Kolda/Le Centre communautaire du bien-être : soupape de sûreté et exutoire pour enfants



Quartier Bantanguel, Kolda. Derrière le jardin Fané, au cœur d’une zone populaire, se dresse le Centre communautaire du bien-être. Ce bâtiment, pensé comme un lieu sûr pour les moins de 18 ans, porte déjà le surnom de « mur des lamentations » tant il accueille confidences, douleurs et espoirs d’enfants.
 
Ce 12 août, la réouverture de l’espace d’écoute a réuni un public nombreux : adolescents, parents, élus locaux, autorités administratives et communautaires, délégués de quartier et bajeen gox. Sous le regard attentif – parfois surpris – de l’assistance, les adolescents ont pris la parole, avec courage, pour dire ce qu’ils vivent au quotidien.
 
Paroles libérées, vérités dérangeantes
 
« Nous souffrons d’un manque d’écoute dans nos familles, de paroles blessantes, d’insultes humiliantes », a lancé l’un d’eux. D’autres ont dénoncé les effets des conflits conjugaux, des divorces, ou encore des querelles de voisinage qui finissent par impliquer les enfants. Les réactions des adultes, oscillant entre étonnement, sourire gêné et incrédulité, ont parfois contrasté avec la gravité des propos.
 
Pour Coumba Boye Sy, coordonnatrice d’Enda Jeunesse Action à Kolda, cette prise de parole est un signe fort :
« Cela montre que les enfants veulent s’approprier ce centre pour être les artisans de leur propre protection, avec l’accompagnement des autorités et des acteurs du CDPE. »
 
Un outil de protection et de prévention
 
Madame Sy a insisté : « Pas de paix pour les pervers. Il faut les dénoncer auprès des adultes de confiance et des autorités compétentes. » Elle a rappelé que la mission principale du centre est d’« accompagner les communautés dans la prévention de la santé mentale et la prise en charge de la souffrance, en collaboration avec les acteurs de première ligne formés ».
 
Nouvellement rouvert, l’espace diversifie désormais ses services : prise en charge psychosociale des enfants et des adultes, avec une touche innovante – la massothérapie – pour favoriser le bien-être global.
 
 
A rappeler que la construction du centre s’inscrit dans le cadre du projet « À l’école en toute sérénité », mené par Enda Jeunesse Action et financé par le partenaire hollandais Kinderspostzegels. Pour ses promoteurs, il ne s’agit pas seulement d’un bâtiment, mais d’un levier pour changer les mentalités et placer l’écoute et la protection des enfants au centre des priorités communautaires.
 
 

Ismaïla Mansaly (correspondant)

Mercredi 13 Aout 2025 14:32


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