Israël: Netanyahu sous pression de la rue, qui appelle à une grève générale, et de son extrême droite

Un risque de « nouvelle calamité » à base de « tueries, de destructions et de déplacements forcés », c'est en ces termes que l'ONU s'alarme du nouveau plan militaire israélien pour la bande de Gaza, prévoyant la prise de contrôle de secteurs densément peuplés de l'enclave palestinienne. Dimanche, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a défendu ce plan approuvé par son gouvernement... seul moyen selon lui d'en finir avec le Hamas. C'est un Premier ministre critiqué dans son pays comme à l'international qui a tenté de riposter hier.



En Israël, le nouveau plan militaire pour Gaza a été adopté par le gouvernement malgré les réticences de l'armée, mais il doit désormais faire face à une nouvelle forme de protestation : les proches des otages israéliens appellent à une grève générale pour bloquer le pays, dimanche prochain, rapporte notre envoyé spécial à Jérusalem, Nicolas Falez. Ils ont obtenu le soutien de plusieurs responsables d'opposition, comme Yaïr Lapid ou Yaïr Golan. Ce plan est une « catastrophe », a déclaré Yaïr Lapid. « Ils vont mobiliser à la dernière minute 430.000 réservistes (...) Ils démantèlent le pays de l'intérieur ». « L’appel des familles des personnes kidnappées à arrêter l’économie est justifié et approprié. Nous continuerons à les soutenir », assurait-il dimanche matin sur X.
 
La colère est immense de ceux qui dans le pays pensent que Benyamin Netanyahu a décidé de sacrifier les otages. Les familles des otages enlevés lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 voient dans la nouvelle offensive israélienne annoncée pour Gaza une condamnation à mort de leurs proches. Le Hamas a prévenu qu'elle aboutirait à leur « sacrifice ».
 
Le Premier ministre est aussi sous pression de l'aile la plus à droite de sa coalition. Les ministres Betsalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, représentants du camp ultra-nationaliste religieux, rêvent de la conquête totale d'une bande de Gaza vidée de ses habitants palestiniens, ce que ne prévoit pas le plan défendu par Benyamin Netanyahu. « Le Premier ministre et le cabinet se sont rendus aux faibles », a fustigé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich. « Je veux tout Gaza, le transfert (de sa population, NDLR) et la colonisation », a renchéri le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
 
Ce dernier doit aussi faire face à un isolement accru à l'international comme en témoigne l'annonce ce lundi de l'Australie de reconnaître en septembre l'État de Palestine, ou la décision récente de l'Allemagne de mettre fin à certaines livraisons d'armes.
 
Fin juillet, l’Australie et 14 autres pays occidentaux, parmi lesquels la France et la Canada, avaient « invité » la communauté internationale à reconnaître un État de Palestine, à l’issue d’une conférence ministérielle à l’ONU pour une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. Au total, les trois quarts des États membres de l’ONU reconnaissent l’État de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980.
 
Visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, le chef du gouvernement israélien a décroché son téléphone dimanche soir pour appeler Donald Trump dont il espère conserver le soutien pour cette guerre sans fin. Aux Nations unies, les États-Unis (membre permanent du Conseil de sécurité doté d'un droit de veto), ont accusé les nations ayant appelé à la réunion de dimanche de « prolonger activement la guerre en répandant des mensonges sur Israël ». « Israël a le droit de décider ce qui est nécessaire pour sa sécurité et quelles mesures sont appropriées pour mettre fin à la menace posée par le Hamas », a déclaré Dorothy Shea, envoyée américaine auprès de l'ONU.

RFI

Lundi 11 Aout 2025 12:15


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