Japon: un an après le tsunami et la catastrophe nucléaire, sous les décombres, les séquelles

Un an après les catastrophes du 11 mars 2011, le Japon tente de panser ses plaies toujours ouvertes. Entre la douleur, le deuil, la colère, la résignation et la résilience, les Japonais, confrontés à une communication erratique du gouvernement, réactualisent chaque jour le bilan de l’épreuve sociale, médicale, énergétique dans laquelle ils sont plongés.



Vendredi 11 mars 2011, 5h46 TU (14h46 locale), un séisme d’une magnitude exceptionnelle de 9 sur l’échelle ouverte de Richter se produit dans l’océan Pacifique, sur une faille sismique, à une profondeur sous-marine terrestre de 24 km.
Son épicentre se situe à 130 km de la ville de Sendaï (préfecture de Miyagi, sur la côte est du Japon). C’est la catastrophe initiale, la première d’une série de 3 qui, en quelques heures va entraîner le Japon dans une épreuve dont les conséquences sont encore imprévisibles, non seulement pour le pays, mais pour le monde entier.

Trois minutes après l’enregistrement du séisme, l’alerte au tsunami est lancée. Des vagues se forment à partir de l’épicentre et déferlent sur les côtes de la préfecture de Miyagi. C’est la deuxième catastrophe : les digues de protection sont pulvérisées, les vagues emportent tout, villages, infrastructures, équipements industriels.
Réacteurs hors de contrôle
En quelques dizaines de minutes, près de 20 000 personnes (15 846 morts, 3 317 disparus) sont ensevelies sous des vagues gigantesques et les décombres de maisons effondrées ou emportées. On comptera plus de 6 000 blessés.

Acte III : une vague de 14 mètres de haut s’abat sur la centrale nucléaire Fukushima-Daïchi située à 220 km au nord-est de Tokyo. L’alimentation des circuits de refroidissement n’y résiste pas, entraînant la fusion du combustible dans trois des six réacteurs de la centrale et leur perte de contrôle.
Dans les 48 heures qui suivent, les trois réacteurs ont fondu et sont réduits à l’état de magma métallique (corium). Les réactions en chaînes sont devenues inévitables. Les 12, 14 et 15 mars, trois explosions finissent d’endommager les installations de la centrale libérant dans l’atmosphère des panaches de nucléides. Les zones de confinement sont détruites, les systèmes de refroidissement inopérants.
Les réacteurs sont hors de contrôle. Le 12 mars, les autorités avaient instauré une zone d’évacuation et d’exclusion de 20 km autour de la centrale. Le 14 mars, désemparé par la gravité de la situation, l’opérateur TEPCO commence à déverser de l’eau de mer sur les réacteurs en fusion. C’est la troisième catastrophe. Elle se traduit par des rejets massifs de particules radioactives dans l’atmosphère et dans l’océan.

Stabiliser la température

Un an après, on compte quelque 341 411 personnes déplacées et réparties sur l’ensemble du territoire. Nombre d’entre elles ne retourneront plus jamais dans leurs foyers devenus définitivement inhabitables. Les Japonais font face à une montagne de 22 millions de tonnes de déchets dans les trois préfectures affectées par la catastrophe (Miyagi, Iwate, Fukushima).

Malgré des rallonges budgétaires successives, pour un montant de plus de 200 milliards d’euros, c’est la précarité et l’incertitude qui caractérisent le sort des populations affectées. Il se dégage des témoignages une profonde impression que la crise a été gérée dans la confusion, l’improvisation et le souci de ne pas inquiéter les populations, quitte à leur dissimuler la gravité de la situation en cours d’évolution. Il s’en dégage un sentiment d’abandon.
Plus grave : il apparaît qu’au fur et à mesure du déroulement des événements, l’opérateur de la centrale (TEPCO) a communiqué des informations incomplètes ou erronées sur le caractère majeur de la catastrophe nucléaire puis, à chaque étape, en minimisant ses conséquences.

Interdiction de la vente de riz en provenance de Fukushima

Un an plus tard, s’il est vrai qu’il n’y a aucune victime directe des radiations, les différentes études indépendantes réalisées montrent en revanche que la contamination a affecté les gens, et notamment les enfants, jusqu’à plus de deux cents kilomètres de la centrale de Fukushima-Daïshi. La santé des populations et la question de la pollution des eaux et des produits agricoles et d’élevage est une préoccupation majeure. Les scientifiques anticipent une épidémie de cancers dans les 10, 20, 30 années qui viennent.

Dans ce contexte de dépression et de défiance, les autorités procèdent à des annonces régulières visant à informer leurs concitoyens de la bonne marche du chantier de démantèlement des installations. Parmi les annonces remarquables, elles ont ainsi déclaré au mois de novembre l’interdiction de la vente de riz en provenance de Fukushima et, en décembre, à la fois une perspective de 40 ans de travaux pour procéder au démantèlement de la centrale endommagée et « l’arrêt à froid » des réacteurs, c'est-à-dire leur maintien au-dessous d’une température de 100° Celsius.

Dans ce cas de figure particulier, « arrêt à froid » ne signifie pas, comme c’est le cas d’ordinaire dans l’industrie nucléaire, que le combustible immergé dans une piscine est neutralisé, mais que les opérations incessantes d’arrosage effectuées par les ouvriers de la filière permettent de stabiliser sa température.
 


RFI

Mamadou Sakhir Ndiaye

Dimanche 11 Mars 2012 10:38


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