Kenya : Excision forcée et suicide

Selon le « Daily Nation» de mercredi, un Kenyan âgé de 55 ans s’est suicidé à la suite de l’excision forcée que sa fille de 12 ans a subie.



Les anciens du village avaient décidé que le rite devait absolument avoir lieu en ce mois de décembre. Nous avons publié un article là-dessus récemment.

Afin d’éviter que sa fille ne soit excisée, un père de famille l’avait envoyée chez des parents. Mais les anciens n’ont pas tenu compte de sa volonté et on fait exciser la fillette.

«Personne ne s’est douté qu’un drame allait se produire lorsque le père de famille a pris une corde et s’est rendu en direction de l’étable où il a commis son suicide» a déclaré son frère à la presse.

Le père de famille avait auparavant menacé les anciens du village qu’il leur donnerait une leçon s’ils passaient outre et faisait exciser sa fille sans son consentement.

Père de sept enfants, cet homme appartient au groupe ethnique des Massai qui demeurent fidèles à ce rite séculaire qui marque le passage de l’enfance à celui de femme accomplie. Chaque année des centaines de fillettes s’enfuient et cherchent refuge auprès des églises et des écoles pour ne pas subir cette opération douloureuse ou mutilation génitale féminine.

Selon une étude effectuée en 2005 dans la communauté Massai de Ol Donyo Nyokie, il en ressort que 100% des filles au-delà de 15 ans étaient excisées. Cette coutume est fortement ancrée dans la société Massai et quelque soit le niveau d’instruction des femmes. La plupart acceptent d’être excisées pour sauver l’honneur de la famille et ne pas être mises au ban de leur communauté. Celles qui refusent de se soumettre risquent d’être rejetées et surtout ne peuvent pas se marier au sein de leur groupe ethnique. Car le statut de la femme non excisée est comparable à celui d’un enfant. Elle n’a pas voix au chapitre lors des rencontres familiales; sans compter qu’elle est la cible des quolibets de ses condisciples. La cérémonie a lieu une fois l’an et l’exciseuse accomplit son forfait sur une centaine de fillettes durant ce laps de temps.

Actuellement, on constate que la plupart des exciseuses n’utilisent plus le même couteau et qu’elles changent les lames pour chaque fillette. Selon l’étude effectuée par une n.g.o Maendeleo Ya Wanawake (MYWO), seules 14% des exciseuses continuent d'utiliser le même couteau et la même lame de rasoir pour toutes les futures opérées. Il semblerait que le travail de sensibilisation commence à porter lentement fruit, et que les exciseuses deviennent conscientes des risques d’infection à l’heure où le SIDA ravage certaines couches de la population.

Depuis quelques années, les organisations des droits humains ont mis au point un système de rites alternatifs afin d’éviter que les jeunes filles ne subissent plus cette douloureuse opération. Les rites alternatifs mettent l’accent sur les droits et devoirs de la femme, sur les cours d’éducation ménagère, les soins de santé primaires et les conséquences des pratiques néfastes à la santé de la fille. Durant cette période de retraite les jeunes filles reçoivent une éducation conforme aux traditions qui favorisent l’épanouissement de la femme Africaine. Cependant, pour les Massai ces rites alternatifs ne remplacent pas l’excision. En effet, les Massai sont convaincus qu’une fille excisée ne s’adonnent pas aux relations sexuelles en dehors du mariage. L’excision garantirait qu’elle demeure vierge jusqu’ au moment où on la marie et qu’elle resterait fidèle à son époux.

Nombreux sont les parents et chefs de villages qui tiennent à ce que la tradition soit respectée et exigent que les fillettes soient excisées ou infibulées c’est-à-dire, on leur extirpe le clitoris et les grandes lèvres à l’aide d’un rasoir ou d’un couteau.

Bien que le Kenya ait voté une loi en 2003, et qu’en principe les mutilations génitales féminines (MGF) sont illégales dans ce pays, il semblerait que la loi est rarement appliquée.

Malgré les diverses campagnes initiées par les autorités et les groupes religieux plus de 300 jeunes filles ont subi ce mois-ci une excision au Kenya. Une centaine ont pu échapper à ce rite obligatoire dans le district de Marakwet en s’adonnant aux rites alternatifs.

Les organisations féminines du Kenya font appel à l’Union Africaine, à la communauté internationale et aux associations féminines de la Diaspora de ne pas fermer les yeux sur ce sujet sensible, mais qui requiert les efforts conjugués de tous pour abolir une telle coutume en ce 21 ème siècle.


Dr. Pierrette Herzberger-Fofana
Conseillère municipale. Erlangen
FORWARD-Germany .Allemagne
Drherzbergerfofana@hotmail.com
Source
http :1.Spiegelonline du 23.12.09. //www.spiegel.de/panorama/gesellschaft/0,1518,668824,00html 2.cf. IRIN. Humanitarian news ansd analysis. A Project of the UN Office for the Coordinator of Humanitairan Affairs 23.12.2009
www.pressafrik.com/Opinion-Excision-de-350-filles-au-Kenya_a17093.html, afrology.com rubrique presse récente, buffalohair.wordpress.com/pambazauka-news-africa/

Dr. Pierrette Herzberger-Fofana

Dimanche 27 Décembre 2009 12:18


Dans la même rubrique :