Guinée: Dadis: son état est « désespéré »



Presque tout le monde le sait maintenant : ses médecins disent qu’ils ont fait pour Dadis tout ce qui était cliniquement possible. Le président officiel du CNDD est hors de danger, mais la balle de Toumba lui laisserait des séquelles irréversibles. Il souffrira pour le reste de sa vie, assurent les indiscrétions voulues, d’une dépression mentale aux conséquences imprévisibles, pouvant aller du meurtre au suicide.

C’est pourquoi, dit-on de source médicale, que le capitaine Dadis est « maintenu dans un état de sommeil la plupart de la journée ». Ses réveils sont dits douloureux pour les rares témoins qui y ont assisté, tels que le Général Sekouba Konaté et ses proches. Le nouvel homme fort de Conakry a vu la victime de Toumba deux fois en deux jours avant d’entrer lui-même en soins dans la capitale marocaine.

« On ne peut plus rien tirer de Dadis » avait déploré un proche du Général et il savait de quoi il parlait. Dadis reste volubile, mais de moins en moins coordonné, entre des crises de nerfs et une inquiétante capacité d’autosuggestion qui le fait tantôt apparaître dans le box d’accusé de la Cpi et tantôt dénoncer des attentats contre lui de la part de ses camarades d’armes.

La visite à Rabat, le weekend, aura permis, en tout cas, à ses amis de se convaincre que l’homme du Camp Alpha Yaya ne pourra plus revenir au pouvoir. Y compris Idrissa Chérif dont le dernier coup de bluff, à savoir que Dadis est favorable à la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition, semble viser deux objectifs : premièrement, maintenir la guerre de clan larvée au sein de l’armée, entre ceux qui veulent tourner la page Dadis et ceux qui estiment que celui-là reste le chef légitime de la Guinée tant qu’il est vivant.

Deuxièmement, rallumer la sympathie des Forces vives pour le capitaine. Mais l’inarrêtable ministre de la communication de Dadis sait que les vrais soucis sont ailleurs : les Marocains sont gentils mais le traitement médical de leur hôte est fini. Ils souhaiteraient donc le voir rentrer chez lui maintenant. Le seul ennui, c’est que les Américains et les Français disent qu’il n’en est pas question. Dadis vivant à Conakry, et même irréversiblement dépressif resterait un enjeu et peut-être une hypothèque pour la poursuite du processus de transition.

La Libye est une option. Mais elle a besoin de l’aval de Kadhafi. Dadis l’appelle Papa Kadhafi, c’est vrai. Mais non seulement, le Guide n’oubliera pas que le fils impétueux a préféré Ouaga pour la médiation au lieu de Tripoli. Mais en plus, l’ancien chef de la junte ne peut plus avoir, pour personne, le même intérêt qu’avant le 3 décembre.

Le Républicain

Lundi 4 Janvier 2010 13:24


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