Interview-Zoss : « J’ai voulu mon combat avec Papa Sow pour laver une tâche sur ma carrière»

C’est un Zoss en sueur et parsemé de sable qui nous a reçus ce jeudi à l’école Z des Parcelles Assainies de l’unité 04, après une rigoureuse séance de contact avec les lutteurs de son écurie. Le leader de Door Doorat, physiquement bien préparé, est formel pour une victoire à l’issue de son combat devant l’opposer à Papa Sow de l’écurie Fass. Le show man de l’arène est revenu sur la préparation du combat du 22 janvier, mais aussi sur le comportement de ses camarades lutteurs, dans un contexte où l’arène constitue la cible des politiques.



Zoss à moins d’un mois de votre combat avec Papa Sow, comment vous préparez-vous sur les plans physique, mental et mystique ?

Tout d’abord je rends grâce à Dieu qui m’a surtout permis de croiser à nouveau Papa Sow parce j’avais vraiment du mal à digérer notre première confrontation et j’étais découragé pour plusieurs raisons. Mais grâce à Dieu j’ai eu entre temps, deux autres combats que j’ai livrés avec succès. Sinon je suis prêt sur tous les plans. Moralement, physiquement et mystiquement, mais ce combat c’est moi qui l’ai voulu.
 

Pourquoi voulez-vous tant ce combat ? Avez-vous hâte de prendre votre revanche ?

Non ! Il (Papa Sow) ne m’a jamais battu, il ne peut pas me battre et il ne me battra jamais. Je ne considère pas le combat passé comme une défaite. Mais comme on lui avait donné la victoire je peux en ce sens aborder ce combat comme une revanche, mais qu’il sache qu’il n’a jamais eu de victoire sur moi.
 
Vous avez enchainé deux victoires alors que votre adversaire a été défait par Ness lors de sa dernière sortie. Cela est-il un atout pour vous ?

Ce combat sera une confirmation pour moi. Je l’ai pris pour confirmer, pour montrer à tous que j’ai ma place dans l’arène. Il sort d’une défaite et une autre l’attend. J’ai traversé un moment terrible dans ma carrière que je peux assimiler à une zone de turbulence. J’étais têtu, je n’écoutais pas les conseils des gens, mais cela se comprend car j’étais jeune, inconscient. Mais à présent je suis devenu plus mature, je prends plus les choses au sérieux et je m’investis beaucoup pour ma carrière. J’ai un but précis et je vais travailler pour l’atteindre. J’ai terrassé des lutteurs beaucoup plus robustes que mon adversaire, je l’ai dépassé mais il me fallait prendre ce combat pour laver une tâche sur ma carrière.
 

Papa Sow est un lutteur qui excelle dans la bagarre, d’ailleurs votre dernier combat en est un titre illustratif. Etes-vous préparés sur ce plan ?

J’ai tout prévu dans ce combat. Si je suis parti aux Etats-Unis, c’était pour mieux me préparer en boxe. Je me suis bien exercé là-bas et je continue dans cette dynamique ici. Tout ce que je peux vous dire c’est que le combat précédent et celui-ci seront différents comme pomme de terre et Angleterre.
 

Avez-vous bien étudiez Papa Sow ? Connaissez-vous ses forces et ses faiblesses ?

Je le connais très bien. Je l’ai bien étudié et je connais ce dont il est capable ou non. Il a des failles que je vais exploiter, mais je ne les dévoilerai pas par des paroles mais par des actes le jour du combat.
 

Votre frère Garga Mbossé prépare son combat contre Feugueleu de Lansar en même temps que vous. Cela

vous met la pression ou c’est plutôt un atout ?
Tous les deux nous préparons ce combat collectivement. Et c’est ce que nous faisons toujours. Ce n’est pas la première fois que cette situation nous arrive. Garga est jeune et il s’entraine assidument et comme il se doit, il croit en lui-même et je pense bien qu’il ira loin dans sa carrière. Maintenant le fait d’avoir un combat tous les deux ne nous dérange en aucune manière. Chez nous on prend la lutte à la légère, on n’a vraiment pas de pression, pas de souci à nous faire sur ce point.
 

Aujourd’hui, on a constaté du monde qui vient assister à votre entrainement. Il semble que vous êtes maintenant en parfaite harmonie avec les parcellois qui s’étaient montrés réticents à votre égard avant que vous ne renouiez avec les victoires. Comment expliquez-vous cela ?

Comme je l’ai dit tantôt, cala s’explique par la fait que dans le passé je ne prenais pas les choses au sérieux. Je luttais pour le simple plaisir, mais c’est à partir de 2006, l’année à laquelle je suis entré dans le Championnat  de Lutte Avec Frappe (CLAF) que j’ai pris conscience de l’importance de la lutte. Comme vous le savez les parcellois sont des gens qui aiment le courage, peut-être qu’en un moment ils n’ont pas digéré mon maque de sérieux dans l’arène, aussi le fait que je suis né et grandi ici, des problèmes avec certains, tout cela a sûrement occasionné quelques malentendus, mais je leur implore toutefois de me soutenir davantage et de soutenir les lutteurs de Door Doraat. Je profite de l’occasion pour leur remercier également des sacrifices qu’ils font pour moi.
 

Elu meilleur lutteur de la saison passée par l’hebdomadaire Allo Dakar. Quelles sont vos impressions ?

Oui parce que là aussi j’ai fait ce qu’aucun autre lutteur n’a fait. On se demandait qui allait freiner Gouye-Gui. On lui a donné favori et pourtant je l’ai battu avec la manière en lui imposant ma force et la lutte pure. Néanmoins des mauvaises langues se sont fusées de partout pour dire que c’est un coup de chance. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté de m’engager ensuite pour le combat contre Issa Pouye que j’ai préparé en onze jours seulement  et que j’ai remporté avec succès. Mais ce qui m’a le plus étonné dans tout cela c’est que les médias n’en ont pipé mot sur cet exploit, comme si mon succès les gêne quelque part. Pourtant on ne cesse de faire la promotion de certains qui n’ont pas fait la moitié de ce que j’ai fait. C’est inacceptable, tu ne comprends pas finalement. Pour cela, j’adresse mes remerciements à Allo Dakar.
 

Zoss est-il retourné à l’école ?
 
Je regrette d’abord d’avoir quitté l’école en classe de CM2. Si c’était à refaire je ne dis pas que je ne serais pas lutteur, mais je poursuivrais mes études. Néanmoins je continue de suivre des cours actuellement, surtout en Anglais car c’est la langue universelle. Toutefois je déplore aussi un fait et je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous. Qu’on cesse d’envoyer les enfants dans l’arène au lieu de les encourager dans les études. Leur place est à l’école et non dans l’arène. Je ne le souhaite pas mais si un jour on décide de mettre fin à la lutte, tous ces jeunes-là qu’est-ce qu’ils feront de leur vie ? On prétexte le plus souvent par le manque moyens pour détourner les enfants de l’école, mais c’est un faux débat parce que nous même on empruntait des livres et autres accessoires pour étudier. En tout cas moi je plaide pour le sport et les études.
 

Et ce qui s’est passé récemment à la mairie de Mermoz-Sacré cœur, avec la mort d’un lutteur. Quelle étude en faites-vous ?

C’est ce que je dis. Tout cela relève de l’illettrisme. Le CNG de lutte et les autorités devraient instaurer des mesures de sanction pour ceux qui se réclament lutteurs et font autre chose parce que tous les lutteurs possèdent des licences au CNG. Des fois aussi on prend des gens pour des lutteurs alors qu’ils ne le sont pas.
 

Est-ce que vous faites de la politique, militez-vous dans un parti ?

Par rapport à la réception des lutteurs au palais, je dis que cela ne concerne que ceux qui y sont allés. Il n’y a pas de mal à répondre à la convocation du président de la République, mais moi je suis un citoyen, je vote et je crois que ce pays a besoin d’un bon président. Cependant je voterai tout simplement pour celui qui me présentera  un programme clair et prometteur.
 
 

Vous êtes marié depuis quelques temps. Votre vie sportive, vos relations ont-ils changé ?

Là aussi je tiens vraiment à rappeler l’avantage qu’il y a à être marié. Non seulement cela te permet d’être plus stable, mais de te départir surtout de nombreux détails. Cela te permet de dormir à l’heure, de faire normalement tes entrainements, bref de bien gérer ton emploi du temps. En tout cas c’est très avantageux car même dans l’arène aujourd’hui, les lutteurs mariés sont les plus performants.
 

Aujourd’hui on note un clanisme dans l’arène. Est-ce que vous avez vraiment un ami parmi les lutteurs ?

Mes amis sont les lutteurs de mon écurie qui ont tout laissé pour venir cheminer avec moi. Ceux sont eux mes seuls amis et je n’en ai pas d’autres. Je n’ai ni de contacts, ni personne d’autres (il jure) que les gens de mon écurie.
 

Qui est selon vous le meilleur lutteur de l’arène ?

« C’est vous ! » (Coupe son manager). Je dis que les lutteurs de mon écurie sont les meilleurs lutteurs (rires).
 

Quel message adressez-vous à votre adversaire ?

Avant de lui parler, je donne d’abord rendez-vous demain (Vendredi) (l’interview a été réalisée jeudi ndlr) à la signature de contrat. Après je demande à mes supporters de venir massivement le 22 décembre. Je tends les bras à tous ceux qui prient pour moi parce qu’ils sont nombreux à le faire et je les implore de prier davantage. Quant à mon adversaire qui ne cesse de jaser, je lui conseille de continuer à parler car il ne parlera pas le jour du combat, et il peut même commencer à remercier car il ne le fera pas non plus après le combat.
 
 
 
 
 
 
 
 

Mamadou Sakhir Ndiaye

Vendredi 30 Décembre 2011 12:50


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