes annonciateurs d’une crise institutionnelle se dessinent de plus en plus clairement. « Les prémices d’une crise au sommet de l’État sont perceptibles », a-t-il déclaré en évoquant ce qu’il qualifie d’« attaque frontale contre le président de la République » de la part de son propre Premier ministre. « Ce sont des propos un peu discourtois qui n’honorent pas l’esprit républicain », a-t-il ajouté, regrettant un glissement du débat politique vers une zone de tension inédite.
Mamadou Hady Dème a estimé par ailleurs que la gouvernance actuelle se caractérise par une forme de bipolarisation du pouvoir exécutif. « On observe deux pôles qui risquent de s’affronter : un autour du président Diomaye Faye, et un autre autour du Premier ministre Ousmane Sonko »,a-t-il alerté.
L’universitaire n’a pas manqué de pointer du doigt l’optimisme excessif d’une partie de l’opinion publique au lendemain de l’élection présidentielle. « Dire que ce tandem résisterait aux vicissitudes de l’exercice du pouvoir a été une imprudence des Sénégalais », a-t-il jugé, appelant à plus de lucidité dans l’analyse des dynamiques politiques internes.
En conclusion, Mamadou Hady Dème a exprimé sa vive inquiétude face aux dérives verbales observées ces derniers jours. Pour lui, ces attaques contribuent à « désacraliser l’institution présidentielle » une évolution qu’il qualifie de « très regrettable » dans un contexte où les institutions ont plus que jamais besoin de stabilité et de respect mutuel.