Italie: le jour où des émigrés sénégalais ont été mis en quarantaine... pour cause de Paludisme

La crise sanitaire du coronavirus a mis à nu l’inexpérience des italiens en matière de prise en charge des grandes endémies et autres maladies tropicales. Courant 2005, « Le Témoin » quotidien avait révélé l’histoire d’un émigré sénégalais malade du paludisme. C’était à Rimini, une ville d’Italie. Alertés, les sapeurs pompiers s’étaient dépêchés sur les lieux pour évacuer le Sénégalais… En hélicoptère ! En même temps, les policiers italiens avaient bouclé le quartier « infecté » avant de mettre en quarantaine toute la colonie sénégalaise. Rien que pour un pauvre cas de paludisme, toute la région d’Emilie Romagne était en état d’alerte sanitaire…



D’abord, pour mieux camper le débat, il faut préciser que la pandémie du coronavirus que l’Italie subit douloureusement (près de 4.000 morts) n’a rien à avoir avec le paludisme. Il n’empêche, elle a mis à nu le système de santé italien totalement défaillant devant certaines crises majeures. Et à travers cette pandémie génocidaire, les médecins italiens ont montré leur inexpérience en matière de prise en charge médicale et préventive des grandes endémies et autres maladies tropicales comme le paludisme, la lèpre, la peste, la fièvre jaune, l’onchocercose, la rage, la tuberculose, la fièvre Ebola etc.

Nos fidèles lecteurs se souviennent certainement de cette drôle et triste histoire que nous allons vous rappeler. Les faits avaient eu lieu en 2005 en Italie, précisément dans la province touristique de Rimini. A l’époque, un Modou-Modou avait été littéralement terrassé par une maladie alors qu’il venait de rentrer du Sénégal. Constatant que son état de santé allait de mal en pis, ses compatriotes avaient fini par aller les sapeurs-pompiers « oui, il est gravement malade ! il a le paludisme… ! » avaient-ils fait savoir aux secouristes italiens. Sans tarder, les sapeurs pompiers s’étaient vite dépêchés sur les lieux où s’entassent misérablement des groupes de sénégalais. Constatant qu’il avait de la fièvre et vomissait, tout en se tordant de douleur et délirant, les pompiers ont pris peur. Par hélicoptère médicalisé, ils ont évacué le malade.

Pendant ce temps, un périmètre de sécurité sanitaire avait été établi par les agents du service d’Hygiène. Un raid sanitaire supervisé par un escadron de la police italienne (carabiniers). Ainsi, le secteur était bouclé, la maison mise en quarantaine, le quartier en état alerte ! Le paludisme importé était « déclaré », Rimini sous le choc. Les médias italiens (radios et télés) prenaient le relais et faisaient tourner l’information en boucle : « un sénégalais malade du paludisme vient d’être évacué en hélicoptère pour éviter tout risque de contamination voire de propagation » s’enflammait la presse italienne. sous la pression médiatique, les agents d’hygiène et les policiers italiens avaient fini par faire évacuer l’appartement « infecté », expulsant manu militari tous les occupants sénégalais.

Dr Momar Anta Sally Mbacké fait la part des choses
Et si « Le Témoin » tient à rappeler les faits, c’est pour montrer comment les maladies tropicales comme le paludisme et la fièvre jaune, voire le choléra, étaient jusque-là méconnues du système de santé italien. Le coronavirus ayant des similitudes avec le paludisme, et l’Italie étant encore une fois peu préparée à faire face aux maladies tropicales, cela explique-t-il la lourdeur du bilan enregistré dans ce pays ? « Le gouvernement italien a réagi trop peu et trop tard vis-à-vis du Covid 19 » pense Docteur Mame Mor Anta Sally Mbacké, médecin-chef de la Clinique Les Maristes à Dakar. Et sur l’inexpérience des italiens en matière de maladies tropicales, il nous explique d’abord que ces maladies, on les rencontre seulement ou principalement sous les Tropiques c’est-à-dire des pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale comme le Sénégal, la Guinée, la Cote d’ivoire, le Congo, le Libéria etc « Dans la pratique, on peut se référer aux maladies infectieuses qui sévissent sous des climats chauds et humides telles que le paludisme, la dengue, leishmaniose, l'onchocercose etc » explique-t-il.

Du temps de la colonisation, rappelle Dr Mbacké, les Français les appelaient les grandes endémies puisqu’ils vivaient en Afrique et connaissaient très les pays où sévissaient ces maladies contrairement aux autres occidentaux comme les italiens, les espagnols etc. « Donc les médecins français s’intéressaient à éradiquer les maladies tropicales pour pouvoir préserver la main d’œuvre coloniale. D’ailleurs, les Français les avaient même surnommées Maladies tropicales négligées ( Mtn) qui sont principalement des maladies infectieuses qui sévissent dans les milieux déshérités, surtout dans la chaleur et l’humidité des climats tropicaux.
Juste pour dire que les médecins français sont les mieux expérimentés et outillés que les italiens et autres espagnols pour la gestion et la prise en charge de ces genres de pandémies voire d’épidémies. La preuve par le coronavirus où les italiens sont dépassés, submergés puisqu’ils ne le connaissent pas ! » nous dit en substance Docteur Mor Anta Sally Mbacké, ancien médecin-chef du Port de Dakar et du district de Rufisque.

Le Témoin

AYOBA FAYE

Vendredi 20 Mars 2020 09:08


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