Journée mondiale de lutte contre le trafic de drogue: les acteurs en accord sur la loi Latif Guèye

Des acteurs de la justice, ONG et associations de lutte contre la drogue ainsi que des représentants des différents ministères et des partenaires se sont accordés, lundi à Dakar, sur l’exigence de réformer la loi Latif Guèye portant aggravation des peines encourues tout en préservant son esprit.



‘’Nous sommes tous unanimes sur le fait qu’il faut aller vers la réforme de cette loi pour la rendre plus efficace, dans l’intérêt de nos populations’’, a souligné Abdoulaye Bâ, directeur adjoint des affaires criminelles et de la grâce, au cours d’une table ronde sur le sujet.

En prélude à la journée mondiale de lutte contre le trafic de drogue qui sera célébrée mardi, le Sénégal initie chaque année une semaine nationale pour mettre l’accent sur la prévention, la sensibilisation sur les méfaits de la drogue.

C’est dans ce cadre qu’une table ronde a été organisée par le ministère de l’Intérieur pour évaluer l’impact de la loi Latif Guèye notamment dans son application et ses conséquences au niveau du parquet.

‘’Les statistiques de l’administration pénitentiaires résument à elles seules l’effet non dissuasif de cette loi’’, a expliqué M. Bâ, indiquant que 30 pour cent des détenus sont en prison pour trafic de drogue et 75 pour cent d’entre eux sont incriminés pour usage et détention de chanvre indien.

Les intervenants ont appelé à une dissociation entre le jeune délinquant et trafiquant international visé dans la loi Latif Guèye pour mieux les dissuader avec des peines allant entre 10 et 20 ans de prison à la perpétuité.

Les échanges ont permis aussi de toucher la question importante de la prise en charge des victimes de la drogue surtout les jeunes qui sont plus touchés par le phénomène pour agir efficacement sur la prévention.


Le conseiller juridique du ministre de l’Intérieur Moustapha Ka a reconnu la nécessité de dissocier les peines prévues au niveau national et international,

Il a toutefois a mis l’accent sur l’effet dissuasif qui n’a pas eu lieu laissant la place ‘’à la lenteur des procédures criminelles, les durées de la détention provisoire, l’engorgement des cabinets et des rôles des Cours d’assises ainsi que le surpeuplement alarmant des prisons’’.

En plus de ces dégâts collatéraux, Abdoulaye Bâ estime que la loi ‘’remet en cause la question fondamentale des droits de l’homme’’.

Tous les deux ont reconnu que la loi a permis d’atténuer l’ampleur du phénomène au niveau local et la menace extérieure du crime organisé par la sévérité de la répression.

Toutefois, il a été retenu la nécessité de mettre en place des mesures d’accompagnement pour prendre en charge les victimes de la drogue à travers la création de centres de désintoxication, pour ne pas envoyer ces gens en prison mais de les soigner d’abord.

L’Etat est également interpellé pour mettre ‘’des moyens sophistiqués et conséquents’’, afin d’être à la hauteur des moyens déployés par les trafiquants pour étendre leurs réseaux.

‘’Pourquoi ne pas utiliser l’agent de la drogue pour traquer les trafiquants, aider les structures de lutte à mieux s’équiper et se former et également ceux qui sont assujettis à une thérapie dans le cadre de l’injonction thérapeutique ?’’, s’est interrogé M. Bâ.

Les premières recommandations issues de la rencontre mettent également l'accent sur le renforcement de la coopération entre les juges et les officiers de police, afin de mener des enquêtes poussées et constituer des dossiers solides.

Il y a aussi la reformulation de certains termes de la loi et la mise sur pied d’un comité qui se chargera de faire des propositions concrètes pour ‘’un nouveau texte de loi plus efficace et soucieux de préserver la santé des populations’’, sans pour autant se détacher de l’esprit de la loi Latif Guèye qui vise en réalité le trafic international.
 

APS

Mamadou Sakhir Ndiaye

Mardi 26 Juin 2012 11:47


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