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Inondations au Sénégal : La Banque mondiale pour une solution durable

Debout sur le seuil de sa coquette maison sise à Dalifort à Dakar, Mme Rokhaya Loum, la soixantaine, apprécie bien l’action de la motopompe toute neuve installée juste devant chez elle par les sapeurs-pompiers. Depuis plusieurs jours, sa maison était inondée par les eaux de pluie qui en empêchaient l’accès. «Nous avions de l’eau jusque là, assure-t-elle en mettant des mains au niveau de sa poitrine, mais depuis hier, tout est redevenu normal grâce au travail des pompiers. »



L'une des 18 pompes acquis grâce à un financement de l'IDA
L'une des 18 pompes acquis grâce à un financement de l'IDA
Comme près d’un million personnes, Mme Loum subit, depuis la deuxième quinzaine du mois d’août, des inondations suites aux pluies qui se sont abattues dans la région de Dakar. En quelques jours, toute la banlieue de Dakar était sous les eaux au point que l’Etat du Sénégal a déclenché son plan d’urgence ORSEC (Organisation des secours), le 27 août dernier et fait appel à ses partenaires publics et privés en vue de soulager les populations affectées.

La motopompe installée devant la maison de Mme Loum est l’une des 18 motopompes achetées par le Programme national de développement local (PNDL) et livrées en procédure d’urgence grâce au financement de l’Association internationale de développement (IDA), la branche de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Les motopompes ont par la suite été remises à la Direction de la Protection civile dans le cadre du plan ORSEC, et cette dernière les a mises à la disposition des 153 sapeurs-pompiers déployés dans la région de Dakar.

Si Mme Loum semble satisfaite de l’action des sapeurs-pompiers, elle n’en reste pas moins nostalgique des années d’avant 2005. « Je suis arrivée ici en 1994 et jusqu’en 2005, les eaux de pluie passaient devant chez moi pour aller s’écouler naturellement dans les bas-fonds plus loin. Nos malheurs ont commencé lorsqu’on a construit le siège du Conseil municipal qui est devenu un barrage provoquant les inondations de nos maisons », raconte la dame.

En fait, Mme Loum est bien plus chanceuse que les milliers de personnes qui ont abandonné leurs maisons ou qui pataugent toujours dans les eaux dans presque tous les quartiers de Pikine et de Guédiawaye, deux villes qui jouxtent la capitale sénégalaise.

« Ici à Keur Massar, onze quartiers dites des « Parcelles Assainies » sur seize sont totalement inondés », déclare Gora Ndao, vice-président de l’association « Jappo » (« Solidarité », en langue Wolof), qui défend les intérêts des populations dans cette localité située à 20 kilomètres de Dakar. « Plus de 100 familles ont quitté leurs maisons devenues inaccessibles pour se réfugier dans d’autres quartiers ou dans d’autres localités du pays », assure-t-il.

Ces déplacements coûtent cher aux populations car, selon Mme Mame Diarra Mar, rencontrée à Pikine, « nous étions déjà pauvres et nous voila obligés de consacrer nos maigres ressources à la location pour mettre à l’abri nos familles et surtout les enfants ». Et les conditions y sont déplorables selon la description qu’elle en fait : « Nous avons loué une seule chambre et nous y dormons tous, parents et enfants, c’est vraiment la galère ».

« Vous savez, ajoute, tout en colère, M. Zacaria Sall, membre de Jappo, nous avons été floués par la société étatique qui nous a vendus des terrains qui étaient sur le lit d’une rivière asséchée après des années de sécheresse, avec les pluies, la rivière a repris son lit et d’ailleurs, les poissons sont réapparus dans certaines maisons ».

Les experts qui se sont prononcés longuement dans les media s’accordent pour dire que les inondations dans la région de Dakar sont aggravées par le fait que les populations se sont installées dans des zones qui sont des réceptacles naturels des eaux et où, en plus, la nappe phréatique, saturée, affleure.
A ce phénomène naturel, s’est ajouté le débordement des eaux des bassins de rétention construites après les inondations de 2005. Selon les responsables du plan ORSEC, « comme ces bassins n’ont pas été vidés avant l’hivernage, ils ne peuvent pas jouer leur rôle dé réception des eaux de pluie pour éviter les inondations ».

Avec des moyens importants à la disposition du plan ORSEC qui a bénéficié de 3,5 millions de dollars de l’IDA pour l’achat des 18 motopompes, des kilomètres de tuyaux d’évacuation et la location d’une centaine de camions citernes, la Banque mondiale a multiplié par cinq les capacités des sapeurs-pompiers. Cependant, elle en appelle à un aménagement durable des zones inondées par la voix de Habib Fétini, Directeur des opérations au Sénégal, qui a remis symboliquement le matériel acquis avec les fonds IDA au ministre sénégalais de l’Intérieur, M. Cheikh Tidiane Sy.

Si entre le 28 août et le 15 septembre, plus d’un million de m3 ont été pompés dans la banlieue de Dakar par les sapeurs-pompiers, Moctar Thiam, chef de l’équipe de la Banque mondiale qui a géré ce programme d’urgence, n’en reste pas moins très circonspect sur cette solution. Selon lui, «le pompage des eaux ne peut être qu’une réponse de transition parce qu’íl faut s’attendre à la répétition des inondations chaque année tant qu’il n’y aura pas un système adéquat de drainage des eaux ».

Il a rappelé qu’en 2005 déjà, la Banque mondiale avait fait des recommandations précises sur la nécessité de réaliser des infrastructures pour l’évacuation des eaux car, « si le déplacement des populations est envisagé, il faut s’attendre à ce que l’espace libéré soit immédiatement occupé par des populations encore plus pauvres, et le cycle va recommencer », a-t-il averti.

Mademba Ndiaye (BM)

Lundi 19 Octobre 2009 - 20:48


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